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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin
Autoren: Ken Follett
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et
de manier l’épée et la lance. Sous sa régence, son fils découvrirait probablement
un code de conduite plus intelligent et plus clément que celui en vigueur du
temps du comte. En tout cas, Gwenda le souhaitait du plus profond de son cœur.
    Ayant fait le tour des personnes qui l’intéressaient, Gwenda
reporta les yeux sur son mari. Il dansait toujours avec Annet, la femme qu’il
avait voulu épouser jadis, et celle-ci mettait à profit l’exubérante griserie
de son cavalier pour lui décocher mille sourires enjôleurs quand les pas de
danse les séparaient, ou se serrer contre lui dès qu’ils se retrouvaient.
    Plus collante qu’un linge humide, ma foi !
    Le morceau s’éternisait. Sur sa cornemuse, Aaron Dupommier
répétait à l’envi son refrain entraînant et Gwenda décelait dans les prunelles
de son époux une lueur qu’elle connaissait bien parce qu’elle signifiait son
désir de faire l’amour. Ah, cette perfide Annet savait s’y prendre !
Fulminant, Gwenda sur son banc, assaillie par ses pensées jalouses, s’efforçait
de faire bonne figure. Et cette satanée musique qui ne s’arrêtait pas !
    Quand le morceau s’acheva dans une explosion de notes, sa
rage avait atteint le degré d’ébullition. Ah mais ! Elle allait de ce pas
dire à son mari de se calmer et de s’asseoir à côté d’elle. Elle ne le
lâcherait plus de l’après-midi et éviterait ainsi que les choses ne dégénèrent.
    Mais voilà qu’Annet embrassait Wulfric !
    Il la tenait encore par la taille et cette dévergondée, se
haussant sur la pointe des pieds, penchait la tête et lui collait un baiser en
pleine bouche ! Oh, pas très long, mais bien appuyé !
    C’en était trop pour Gwenda ! Son sang ne fit qu’un
tour. Elle se leva d’un bond et traversa la salle au pas de charge. Voyant son
expression, David essaya de la retenir lorsqu’elle passa devant lui. Peine
perdue. Elle s’était déjà plantée devant Annet et Wulfric qui se souriaient
bêtement. Vrillant son doigt dans l’épaule de sa rivale, elle vociféra :
« Tu vas laisser mon mari tranquille !
    — Gwenda, je t’en prie..., murmura Wulfric.
    — Toi, la ferme ! Et ne t’approche pas de cette
catin. »
    Les yeux d’Annet étincelèrent de mépris : « Ce
n’est pas pour danser qu’on paie les catins.
    — Je suis sûre que tu en connais un rayon sur la
question.
    — Comment oses-tu ? »
    Les jeunes mariés intervinrent, chacun de leur côté.
« Je vous en prie, mère, ne faites pas d’esclandre, supplia Amabel.
    — Mais je n’ai rien fait ! C’est Gwenda !
    — Moi, en tout cas, je n’essaie pas de séduire le mari
des autres !
    — Maman, vous gâchez la fête, souffla David.
    — Vingt-trois ans que ça dure ! braillait Gwenda,
sourde aux remontrances. C’est elle qui a quitté ton père, et elle continue de
le vouloir à sa botte ! »
    Annet fondit en larmes. « Encore une ruse pour se faire
plaindre ! » ragea Gwenda. Et, comme Wulfric tendait le bras pour
tapoter l’épaule d’Annet, elle aboya : « Ne la touche
pas ! »
    Il retira sa main aussitôt comme s’il venait de se brûler.
« Tu ne comprends pas, sanglotait Annet.
    — Au contraire, je vois parfaitement ton manège !
    — Mais non, Gwenda ! » Annet s’essuya les
yeux et ajouta, regardant sa rivale bien en face : « Il est à toi,
Wulfric, mais toi, tu ne le comprends pas ! Tu n’as pas la moindre idée de
l’adoration qu’il a pour toi. Il te respecte, il t’admire. Tu ne vois pas comme
il te dévore des yeux quand tu parles à quelqu’un d’autre.
    — Mmm..., marmonna Gwenda, déstabilisée et ne sachant
que dire.
    — Est-ce qu’il regarde les femmes plus jeunes ?
Est-ce qu’il te fausse compagnie ? En vingt ans de mariage, combien de
nuits n’a-t-il pas dormi près de toi ? Deux ? Trois ? Tu ne vois
donc pas qu’il n’aimera jamais d’autre femme jusqu’à la fin de ses
jours ? »
    Gwenda se tourna vers Wulfric. Annet avait raison. C’était
l’évidence, elle le savait, comme le savaient aussi toutes les personnes
présentes. Elle tenta de se rappeler pourquoi elle en voulait tant à Annet,
mais elle ne voyait plus très bien les raisons de sa colère.
    Les danseurs s’étaient arrêtés. Aaron avait posé sa
cornemuse et le village tout entier se pressait autour des deux belles-mères.
    « J’ai été bête et égoïste dans ma jeunesse,
poursuivait Annet.
    J’ai pris une
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