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Paris vaut bien une messe

Paris vaut bien une messe

Titel: Paris vaut bien une messe
Autoren: Max Gallo
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que de l’avenir de ses
enfants. Une vraie louve qui flairait ce qui était bon pour sa progéniture, se
méfiant de tous mais cherchant à séduire Philippe II ainsi que ces chefs
protestants, l’amiral de Coligny et Guillaume de Thorenc.
    — Mais oui…
    Sarmiento me faisait face et répétait :
    — Mais oui, Guillaume de Thorenc ! Ton frère.
    Elle entendait se servir des hérétiques ou des bons
catholiques selon son avantage. Elle s’était mis en tête de marier sa fille
Marguerite avec Henri de Navarre. Telle était son ambition présente. À cette
fin elle s’était réconciliée avec Coligny. Elle l’avait flatté, pourvu, lui,
l’hérétique, d’un bénéfice de notre sainte Église, avec deux cent mille livres
de revenus, et elle l’avait doté par surcroît de cent cinquante mille livres.
Voilà comment agissait celle qui se prétendait fervente catholique, qui
proclamait qu’elle voulait rétablir la paix entre ses sujets, qu’ils fussent
protestants ou de la vraie religion. Elle ne se souciait ni du Bien ni du Mal
ni de Dieu ni du Diable. Elle ne défendait que ses intérêts.
    Sarmiento avait haussé la voix, levé un bras.
    — Seulement, Coligny est entré au Conseil du roi. Et ce
roué, ce mécréant, cet hérétique a enveloppé Charles IX de ses flatteries,
de ses raisonnements bouffons. Savez-vous ce qu’il veut obtenir ? Que le
monarque envoie une armée aux Pays-Bas pour soutenir contre nous les gueux
hérétiques de Guillaume d’Orange. Et ce pauvre Charles IX écoute, se
laisse séduire, et sa mère ne dit mot, parce qu’elle tient à son mariage, elle
veut la Navarre et le Béarn !
    Sarmiento s’était rassis, avait entrepris de remuer les
braises dans l’âtre. Tel était, avait-il ajouté, le complot. Le père Veron
avait raison. Le loup huguenot était dans la bergerie, l’arbre pourri dans la
futaie.
    — C’est eux ou nous ! avait conclu Sarmiento.
    Il avait donné un coup de talon dans les bûches qui
s’étaient effondrées en une grande gerbe d’étincelles.
     
    Seigneur, je l’avais écouté et m’étais laissé convaincre.
N’étais-je pas là pour venger Michele Spriano ?
    Enguerrand de Mons m’apprit que la troupe de Jean-Baptiste
Colliard, stipendiée par Guillaume de Thorenc, parmi laquelle se trouvait le
tueur de Michele Spriano, avait quitté le Castellaras de la Tour pour rejoindre
Paris.
    — Ils viennent tous, avait murmuré Sarmiento.
    Toute cette diablerie de Nîmes, de Montauban, de Pau, de La
Rochelle commençait à déambuler dans les rues de Paris, à se réunir rue de
Béthisy, à l’hôtel de Ponthieu où habitait l’amiral de Coligny.
    — Ils s’imaginent déjà vainqueurs ! Ils veulent
leur part ! Ce que Coligny a obtenu les a mis en appétit. Ils n’attendent
que la célébration du mariage entre Marguerite et Henri de Navarre pour égorger
les catholiques, partir en guerre contre l’Espagne en envahissant les Pays-Bas.
    Sarmiento avait ricané.
    — Ils ne connaissent pas le duc d’Albe, ils ne savent
pas que je suis capable de comploter aussi bien qu’eux !
    Le père Verdini s’était signé.
    Il avait ajouté de sa voix fluette, presque éteinte, que Sa
Sainteté Pie V priait pour que Dieu voulût bien éclairer le roi Très
Chrétien, retenir Charles IX, l’empêcher de faire la guerre au Roi
Catholique. L’Espagne était avec Philippe II le bouclier et le glaive de
l’Église. Et le pape était tourmenté à l’idée de ce mariage entre une
catholique et un huguenot.
    — Cela ne se fera pas, avait décrété Sarmiento en se
levant. Ou alors Henri de Navarre aura renié sa religion hérétique et rallié la
sainte Église.
    Mais peut-on faire confiance à un renégat ?
     
    Il s’était remis à aller et venir, à parler avec mépris de
Catherine de Médicis, de ses fils, de Marguerite de Valois.
    Charles IX, tout roi qu’il était, n’était qu’un jouet entre
les mains des flagorneurs tels Coligny ou Guillaume de Thorenc. Mais, à la fin,
c’était sa mère qui l’influençait. C’était donc elle qu’il fallait convaincre,
effrayer, acheter même. Il fallait lui promettre une bonne et solide alliance
qui assurerait le pouvoir et la richesse à ses enfants.
    — Une Italienne, une descendante de marchands de
Florence, elle n’est que cela : rien ! avait conclu Sarmiento.
    Quant à ses deux autres fils, Henri d’Anjou et François
d’Alençon, Catherine de Médicis se servait
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