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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales
Autoren: Juliette Benzoni
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s’y résigna difficilement, d’autant qu’à Saint-Pétersbourg même, la révolte éclatait et qu’il avait été nécessaire de faire appel aux cosaques : ils avaient chargé la foule. Le manque de vivres, en effet, exaspérait la population, mais à Tsarskoïé Selo, la résidence impériale, nul, et l’impératrice moins que quiconque, ne paraissait mesurer la gravité de la situation.
    Pour elle, une seule chose comptait : une épidémie de rougeole s’était déclarée chez ses enfants et, dépouillant la souveraine, Alexandra ne fut plus qu’une mère inquiète doublée d’une infirmière.
    Hélas, Nicolas II ne retournait aux armées que pour bien peu de temps : le 2 mars, il était contraint d’abdiquer en son nom et en celui de son fils. Il le fit en faveur de son frère, le grand-duc Michel, qui hélas renonçait dès le lendemain à régner en apprenant que le nouveau régime, celui des progressistes radicaux et des octobristes, présidé par le prince progressiste Lvov, considérait sa nomination comme illégale. Cette fois, le régime tsariste venait de tomber définitivement.
    Ce fut par le grand-duc Paul que l’impératrice apprit la terrible nouvelle. Or, de cette minute, une extraordinaire transformation s’opéra chez cette femme étrange, qui n’avait pas su être grande au sommet de la puissance et qui le devint au sommet du malheur.
    Bien que de grosses larmes tombassent de ses yeux, elle supporta le coup avec une grande dignité et n’eut pas un mot de regret pour le rang qu’elle venait de perdre.
    — Je ne suis plus une impératrice, dit-elle, mais je suis encore une sœur de charité et c’est seulement en cette qualité que je désire être traitée.
    Et elle retourna au chevet de ses enfants malades, à celui aussi de son intime amie, cette Anna Viroubova qu’elle chérissait entre toutes et qui avait été cependant son plus mauvais génie, atteinte elle aussi de la rougeole. On ne peut s’empêcher de comparer alors Alexandra à Marie-Antoinette. Ni l’une ni l’autre ne surent être une souveraine, mais l’une comme l’autre surent être une martyre.
    Les jours qui suivirent furent des jours d’angoisse et d’agonie morale pour cette femme, qui ne savait plus, rien de son époux et craignait à chaque instant d’apprendre qu’il avait été assassiné. En outre, elle était seule, ou peu s’en faut : le palais s’était vidé comme par magie et seuls demeuraient de rares fidèles : le vieux comte Benkendorff, le docteur Botkine, qui allait suivre jusqu’au bout et jusqu’à sa propre mort le calvaire de la famille impériale, deux dames d’honneur et un seul aide de camp de l’empereur, le comte Zamoyski… un Polonais que,  jusqu’à présent, Alexandra avait assez mal traité.
    Le filet, peu à peu, se resserrait. Quelques jours encore et l’impératrice était prisonnière dans son propre palais et privée du droit de communiquer avec ses rares amis. Ce fut alors que Nicolas II, à son tour prisonnier, vint la rejoindre pour partager son sort.
    Quand ils se revirent, Nicolas s’écroula en sanglotant dans ses bras et Alexandra ne pensa plus qu’à le réconforter, à l’aider, lui qui à présent était si désarmé. Sa conduite à elle ne fut plus que soumission à la volonté divine : jamais on ne l’entendit murmurer ni d’ailleurs permettre le moindre murmure à ceux de son entourage, un entourage bien restreint, puisque le grand-duc Michel lui-même ne put obtenir la permission de voir son frère.
    Et puis, vinrent les avanies, les insultes, les grossièretés calculées des gardiens, hier encore aplatis dans la poussière en leur présence… le tout supporté le front haut et avec un rare courage.
    Par l’entremise de Sir George Buchanan, le gouvernement britannique offrit asile au tsar déchu – un peu trop tard peut-être ! –, mais le gouvernement du prince Lvov refusa, affirmant qu’il ne se trouvait pas assez puissant pour assurer que les prisonniers pour arriver sains et saufs en Angleterre, les ouvriers menaçant d’arracher les rails sur le passage du train qui les emmènerait.
    La sécurité de la famille impériale fut le prétexte allégué pour lui faire quitter Tsarskoïé Selo et l’assigner à une autre résidence. Ce fut… Tobolsk, en Sibérie. Tobolsk, la petite ville sinistre et glaciale d’où était venu le désastreux Raspoutine, que l’on choisit, comme si, dans cet immense empire, il n’y avait
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