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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto
Autoren: Nicolas Remin
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fréquenté par des officiers de Sa Majesté. Épingler une cocarde aux couleurs de l’Italie à cet endroit précis relevait de la provocation manifeste.
    — L’Autrichien qui sortait au même moment du café, poursuivit l’inspecteur, lui a ordonné de retirer sa cocarde.
    — Et Grassi a refusé ?
    Bossi hocha la tête.
    — Oui, ce sur quoi l’Autrichien a tenté de la lui arracher. Après lui avoir donné un coup de poing.
    — Ce Grassi est-il connu de nos services ?
    — Non. Mais je ne saurais vous dire s’il a un dossier à la Kommandantur.
    L’inspecteur jeta un coup d’œil sur ses notes.
    — Il tient une boucherie sur le campo San Giobbe. Le sergent Caruso le connaît ; sa femme fait partie de ses clientes.
    — Et l’Autrichien ? De passage à Venise ?
    Bossi se tut un instant.
    — C’est là que nous risquons de rencontrer un problème, finit-il par lâcher. Cet individu prétend être colonel de l’armée impériale.
    Le commissaire releva la tête d’un air surpris.
    — Il prétend quoi ?
    — Colonel de l’armée impériale, répéta son subalterne.
    — Un colonel sans uniforme ? Il avait ses papiers sur lui ?
    — Il nous a demandé d’envoyer quelqu’un à la Kommandantur.
    — Et vous l’avez fait ?
    — Non, je voulais d’abord vous en parler.
    — Jugez-vous possible qu’un officier de Sa Majesté se comporte de cette manière ?
    — Il était passablement aviné, remarqua Bossi avec un regard soucieux en direction de son chef. Vous pensez que nous devrions prévenir la police militaire, commissaire ?
    — Rien ne presse. Pour commencer, nous allons le laisser croupir ici.
    — Combien de temps ?
    — Qu’il reste aux arrêts pendant au moins une nuit ! Mine de rien, cet individu a tenté de commettre un crime au poste de garde du commissariat central. Tant qu’il ne porte pas l’uniforme, il reste pour moi un civil sans papiers.
    — Et que faisons-nous de Grassi ?
    — Vous prenez sa déclaration et, ensuite, vous le relâchez, déclara Tron.
    — C’est tout ?
    — M. Grassi peut prouver son identité et il a un lieu de résidence fixe. Nous pouvons donc le convoquer à tout moment. Je doute qu’il coure se réfugier sur le territoire de Turin. Qui rédige le rapport ?
    — Le sergent Caruso. C’est lui qui a tiré un coup de feu dans le plafond.
    — Qu’il n’oublie pas de préciser que l’Autrichien était soûl, qu’il racontait n’importe quoi et qu’il n’était pas en mesure de répondre à nos questions.
    Tron aperçut encore quelques miettes de gâteau sur son assiette. Il se retint à temps de mouiller le bout de son index pour les porter à sa bouche.
    — Vous a-t-il dit son nom ?
    Bossi acquiesça.
    — Il prétend s’appeler Stumm von Bordwehr.
    Tron roula les yeux.
    — Colonel Stumm von Bordwehr ? C’est ridicule ! Il faut que Caruso le signale dans son rapport. Personne ne s’appelle Stumm von Bordwehr 1 .
    L’inspecteur se leva, lissa sa veste d’uniforme et chassa d’une pichenette un grain de poussière imaginaire posé sur sa manche. Son supérieur s’attendait qu’il prenne congé, mais à l’évidence, le jeune homme avait encore quelque chose sur le cœur.
    — Commissaire ?
    — Oui ?
    Il s’éclaircit la gorge. Puis il poursuivit sur le ton légèrement étouffé qu’il adoptait pour aborder des questions sans rapport direct avec le service :
    — J’ignorais que vous…
    Il s’arrêta pour observer son chef. Son visage exprimait un mélange de surprise et d’admiration. On aurait dit qu’il ne trouvait pas le mot juste. Tron s’appuya sur son dossier et haussa les sourcils d’un air amusé.
    — Que je quoi ?
    — Que vous pouviez être aussi énergique, commissaire.
    Tron éclata de rire.
    — Vous voulez parler du coup de pied dans l’entrejambe ?
    Son assistant sourit.
    — Le coup de pied sur le nez n’était pas mal non plus !
    — Je ne voulais pas courir de risque, précisa le commissaire avec une mine sérieuse. Cet individu a quand même tenté de commettre un crime.
    — Tout le monde était très impressionné, dit Bossi. Cette histoire fait déjà le tour du commissariat.
    Son sourire s’accentua encore.
    — Ce qui plaît le plus aux collègues, c’est que cet individu était autrichien.
    Il jeta alors un coup d’œil sur la lithographie de l’empereur et poussa un soupir.
    — Mais que ferons-nous s’il s’agit vraiment d’un
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