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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora
Autoren: Halter,Marek
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y prit place
devant Jethro. Après les salutations d’usage et les remerciements à Horeb pour
le voyage effectué sans encombre, il offrit des cages de pigeons et de colombes
au vieux sage. Devant Orma, on ouvrit un coffre de cèdre marqueté de bronze et
d’ivoire qui contenait une étoffe fabuleuse. Les servantes la déplièrent. Au
bout de leurs doigts, elle flotta dans l’air telle une fumée, déployant toutes
les couleurs de l’univers. Ce tissu passa de main en main, les doigts
effleurant son extraordinaire finesse. Tsippora en soupesait l’infime contact
contre sa paume lorsque Orma demanda :
    — Cela vient-il d’Égypte ?
    Tsippora suspendit son souffle tandis que
Réba, fier des exclamations provoquées par son présent, prenait le temps de
boire une gorgée de vin bien frais avant de répondre que non, tout au
contraire, cette merveille avait été tissée dans l’Orient lointain. Par des
hommes disait-on, et non des femmes.
    Il ne fut plus question d’Égypte. La gorge
de Tsippora se dénoua.
    Le cadeau de Réba était si éblouissant,
avait coûté tant de richesses – peut-être un troupeau entier de belles chamelles
blanches ? – et d’efforts pour être étalé aux pieds d’Orma que, pour une
fois, celle-ci parut ébranlée. Elle accomplit ce que son père et ses sœurs
attendaient depuis si longtemps : elle alla s’agenouiller sur le tapis
devant Réba.
    Les mains croisées au creux de sa poitrine,
qui n’en parut que plus gonflée et plus palpitante, elle s’inclina en
murmurant :
    — Sois le bienvenu dans la maison de
mon père, Réba. Je suis heureuse de ta venue. Tu es un homme selon mon cœur.
Puisse Horeb protéger ta destinée et ne pas t’accabler de sa colère.
    Le visage de Réba rayonna. Jethro, fait
très rare, rougit d’émotion. Tsippora rencontra le regard de Sefoba, qui lui
adressa un clin d’œil. Cette soirée allait-elle être bénie entre toutes ?
Demain, enfin, Réba pourrait demander la main de la plus belle des filles de
Jethro sans craindre le ridicule.
    Cependant, à la grande inquiétude de ses
hôtes, lorsque commença le festin Réba n’accorda plus qu’une attention
distraite et même lointaine à Orma. Il sembla prendre tout son plaisir à la
musique et à la conversation de Jethro. Chacun se demanda si c’était là un jeu
ou une ultime prudence.
    Puis, les jarres de bière et de vin se
vidant, la fête devint plus bruyante et plus joyeuse. Les torches de naphte
crépitaient lorsque Sefoba se mit à danser devant les femmes qui, comme elle,
attendaient le retour trop lointain de leurs époux. Ce fut un signal. Orma héla
de jeunes servantes qui allèrent à leur tour danser sous les yeux de Réba.
Jethro cessa de parler et se contenta de sourire.
    Lorsque l’attention de Réba fut
suffisamment captivée par les danseuses, Orma parut.
    À la lumière des torches chacun put voir
qu’elle ne portait plus de tunique. Elle s’était voilée du magnifique tissu
offert par Réba. Du haut de son buste jusqu’à ses pieds, piqué de broches et de
fibules, il la moulait tout autant qu’il déployait autour d’elle une aura
ondoyante, lui laissant les épaules, la nuque et les bras nus. Colliers et
bracelets se mirent à tinter sur sa chair délicieuse, rythmant l’envoûtement de
la danse.
    Jethro leva une main où l’on devina la
menace d’une réprimande, l’ordre d’un retrait. Mais la main revint sur son
genou. Les yeux du vieux sage, pétillants de malice, se détournèrent avec une
désinvolture un peu excessive. Comme les autres, il avait vu la bouche de Réba
s’ouvrir sans pouvoir se refermer.
    Tsippora attendait ce moment avec
impatience. Nul ne faisait plus attention à elle. Ombre dans l’ombre, elle
s’éloigna du cercle de danse.
    Elle se glissa sous l’appentis qui servait
de cuisine. À l’exception de deux fillettes endormies près d’un panier de
figues, les servantes l’avaient déserté pour profiter de la fête. Tsippora
dénicha un grand sac de lin écru, tissé épais et formant une double poche, avec
lequel on chargeait l’échine des ânes et des mules. Dans la pénombre à peine
trouée par les braises des foyers, elle le remplit de toute la nourriture
qu’elle put trouver. Viandes cuites, semoules, pains d’orge, pastèques, dattes
en quantité, figues, amandes ou nèfles. Tout ce que les poches du sac pouvaient
enfourner et ses épaules porter.
    Ployant sous le fardeau, elle quitta la
cuisine et alla
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