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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin
Autoren: Ken Follett
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Immobilisée entre sieur Gérald et l’homme devant lui,
Gwenda tâtonna le lacet retenant la bourse et y posa sa lame.
    Las, impossible d’entailler le cuir durci ! Malgré son
effroi, elle se mit en demeure d’effectuer des mouvements de scie effrénés.
Sieur Gérald était trop intéressé par la scène qui se déroulait près de l’autel
pour noter ce qui se produisait sous son nez. Relevant les yeux, Gwenda
s’aperçut que les silhouettes autour d’elle commençaient à surgir de
l’obscurité : les moines et les religieuses étaient en train de rallumer
les cierges. Elle n’avait plus une seconde à perdre : bientôt, la lumière
serait trop vive.
    Elle imprima plus de force à son geste. La bourse commençait
à lâcher. Sieur Gérald grommela. Avait-il senti quelque chose ?
Réagissait-il à ce qui se passait sur l’autel ? La bourse finit par se
détacher et atterrit dans la main de Gwenda. Elle pesait si lourd que la petite
fille faillit la lâcher. L’espace d’un instant terrifiant, elle crut que la
bourse glissait entre ses doigts et se perdait par terre, parmi les pieds de
tous ces gens qui bougeaient sans cesse, sans même s’en rendre compte. Mais
Gwenda réussit à l’agripper.
    Un sentiment fait de joie mêlée de soulagement la submergea.
Tout danger, cependant, n’était pas écarté. Il lui fallait encore remettre
cette bourse à son père. Son cœur battait si fort que tout le monde alentour
devait l’entendre. Gwenda profita qu’elle pivotait sur elle-même pour fourrer
son butin à l’intérieur de sa tunique. À présent, elle tournait le dos à sieur
Gérald. Si, par malheur, il baissait les yeux, il risquait d’apercevoir la
bosse que formait la bourse sous sa robe, juste au-dessus de sa ceinture. Ne
s’étonnerait-il pas de lui découvrir subitement une grosse bedaine ? Elle
la repoussa donc sur le côté, à un endroit où son bras la cachait en partie.
Lorsque tous les cierges seraient allumés, il était à craindre que cette bosse
n’attire quand même les regards. Mais où dissimuler son larcin ? Aucune
idée ne lui venait à l’esprit.
    Elle rangea son couteau dans sa gaine. Maintenant, elle
devait s’esquiver au plus vite, avant que sieur Gérald ne remarque la
disparition de son bien. Hélas, si la cohue des fidèles lui avait permis
d’accomplir son vol sans être vue, elle gênait désormais sa fuite. Reculant
d’un pas, Gwenda essaya de se glisser entre les gens derrière elle, mais ceux-ci
continuaient de pousser vers l’avant dans l’espoir d’apercevoir les os du
saint. Elle était prisonnière de la foule, juste devant l’homme qu’elle venait
de dépouiller et dans l’incapacité totale d’effectuer un mouvement.
    « Ça va bien ? » souffla une voix dans son
oreille.
    La petite fille riche ! Une enfant plus âgée la prenant
sous son aile, voilà bien la dernière chose dont elle avait besoin !
Étouffant sa panique, Gwenda fit de son mieux pour se rendre invisible. En
conséquence, elle ne répondit pas.
    Malheureusement, sa protectrice admonestait déjà les
personnes alentour. « Faites attention, bonnes gens ! Vous écrasez
cette petite fille. »
    Gwenda en aurait crié. Cette sollicitude allait lui valoir
une main coupée.
    Au désespoir, elle poussa en arrière de toutes ses forces,
en prenant appui des deux mains sur le dos de l’homme devant elle. Ses
tentatives n’aboutirent qu’à attirer sur elle l’attention de sieur Gérald.
« Pauvre petite ! s’écria sa victime, emplie de prévenance. Mais tu
ne peux rien voir de là où tu es ! »
    Et voilà qu’il saisit Gwenda sous les bras pour la soulever
en l’air, à la plus grande horreur de la petite fille, car la large main sous
son aisselle n’était qu’à un pouce de la bourse !
    Elle s’obligea à garder la tête fixée droit devant elle pour
que sieur Gérald ne garde d’elle que le souvenir de ses cheveux. Laissant son
regard survoler la foule jusqu’à l’autel, elle vit que les moines et les
religieuses continuaient d’allumer des cierges tout en célébrant le saint mort
depuis des lustres. Elle vit surtout qu’une faible lueur commençait à poindre
derrière l’immense rosace de la façade est, à l’autre bout de la cathédrale.
L’aube était arrivée, chassant au loin les esprits malins. Le fracas métallique
s’était arrêté, le chant prenait son essor. Un moine de haute taille et de
belle prestance s’approcha de l’autel.
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