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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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réservé aux « élites » modernisées en même temps qu’aux chefs coutumiers dits « traditionnels ». Ces élus siégeaient aux côtés du collège métropolitain élu au suffrage universel. Chaque territoire fut doté d’un Conseil général, devenu Assemblée territoriale en 1948, qui votait le budget et les impôts ; le gouverneur général de la Fédération fut également assisté d’un Grand Conseil. Malgré la mauvaise volonté des administrations locales, les syndicats forgèrent leurs militants, les personnalités politiques africaines se multiplièrent, les élections jouèrent leur rôle, et la revendication nationale s’enracina dans ce qu’on appelait encore les « territoires ». C’est ce qui se passa en AOF, avec la création du RDA, affilié un temps au Parti communiste français (1947), au Gabon et au Congo, au Ghana (indépendant en 1957), au Nigeria, au Kenya, au Tanganyika… Les futurs chefs d’État — Sékou Touré,Houphouët-Boigny, Mamadou Dia, Léopold Sédar Senghor, Nkrumah, Kenyatta ou Nyerere et même Léon Mba au Gabon ou Fulbert Youlou au Congo — furent des hommes politiques au sens plein du terme. De nombreuses élections scandèrent ces années d’apprentissage et la liberté s’apprend vite… Sous la pression de forces politiques montantes issues d’une jeunesse nombreuse en effervescence, la métropole fut contrainte d’évoluer, avec la loi-cadre de 1956 (dite loi Defferre) qui instaura le suffrage universel pour les Africains, et décida de nommer à la tête de chaque territoire deux responsables associés, l’un français, l’autre africain.
    Il y eut à ce moment-là, du côté africain, l’espoir d’une adéquation entre la constitution de l’État, la formation de la nation (« moderne »), et la volonté (voire le rêve) d’autonomie économique. Dès lors, avec le recul, on peut en déduire que l’hypothèse d’une fédération africaine occidentale, privilégiée par Senghor, ou l’idée des États-Unis d’Afrique équatoriale, chère à Boganda, devenaient de plus en plus improbables, chaque territoire ayant été encouragé depuis de longues années par la politique coloniale à développer sa propre autonomie. De Gaulle a néanmoins tenté en 1958 de faire chapeauter l’ensemble par une « Communauté française » qui aurait gardé la haute main sur les évolutions de nations structurellement liées à l’ancienne métropole. Le vote sur la Communauté fut précédé d’une propagande française effrénée. De Gaulle lui-même entreprit une vaste tournée. Il fut parfois fraîchement reçu, notamment au Sénégal, et bien entendu enGuinée, où le militant indépendantiste Sékou Touré fit triompher le « non » au référendum. Dès lors, déjà aux prises avec la guerre d’Algérie, De Gaulle avait compris que l’évolution vers l’indépendance était inéluctable à brève échéance. Elle intervint partout en 1960, proclamée chaque fois à des dates différentes.
    L’enthousiasme des fêtes de l’indépendance montre à quel point les peuples en attendaient la délivrance, à quel point aussi les visionnaires de l’indépendance restaient inaudibles pour les ex-pouvoirs coloniaux : ainsi, le superbe discours de Patrice Lumumba lors des fêtes de l’indépendance du Congo belge, le 30 juin 1960, devant le roi des Belges Baudouin 3 , détermina son assassinat quelques mois plus tard à l’instigation des services secrets belges et américains. Ce fut une grossière erreur : contrairement à ce que pensaient alors les puissances de l’Ouest, Patrice Lumumba n’était pas un dangereux révolutionnaire communiste, mais avait tout du social-démocrate modéré. Sa disparition brutale fut à l’origine de dizaines d’années de chaos qui auraient pu être en partie évitées.
    La périodisation
    On peut distinguer trois phases principales qui se sont succédé au cours des cinquante années d’indépendance.
     
    — La période « néocoloniale »
    Le projet démocratique africain se révéla irréalisable dans le délai qui avait été imaginé initialement. Malgré les progrès d’après guerre, l’accès à l’école restait réservé à une minorité (très restreinte dans le secondaire) et la plupart des gens étaient analphabètes. La classe politique, avertie mais limitée, était déphasée par rapport au peuple. Celui-ci attendait une délivrance immédiate que les États étaient dans
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