Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
aussi
inaccessible que l’épouse du Grand Turc, étant gardée par ce père inflexible
que j’avais sauvé du couteau des caïmans et que l’éloquence de son confesseur
menait par le bout de son nez rassotté.
    À comparer mon
sort à celui de mes frères, je trouvais là matière à quelque amertume, laquelle
m’eût tout à plein gâté si je ne m’en étais défendu. Passe encore pour mon
Samson de marier sa Gertrude puisque ce mariage, je m’applique à l’aiser,
encore que n’y allant que d’une fesse, y voyant pour mon bien-aimé frère, à
l’usance, quelque incommodité. Mais François ! Celui-là, pour avoir son
rôt, il n’aura pas eu à courre les chemins ni encontrer périls ! Bien le
rebours ! Demeurant quiet au logis, toutes cailles lui choient dans le
bec ! En tuant le Baron-brigand de Fontenac, j’ai rôti les châtaignes
qu’il n’a eu qu’à gloutir, mariant sa Diane, ménageant Fontenac à compte et
demi avec Puymartin, et au surplus – Dieu veuille le plus tard
possible ! — Baron de Mespech ! Et moi qui ai tant galopé, aventuré,
pâti, me voici cadet comme devant, sans l’ombre d’un établissement, et ma
grande amour contrariée.
    Cependant, je
n’écris pas ceci pour faire le pleurard et le lamenteur. Ma complexion ne m’y
porte pas et point davantage ma philosophie. Si le sage prétend qu’à chaque
épreuve, il se sait plus sage et plus triste, je ne me sens point, après ce qui
se passa en Paris, augmenté en malenconie et non plus, s’il faut tout dire,
fort accru en sagesse. Mais quand en Mespech, ma Barberine vient à l’aurore me
réveiller dans mon lit – l’apparessante Gavachette le nez foui en son
oreiller espérant le coup de midi – je m’ococoule dans les beaux tétins de
ma nourrice et me laisse poutouner et calinou-caliner en oc tout le temps qu’il
me faut pour que mes yeux déclosent. Et lecteur ! Pour ne te rien celer,
je trouve fort à mon goût le monde qu’ils aperçoivent à ce déclosement. Fi donc
des mornes et molles plaintes ! Est-ce pas rien que vivre ? Je
remercie tous les jours le Seigneur de m’avoir en Paris gardé entier et en
santé, pour qu’à la vie je puisse mordre encore à dents aiguës et gorge
sèche ! Sanguienne ! Que mon aîné soit Baron de Mespech et demi-Baron
de Fontenac, peux-je dire sans trop me paonner que j’aime mieux toutefois être
moi que lui, préférant mon être à son avoir ! J’ai dans mon escarcelle,
bague et collier en moins, les deux cents écus du Duc d’Anjou et les trois
cents écus de la vente de mes perles. C’est petit pécune. Et petit bagage aussi
mon bonnet carré de médecin et au bout de mon épée, ma botte de Jarnac. Mais
Giacomi et Miroul ne sont pas petits compagnons, non plus que mon bon Suisse de
Berne dont je ne sais s’il voudra demeurer sa vie durant en Mespech, tant il
jase de ses batailles. Et à parler à langue franche, il est des jours aussi où
je ne me vois point établi médecin en Périgueux, moins encore en Sarlat, tant
me démangent les mollets de presser derechef les flancs de ma Pompée sur les
grands chemins du royaume.
    Ce ne sont ce
jour d’hui que rêves, et ce qu’il adviendra de ces rêves, « c’est une
autre paire de manches », comme dit notre ami et allié Brantôme :
expression bizarre que je n’ai jamais ouïe que de sa bouche ni lue que sous sa
plume, étant manifeste qu’on ne sait pas du diable ce que vient faire là cette
« autre paire », la première n’étant pas en question. Toutefois, si
manches il y a, comme le veut notre cousin de Bourdeilles, il se peut que je
les couse un jour à cette vêture de mes jours anciens que je vais tissant, pour
peu que Dieu consente à y prêter la main et me maintienne gaillard le temps
qu’il y faudra.
     
GLOSSAIRE

DES MOTS ANCIENS OU OCCITANS
UTILISÉS DANS CE ROMAN
     
     

    A

    acagnarder (s’) : paresser.
    acaprissat (oc) : têtu
(chèvre).
    accoiser (s’) : se taire
(voir coi).
    accommoder : mal
traiter, ou bien traiter, selon le contexte.
    accommoder à (s’) :
s’entendre avec.
    affiquet : parure.
    affronter : tenir
tête, braver.
    agrader (oc) : faire
plaisir.
    aigremoine : plante de
la famille des rosacées, que l’on rencontre à l’orée des bois, et qui était
utilisée pour guérir l’ulcère de la cornée.
    alberguière : aubergiste.
    alloure (oc) : allure.
    algarde : attaque,
mauvais tour.
    alpargate (oc) :
espadrille.
    amalir (s’) (oc) : faire
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher