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Sarah

Sarah

Titel: Sarah
Autoren: Halter,Marek
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dorées. Quel époux résisterait au désir
d’y croquer ? Et la fossette de ses reins. Dans un an ou deux, l’époux
pourra y boire son lait, je vous le dis, mes sœurs.
    — Son ventre aussi est tout mignon,
dit la plus jeune des tantes, et sa peau tout ce qu’il y a de fin. Un vrai
plaisir que d’y passer la paume.
    — Lève les bras, Saraï ! demanda
une autre. Hélas ! mes sœurs, notre nièce a des bras moins gracieux que
les jambes !
    — Ses coudes sont abîmés comme ceux
d’une gosse, mais cela passera. Les épaules sont jolies. On dirait bien
qu’elles vont être larges. Qu’en penses-tu, Égimé ?
    — Grandes épaules, grands tétons,
voilà ce que l’on dit. Je l’ai vérifié des dizaines de fois.
    Elles pouffèrent toutes ensemble.
    — Pour l’heure, le futur époux n’en
aura guère sous la dent !
    — Mais ils pointent, ils prennent
forme, les petits agneaux !
    — À peine ! On voit plus la forme
de ses os que celle de ses seins.
    — Tu n’en avais guère plus à son âge,
lança Égimé à sa jeune sœur, et regarde aujourd’hui : il nous faut te
tisser des tuniques de double longueur pour que tu puisses les recouvrir !
    Elles rirent encore sans se rendre compte
que Saraï, du poignet, essuyait les larmes qui coulaient jusqu’à sa bouche.
    — Assurément, ce qu’il n’aura pas sous
l’œil, l’époux, le jour de l’onguent, c’est la douce forêt. Pas même une
ombre ! Il devra se contenter du sillon et, à mon avis, attendre que le
champ grandisse pour le labourer !
    — Assez !
    D’un coup de pied, Saraï renversa le miroir
de bronze. Et déjà elle se recouvrait avec sa tunique.
    — Saraï ! gronda Égimé.
    — Je ne veux plus écouter vos
méchancetés ! Je n’ai besoin de personne pour savoir que je suis belle et
que je le serai plus encore quand je serai grande. Je serai plus belle que vous
toutes. Vous, vous êtes jalouses, voilà ce que vous êtes !
    — Orgueilleuse et langue de serpent,
voilà ce que tu es ! répliqua Égimé. Ce n’est pas à te voir que ton futur
époux fera la grimace. C’est à t’entendre. J’espère que mon frère Ichbi a pris
ses précautions et ne s’attirera pas un refus !
    — Mon père n’a pas décidé de me
marier. Ce n’est pas la peine de toujours répéter les mêmes choses. Je n’ai pas
de futur époux. Vous toutes, vous êtes vieilles et vous dites des bêtises.
    Elle avait presque crié, la voix aiguë. Ses
mots rebondirent sur les murs humides de la chambre rouge et retombèrent sur le
sol en brique dans un silence embarrassé. Les rires cessèrent. Égimé plissa un
peu plus le front :
    — Comment sais-tu que tu n’as pas de
futur époux ? Un frisson parcourut Saraï. La peur qui la veille avait noué
son ventre était revenue.
    — Mon père ne m’a rien dit,
souffla-t-elle. Il me dit toujours ce qu’il veut que je fasse.
    Ses tantes et les servantes détournèrent
les yeux.
    — Ton père n’a rien à te dire pour les
choses qui se passent comme elles le doivent, rétorqua Égimé.
    — Si, mon père me dit tout. Je suis sa
fille préférée…
    Saraï s’interrompit brusquement. Il avait
suffi qu’elle prononce ces mots pour entendre le mensonge qu’ils contenaient.
    Égimé eut un bref soupir.
    — Sornettes de fillette !
N’invente pas ce qui n’est pas. Les lois de la cité et la volonté d’Ea le
Puissant seront respectées. Aussi vas-tu demeurer avec nous encore quatre
jours, le septième tu sortiras de la chambre rouge et l’on te préparera pour
tes épousailles. Le mois des labours est un beau mois pour ça. Il y aura des
repas et des chants. Celui qui sera ton époux doit déjà être en route pour Ur.
Je suis certaine que ton père l’aura choisi riche et puissant. Tu n’auras pas à
te plaindre. Avant la prochaine lune, il t’aura enduite avec l’onguent de
cyprès. Voilà ce qu’il va se passer. Et c’est très bien ainsi.

 
Abram
    Après sept longs jours et sept nuits
pleines de rêves qu’elle n’osa confier à personne, Saraï quitta la chambre
rouge. Elle redoutait ce moment autant qu’elle l’espérait.
    Le soleil n’était encore pas bien haut mais
la lumière du jour l’éblouit si fort qu’elle put à peine ouvrir les yeux. Elle
entendit plus qu’elle ne vit Sililli l’accueillir, l’embrasser avec des
gloussements de contentement tandis qu’Égimé lui prodiguait d’ultimes conseils.
    Avant même que Saraï pût dire un
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