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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis
Autoren: Andrea H. Japp
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miresse, espérant presque découvrir quelque vilain secret à son sujet. Tel n’avait pas été le cas, bien au contraire, et l’admiration, l’amour qu’il se sentait pour elle avait fini par lui gâcher les jours et les nuits, le boire et le manger. D’autant que la part d’ombre qui entourait toujours la jeune femme, ce « devoir » qu’elle avait mentionné en l’auberge du Chat-Borgne, la véritable raison expliquant son travestissement et sa fuite par les chemins, fascinaient le seigneur bailli. Aussi, son cœur s’était-il emballé tel celui d’un jouvenceau à ses premières mamours lorsqu’Anchier Vieil, son secrétaire, lui avait fait passer le message d’Héluise, l’appelant à l’aide depuis Saint-Agnan pour une délicate enquête.
    Certes, il connaissait assez l’âme des femmes pour sentir le trouble d’Héluise en sa présence. Mais l’aimait-elle tel un homme et non pas comme un substitut de père, ce que leur différence d’âge justifiait ? N’était-il pas bien fol ? Se racontait-il de jolies fables ?
    Tudieu, à la fin ! Foin de ces effarouchements, l’homme, s’admonesta-t-il à nouveau ! Pose-lui la question afin d’en avoir le cœur net.
    Cependant, à chaque fois qu’il avait été sur le point de l’oser, une terrible appréhension l’avait retenu. Et si elle balayait sa flamme d’un revers de main ? Et si elle l’éconduisait, avec courtoisie mais fermeté ? Et si elle se moquait ? Non, Héluise ne se gausserait jamais des ferveurs d’un homme amoureux. Oui, mais… et si, elle fermait les yeux, lui souriait en lui offrant sa main à baiser ?
    La peste était de ses incertitudes d’amour ! Il se sentait bien plus en aise face à des gredins ou sur un champ de bataille. Quel stupéfiant embrouillement que les sentiments ! D’un autre côté, depuis quand ne s’était-il senti si pleinement en vie ? Depuis quand l’énergie n’avait-elle dévalé en lui avec autant de force ? Une éternité, sans doute.

    Vêpres venait de passer lorsqu’il s’annonça en la demeure du couple Leguet. En l’absence de son époux, dame Blandine accueillit le bailli avec un respect empressé. En dépit de son impatience, il s’acquitta des formules de politesse et accepta de bonne grâce le verre d’hypocras que la jeune femme insistait pour lui offrir.
    Ils s’installèrent dans la grande salle.
    — Vous paraissez bien las, seigneur bailli, remarqua Blandine Leguet avec gentillesse.
    — Une longue course… dont l’urgence était motivée par mon besoin de discuter avec messire Druon de Brévaux.
    — Ah… Mais notre bon mire et le mignon Huguelin ont quitté Saint-Agnan hier, dès après l’aube. Oh, ils nous manquent ! Quels délicieux invités nous avions là. C’est que… les distractions sont fort rares dans notre petit coin de monde…
    Louis d’Avre tenta de masquer sa terrible déception en avalant une longue gorgée d’hypocras. Aussitôt, une insidieuse question tourna dans son esprit : Héluise le fuyait-elle ? Avait-elle choisi une retraite précipitée afin de s’épargner le désagrément de l’éconduire ?
    — … Permettez, messire bailli, que je vous abandonne quelques instants afin d’aller quérir le message que messire Druon m’a prié de vous remettre si vous vous montriez céans.
    Avre se contenta de hocher la tête, forçant un sourire. Blandine reparut quelques instants plus tard et lui tendit le court rouleau de papier.
    — Me permettez-vous, madame, d’en prendre connaissance sitôt ?
    — De grâce, seigneur.
    D’un geste trop nerveux, Louis d’Avre décacheta la missive et la parcourut à la hâte, y cherchant, il l’avouait, un signe, un encouragement. Les premières lignes le désolèrent.

    « Seigneur bailli,
    « Je vous supplie de ne point me tenir rigueur de ce départ précipité, dicté par une pressante urgence. J’aurais aimé vous conter la conclusion de notre macabre affaire de vive voix.
    « Le meurtrier du père Simonet de Bonneuil et de son secrétaire Jean Le Chauve, ainsi que du maître verrier chartrain Thierry Larcher, a avoué ses méfaits et péri. Je ne puis vous confier ici son nom, ni les circonstances de cette conclusion. Ne m’en veuillez pas. Soyez toutefois assuré que ces odieux meurtres ne sont plus impunis.
    « Il me faut maintenant partir au plus vite afin de me consacrer à autre affaire.
    « Tant de choses ont empli ma vie au cours de ces derniers mois que
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