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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin
Autoren: Ken Follett
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décision idiote. J’ai laissé tomber le
meilleur homme que j’aie rencontré de ma vie, et tu l’as récupéré. Si seulement
je pouvais réécrire le passé, si seulement Wulfric était à moi ! Parfois
je ne peux pas résister à la tentation : je lui fais des sourires, je lui
tapote le bras et, lui, il me traite gentiment, car il sait qu’il m’a brisé le
cœur.
    — Non, tu te l’es brisé toute seule !
    — C’est vrai... Et tu as eu la chance de profiter de ma
bêtise. »
    Gwenda était sidérée. Elle n’avait jamais considéré Annet
comme une femme désespérée, mais comme une menace, comme une rivale qui
s’ingéniait à reconquérir Wulfric.
    « Je sais que ça t’agace que ton mari soit gentil avec
moi. J’aimerais pouvoir te promettre qu’il ne le sera plus, mais je connais mes
faiblesses. Est-ce une raison pour me haïr ? Ne gâchons pas la joie des
mariés. Nous souhaitons toutes les deux avoir des petits-enfants. Au lieu de me
traiter en ennemie, dis-toi que je suis une méchante sœur qui commet des
erreurs et t’énerve, mais qui fait partie de la famille néanmoins. »
    Annet avait raison. Et Gwenda, qui l’avait toujours prise
pour une jolie fille avec un grelot à la place du cerveau, comprenait
maintenant qu’elle avait de l’esprit pour elles deux.
    « Je ne sais pas si j’y arriverai, répondit-elle,
honteuse. Je peux toujours essayer.
    — Merci », dit Annet.
    Elle fit un pas en avant pour embrasser Gwenda. Sentant ses
larmes sur sa joue, celle-ci n’hésita pas longtemps. Elle posa les mains sur
les frêles épaules d’Annet et la serra contre son cœur.
    Les villageois rassemblés autour d’elles applaudirent,
ravis. L’instant d’après, la musique reprenait de plus belle.
    *
    Au début du mois de novembre, Philémon célébra la fin de la
peste par une messe d’action de grâces. Étaient présents l’archevêque Henri, le
chanoine Claude, ainsi que sieur Grégory Longfellow. En apercevant l’avocat,
Merthin supposa qu’il était venu annoncer le nom du prélat choisi par le roi
pour remplacer Henri dans ses fonctions d’évêque de Kingsbridge. La tradition
voulait qu’il fasse part aux moines de la volonté royale et que ceux-ci
procèdent ensuite à l’élection. Bien rares étaient les cas où ils ne suivaient
pas l’avis du monarque.
    À en juger par sa mine impassible, Philémon n’avait pas
encore été mis dans le secret des dieux.
    Pour Merthin et Caris, il s’agissait là d’une décision
capitale : si le roi avait choisi le chanoine Claude, réputé modéré, ils
pourraient considérer leurs ennuis comme terminés ; si, par malheur, il
avait retenu la candidature de Philémon, querelles et procès opposeraient à
nouveau la ville et le prieuré pendant des années.
    Ce fut l’archevêque Henri qui célébra la messe. Philémon se
chargea du sermon. Il commença par remercier le Seigneur d’avoir prêté
l’oreille aux suppliques des moines de Kingsbridge et préservé la ville de la
peste. Il omit adroitement de mentionner qu’il avait fui à Saint-jean-des-Bois
avec les frères, laissant les habitants se débrouiller tout seuls, face au
fléau. Il ne précisa pas non plus que Caris et Merthin avaient grandement aidé
le ciel à exaucer les prières des moines en fermant la ville pendant six mois.
À l’écouter, c’était lui le sauveur de Kingsbridge.
    « S’il continue à travestir la vérité, dans cinq
minutes, j’explose ! maugréa Merthin à Caris sans se donner la peine de
chuchoter.
    — Calme-toi ! Philémon ne trompe personne. Le
peuple connaît aussi bien que Dieu ce qu’il en a été réellement. »
    Elle avait raison, bien sûr. Les généraux vainqueurs
remerciaient aussi Dieu au terme d’une bataille, cela n’empêchait pas les
soldats de faire très bien la différence entre les bons et les mauvais
officiers.
    Après la messe, Merthin, en sa qualité de prévôt, fut invité
par le prieur au dîner offert dans son palais en l’honneur du nouvel archevêque
de Monmouth. Dès la fin du bénédicité, les discussions allèrent bon train.
Assis à côté du chanoine Claude, Merthin lui souffla sur un ton pressant :
« L’archevêque connaît-il l’heureux élu du roi ? »
    Claude répondit par un imperceptible hochement de tête.
« Est-ce vous ? »
    Le chanoine secoua le chef discrètement.
    « Philémon, alors ? »
    Claude réitéra son acquiescement.
    Merthin fut atterré par la
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