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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin
Autoren: Ken Follett
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la cachette, elle était vide !
    « Par l’enfer ! balbutia Merthin, consterné.
    — J’espère que ce n’est pas un petit jeu !
    — Laissez-moi réfléchir ! » jeta le prévôt
sèchement. Grégory se tut.
    « Nous n’étions que deux à connaître cet endroit,
analysa-t-il à voix haute. Comme je n’en ai jamais parlé à personne, c’est donc
Thomas qui a vendu la mèche. Il était devenu sénile vers la fin de sa vie.
    — À qui ?
    — Il a passé ses derniers mois au prieuré de
Saint-Jean-des-Bois. Comme nul n’a été autorisé à y pénétrer, c’est forcément à
un moine qu’il s’est confié.
    — Combien sont-ils en tout ?
    — Une vingtaine. Mais ils n’étaient pas nombreux à en
savoir assez sur lui pour s’intéresser à des bredouillements sur une lettre
enfouie.
    — Où est-elle maintenant ?
    — J’ai ma petite idée là-dessus. Donnez-moi encore une
chance.
    — Entendu. »
    Ils revinrent en ville. Le soleil se coucha sur l’île aux
lépreux juste au moment où ils traversaient le pont. Ils entrèrent à
l’intérieur de la cathédrale plongée dans la pénombre, gagnèrent la tour
sud-ouest et gravirent l’étroit escalier en colimaçon menant à la petite loge
où l’on entreposait les costumes utilisés pour les représentations des
mystères.
    Merthin n’y avait pas mis les pieds depuis onze ans, mais ce
genre de réserve ne changeait guère, surtout dans une cathédrale. Tout était à
la même place. Il repéra la pierre descellée et la sortit du mur.
    C’était là, derrière ce caillou, que Philémon cachait jadis ses
trésors, notamment son mot d’amour gravé dans le bois. Parmi le fatras extrait
de la cachette, Merthin repéra l’étui en laine cirée au suif. Il en sortit le
rouleau de vélin.
    « C’est bien ce que je pensais. Quand Thomas a commencé
à perdre la tête, Philémon lui a extorqué son secret. »
    Sans doute avait-il décidé de conserver ce document pour
s’en servir de monnaie d’échange si d’aventure il n’était pas nommé évêque. À
présent, c’était Merthin qui allait l’utiliser.
    Il tendit le parchemin à Grégory, qui le déroula et le lut,
ébahi : « Seigneur ! Les rumeurs étaient donc vraies »,
dit-il. Son expression était celle de l’homme qui vient enfin de mettre la main
sur un objet convoité depuis des décennies.
    « Est-ce bien le document que vous espériez
retrouver ?
    — Oui, Merthin.
    — Et le roi sera reconnaissant ?
    — Du fond du cœur.
    — Donc, votre partie du contrat... ?
    — Sera respectée, assura Grégory. Claude sera votre
évêque.
    — Merci, mon Dieu. »
    *
    Huit jours plus tard, au petit matin, Caris expliquait à
Lolla comment poser un pansement quand Merthin vint la trouver à
l’hospice : « Je voudrais te montrer quelque chose. Tu peux venir
avec moi à la cathédrale ? »
    En cette froide journée d’hiver, Caris s’enveloppa dans un
épais manteau rouge. Merthin s’arrêta au milieu du pont et pointa le doigt sur
la flèche. « Regarde, elle est achevée ! »
    Caris leva la tête. Derrière l’enchevêtrement d’échafaudages
branlants qui la cernait encore, on distinguait en effet une flèche d’une
hauteur et d’une finesse incroyables. Elle laissa son regard parcourir la
distance séparant la base du sommet, soulevée par le sentiment que ses yeux
montaient, montaient le long du corps de la flèche sans jamais en atteindre la
pointe fuselée. « C’est l’édifice le plus haut d’Angleterre ?
s’écria-t-elle.
    — Oui », répondit-il joyeusement.
    Ils s’engagèrent dans la grand-rue. À l’intérieur de la
cathédrale, Merthin entraîna son épouse vers la tour centrale. Il en gravissait
l’escalier tous les jours. Caris, qui n’était pas habituée à pareille
ascension, déboucha hors d’haleine sur la plate-forme ouverte à tous les vents
qui servait de socle à la flèche. Aujourd’hui, la bise était glaciale.
    Ils prirent le temps d’admirer le paysage pendant que Caris
récupérait son souffle. La ville de Kingsbridge s’étendait à leurs pieds au
nord et à l’ouest : la grand-rue, les quartiers industriels, la rivière.
On reconnaissait même l’hospice sur l’île aux lépreux. De la fumée s’échappait
de milliers de cheminées ; de minuscules silhouettes sillonnaient les rues ;
les unes allaient à pied, les autres à cheval, d’autres encore étaient juchées
sur des carrioles
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