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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin
Autoren: Ken Follett
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réussi. Tu l’as taillé dans le cœur de l’if, juste à l’endroit où
l’aubier et le bois parfait se rejoignent. C’est bien, ajouta-t-il en désignant
la différence de teinte que présentait le bois.
    — Oui ! s’écria Merthin avec d’autant plus
d’ardeur qu’il avait rarement l’occasion de produire une bonne impression sur
son père. Mieux vaut utiliser l’aubier pour la face extérieure de l’arc parce
que cette partie du bois est plus souple et que l’arc se courbera mieux, et
garder le bois parfait pour l’intérieur parce qu’il lui permettra de se
redresser plus facilement.
    — Exactement, dit le père en lui rendant son arc. Mais
sache qu’un arc n’est pas une arme digne d’un noble. Les fils de chevaliers ne
deviennent pas archers. Donne-le à un fils de paysan. »
    Merthin en fut désolé. « Je ne l’ai même pas
essayé !
    — Laisse-les jouer ! intervint la mère. Ce sont
encore des enfants.
    — Tu as raison, acquiesça le père et il se désintéressa
de la question. Je me demande si ces moines nous apporteront un cruchon de
bière.
    — Te voilà reparti ! Allez jouer, vous
autres ! Ordonna-t-elle aux enfants. Merthin, veille sur ton frère.
    — Ça serait plutôt à Ralph de veiller sur lui »,
marmonna sieur Gérald.
    Merthin fut piqué au vif par la réplique de son père.
Celui-ci n’avait pas la moindre idée de ce qui se passait lorsque ses fils
jouaient avec d’autres enfants. Car, si Ralph savait effectivement faire usage
de ses poings, il ne savait rien faire d’autre, alors que Merthin était
parfaitement capable de juger froidement d’une situation et de se débrouiller
en conséquence, sans l’aide de personne. Mais mieux valait ne pas contredire
sieur Gérald lorsqu’il était de cette humeur. Merthin sortit donc de l’hospice
sans répondre, Ralph sur ses talons.
    C’était une journée claire et froide de novembre ; des
nuages gris pâle planaient haut dans le ciel. Laissant la cathédrale derrière
eux, les enfants descendirent la grand-rue en direction de la rivière. Ils
passèrent l’allée aux Poissons, la cour au Cuir et la rue des Cuisiniers.
Arrivés en bas de la colline, ils franchirent le pont de bois et pénétrèrent
dans cette partie de la ville plus récente qu’on appelait Villeneuve. Ici, les
rues serpentaient entre des cabanes en rondins, des pâtures et des potagers.
Merthin avait mis le cap sur un pré désigné sous le nom de Champ aux amoureux
où le sergent de ville avait fait installer des buttes de tir. Le dimanche
après la messe, tous les hommes avaient l’obligation de s’exercer au tir à
l’arc. Ordre du roi.
    Il n’était pas nécessaire de recourir aux grands moyens pour
les y inciter. Tirer quelques flèches le matin était un vrai plaisir. Une
centaine de jeunes gens de la ville attendaient leur tour sous l’œil d’un
public composé de femmes, d’enfants et d’hommes trop âgés ou bien qui
estimaient le statut d’archer indigne de leur condition. Les uns tiraient avec
un arc leur appartenant ; les autres, ceux qui étaient trop pauvres pour
posséder une arme, utilisaient ceux en frêne ou en noisetier mis à leur
disposition par la police.
    L’atmosphère était celle d’un jour de fête. Dick le Brasseur
vendait des chopes de bière tirée de son tonneau monté sur un chariot, et les
quatre filles de Betty la Boulangère promenaient parmi la foule leurs plateaux
de brioches aux épices. Les riches habitants de la ville arboraient leurs plus
belles toques de fourrure et des souliers neufs. Les plus pauvres n’étaient pas
en reste : les femmes avaient coiffé leurs cheveux et rehaussé leur tenue
d’un joli galon.
    Seul enfant à porter un arc, Merthin se retrouva bientôt
entouré par une petite foule de garçons au regard envieux et de filles éperdues
d’admiration ou feignant le dédain, selon leur caractère. L’une d’elles voulut
savoir comment il l’avait fabriqué. « Quelqu’un t’a appris ? »
s’enquit-elle.
    Merthin la reconnut à sa robe de laine et à son riche
manteau : dans la cathédrale, elle était tout près de lui. Elle doit avoir
une année de moins que moi, se dit-il. D’ordinaire, il trouvait les filles de
son âge ennuyeuses, elles riaient tout le temps et ne prenaient rien au
sérieux. Celle-là étudiait son arc avec un intérêt manifeste. Sa curiosité lui
plut. « J’ai juste essayé, lui répondit-il.
    — C’est intelligent. Et il
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