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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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qui obtint des Hollandais son indépendance en 1949. Au sud du Sahara, la Gold Coast donna le coup d’envoi des indépendances en 1957, sous l’égide du grand militant panafricain Kwame Nkrumah. Elle se rebaptisa alors Ghana en référence au glorieux passé médiéval de cet ancien empire sahélien. L’aveuglement du gouvernement français, qui perdit son âme dans deux guerres coloniales (en Indochine et en Algérie, entre 1946 et 1962), étonne a posteriori . Il s’explique par une idéologie impériale développée plus tardivement qu’ailleurs : aussi bien le gouvernement de Vichy que celui de la France libre, pour des raisons évidemment opposées, glorifièrent l’empire : Pétain parce qu’il pouvait ainsifaire semblant de préserver la souveraineté française, de Gaulle parce qu’il lui fallait affirmer sa légitimité de chef d’État sur un sol français qui ne pouvait alors être qu’impérial puisque l’Hexagone était occupé (d’où la conférence de Brazzaville, en janvier-février 1944). L’idéologie politique de bien des dirigeants africains francophones était imprégnée de cette forme singulière d’impérialisme assimilationniste : ce que demandaient les « élites » de l’époque, ce n’était pas l’indépendance, mais les mêmes droits que les citoyens français. Or le mythe de l’« assimilation » intégrale, visant à faire de tous les Africains des Français, avait, en métropole, disparu depuis longtemps (remplacé par le terme plus prudent d’« association ») ; mais il avait connu un début de réalisation en Afrique même, dans ce qu’on appelait les « quatre communes du Sénégal » (Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar), dont les « originaires » avaient reçu la nationalité française en 1916 1 . Il en alla de même en 1946 aux Antilles, sous la conduite d’Aimé Césaire, avec la départementalisation. Cette quête de la nationalité française pour obtenir l’égalité pesa longtemps sur les revendications politiques internes des futurs États francophones.

    L’Afrique contemporaine
    Dans la première moitié du XX e  siècle, la colonisation presque intégrale du continent avait, pour une période relativement brève, écarté l’Afrique du champ des concurrences mondiales. « Mise en réserve » et utilisée comme telle par les différentes métropoles, surtout pendant la Grande Dépression des années 1930, l’Afrique sembla alors disparaître du jeu global. Mais la parenthèse fut brève. De la Seconde Guerre mondiale à la fin de la guerre froide, l’Afrique retrouva toute sa place dans le système mondial : d’abord comme champ de bataille essentiel aux forces alliées et unique base française de la France libre, déclarée comme telle par le général de Gaulle à la conférence de Brazzaville ; ensuite, comme point de départ des troupes de reconquête vers l’Europe méridionale ; et, enfin, comme centre stratégique et diplomatique de la guerre froide. L’Afrique joua un rôle dans la politique de non-alignement des pays émergents du tiers monde car elle devenait aussi consciente de ses atouts ; cette politique s’exprima à la conférence afro-asiatique de Bandung en 1955 et, l’année suivante, à la conférence animée par les trois initiateurs du non-alignement : Tito (Yougoslavie), Nasser (Égypte) et Nehru (Inde).
    Ce rôle fut renforcé par les indépendances des années 1960-1980 puisque, désormais, les quelque 45 États africains, 53 en comptant les îles, (ils étaient encore loin d’être tous indépendants en 1963, au moment de la création de l’Organisation de l’Unitéafricaine) allaient faire entendre leurs voix aux Nations unies. Il nous faut ici à nouveau mobiliser la cartographie pour bien comprendre les nouveaux enjeux : l’Afrique était au centre des rivalités, sorte de zone tampon essentielle courtisée à la fois par l’Est et par l’Ouest (les États-Unis et l’Europe occidentale d’un côté, l’URSS et la Chine de l’autre), et elle-même déchirée entre les modérés et les radicaux (le « groupe de Monrovia » d’un côté, celui « de Casablanca » de l’autre).
    Depuis la chute du mur de Berlin (le 9 novembre 1989), l’importance de l’Afrique dans le monde n’a pas décru. La fin de la guerre froide, bien qu’elle ait interrompu la concurrence directe entre les deux blocs, n’a pas mis fin au commerce des armes. Celui-ci s’est vu redirigé
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