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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve
Autoren: Caroline Roe
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comment je vais dire ça à la maîtresse ? Où est-elle d’ailleurs ?
    Elle regardait autour d’elle, dans la cuisine, comme si elle s’attendait à la voir attiser le feu.
    — La maîtresse aussi a disparu ! brailla-t-elle, prise de panique.
    — Elle est dans les vignes, lui répondit calmement la cuisinière. Maintenant, va-t’en de ma cuisine, allez, ouste !
    Tous sortirent en poussant des hurlements, Dalmau, la nourrice et les trois servantes, traversant à toute allure le potager pour se diriger vers le vignoble.
     
    En entendant les cris qui venaient de la maison, Luis Mercer tira son épée et fit volte-face, tournant le dos au médecin et à Serena de Finestres pour se protéger d’une éventuelle menace.
    Grelottant, trempé, Yusuf bondit du lit de la rivière pour venir en aide à son maître.
    — Seigneur, une fois de plus je n’ai pas mon épée quand j’en ai besoin.
    — Oublie-la, Yusuf, et va chercher Sa Seigneurie.
    — Mais je ne sais pas où elle est !… Bon, j’y retourne.
    Pour Serena de Finestres, rien n’existait en dehors de Luis Mercer.
    — Les servantes et Dalmau seront peut-être incapables de vous arrêter, dit-elle paisiblement derrière lui, mais pas moi.
    Elle lâcha Blanqueta et glissa la main sous son corsage. Elle fit deux pas pour se rapprocher de lui et, de toute la force que la fureur pouvait susciter en elle, lui plongea son arme dans le dos.
    Ne se sentant plus tenue par sa maîtresse et soudain ivre de sang, Blanqueta bondit pour enfoncer ses crocs dans le bras droit de Luis, un peu au-dessus du poignet, avant de le plaquer au sol de ses pattes massives.
    Luis hurla de douleur et d’étonnement. Des mains saisirent Serena aux épaules et l’écartèrent.
    — Non, señora, dit Oliver d’une voix rauque. Vous devez apprendre à placer correctement votre couteau. Vous ne tuerez jamais un homme ainsi.
    Yusuf entraîna Serena vers son maître.
    — Je l’ai poignardé, maître Isaac, dit-elle d’une voix dépourvue de toute émotion. Mais il n’est pas mort. Blanqueta le maintient à terre et le seigneur Oliver le surveille de près.
    — Asseyez-vous, señora, dit calmement le médecin. Là, tout près de moi.
    Elle obéit comme un enfant. Isaac lui prit le poignet. Le sang battait dans son bras, mais ses doigts étaient glacés. Il le reposa doucement.
    — Il a tué mon mari, et il allait tuer mon enfant. Je lui ai fait exactement ce qu’il a fait à Gil.
    Là-dessus, elle se mit à trembler comme une feuille.
    De lourds bruits de galoches sur le pont de bois annoncèrent l’arrivée de la nourrice, suivie du reste des serviteurs.
    — Señora ! cria Joana, je ne trouve pas Guillem. J’ai regardé partout, il n’est nulle part. Ni cette Raquel.
    Sa maîtresse la contemplait comme si elle parlait une langue étrange ou inconnue.
    — As-tu songé à voir dans la tour ? Ils devaient s’y réfugier et barrer la porte.
    — La tour ? Non, je n’y ai pas pensé, señora, murmura Joana avant de s’en aller.
    — Rappelez votre chien, señora, dit Oliver, à genoux auprès de Luis.
    — Blanqueta, ici, au pied !
    Elle se pencha et enfouit son visage dans le cou de la chienne. Le foulard qui retenait ses cheveux se dénoua ; sa lourde chevelure retomba sur Blanqueta, la cachant au reste du monde.
    — Où est maître Luis ? demanda Isaac qui se leva et prit appui sur son disciple.
    — À terre, murmura Yusuf en l’entraînant loin de Serena. Le seigneur Oliver est avec lui. Il l’a retourné et lui a enlevé le poignard du dos, seigneur. Il le nettoie avec une feuille de vigne.
    — Prends-lui le couteau, lave-le dans le ruisseau et rends-le à Dalmau. Il saura où le ranger.
    — Tout de suite, seigneur. Mon maître veut que je vous prenne ce poignard, dit-il à Oliver, que je le lave dans l’eau et que je le rapporte à la cuisine. Il est plein de sang.
    — Elle a bien visé, dit Oliver en reprenant son souffle avec difficulté. Mais je l’ai blessé par-devant. De quoi satisfaire ceux qui veulent que les vermines soient abattues en combat régulier.
    — Est-il mort ?
    — Pas encore. Conduis-le à la maison et panse ses blessures. S’il survit, on pourra le pendre pour avoir attenté à la vie d’un officier de Sa Majesté.
    — Vous aussi, seigneur, vous êtes blessé.
    — Pas par cette créature, mais par le sauvage embusqué dans le grand chêne. Oh, ce n’est qu’une égratignure…
    Sur quoi, il
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