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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199
Autoren: Jean (d) Aillon
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il débarrasserait définitivement la terre de ce démon.
    Basile alla chercher quelques carreaux d’arbalète,
de courtes flèches de bois avec une extrémité en métal ébarbée, puis se rendit
dans sa chambre, sortit le flacon des Templiers et y trempa les pointes
dentelées. Retourné sur le hourd, il prit une arbalète, l’arma avec un carreau
empoisonné et la posa à ses pieds.
    Il observa alors que la troupe royale était
largement hors de portée de son arbalète. Il fallait que le roi d’Angleterre se
rapproche. Pour l’y inciter, il se plaça devant une ouverture du hourd, bien
visible avec une rondache [3] à la main.
    — Richard ! Tu n’es pas un lion bien
courageux pour rester si loin de nous ! cria-t-il. On devrait t’appeler
cœur de mouton !
    Mercadier fit signe à un de ses hommes de tirer
sur l’insolent. L’archer s’exécuta mais étant trop loin, Basile arrêta facilement
le trait qui se planta mollement dans la rondache.
    — Si ce maraud croit que j’ai peur !
Approchons-nous ! décida Richard, furieux.
    — Pierre, reste devant le roi ! ordonna
Mercadier au sergent qui tenait l’écu royal.
    Ils avancèrent vers le château. Quand celui-ci fut
à portée, plusieurs archers tirèrent sur l’effronté qui continuait à se montrer
et à les défier en les abreuvant d’insultes. Pourtant, Basile parvenait à
chaque fois à se protéger avec le bouclier.
    Richard se dressa alors sur ses étriers et le
salua d’un signe de la main.
    — Tu es adroit, compaing ! lui
cria-t-il. Mais ça ne t’empêchera pas de finir pendu !
    Jugeant l’instant favorable, Basile s’était baissé
et avait saisi l’arbalète. Il se redressa et tira quasiment sans viser.
    Toute la troupe entendit le sifflement et le bras
de Richard retomba brusquement. Comme le roi était debout sur ses étriers, le
bouclier du sergent d’arme ne lui protégeait pas le haut du corps.
    — Ce démon m’a touché, fit-il en portant la
main à son épaule, juste près du cou.
    Mercadier s’approcha, vit le carreau sortir du
haut de l’épaule et la cotte se rougir. Mais la flèche s’était plantée dans le
muscle, c’était une blessure insignifiante.
    — Ils vont le payer, ragea-t-il en levant un
poing. Descendez, sire, je vais retirer ce fer et vous panser. Henri, file
chercher le chirurgien ! ordonna-t-il à un des chevaliers.
    Déjà deux écuyers aidaient leur roi. La blessure
devait être douloureuse, car Richard grimaçait. Ils l’accompagnèrent sous un
arbre, hors de portée d’une autre flèche.
    Le roi s’assit sur une pierre. On lui ôta son
casque, tandis que Mercadier examinait la blessure.
    — C’est douloureux mais bénin, noble sire.
    — Je sais que ce n’est rien ! Ce chien
de Cadoc m’a déjà touché au même endroit, mais cela m’a immobilisé un mois et
j’ai dû lever le siège du château ! grommela Richard.
    — Il serait prudent que le trait ne reste pas
dans la plaie, fit Mercadier en grimaçant, il pourrait être empoisonné.
Voulez-vous que je le retire ?
    — Tu as raison, enlève-le.
    Mercadier attrapa l’extrémité du carreau et tira
brusquement. Richard ne put se retenir de hurler mais la courte flèche ne vint
pas et le bois se cassa. La cotte du roi devint écarlate.
    — Une dent de la pointe s’est accrochée à
l’os, grimaça Mercadier en appuyant sa main sur l’épaule pour faire cesser
l’hémorragie. Il faudra trancher pour la sortir.
    Un sergent d’arme déchira un morceau de tissu et
fit un sommaire bandage. En serrant les dents, Richard remonta sur son cheval
et ils rentrèrent au camp. On installa le roi dans sa tente et, l’ayant fait
déshabiller, le chirurgien examina la blessure.
    — Ce sera douloureux de sortir ce carreau,
noble sire, prévint-il, embarrassé.
    La corpulence de Richard était telle que le
carreau était noyé dans la graisse de l’épaule. De plus, à cause de
l’intervention de Mercadier, ne dépassait plus qu’un bout de bois brisé.
    — C’est parce que vous n’y connaissez
rien ! le bouscula le capitaine mercenaire. Il suffit de pousser le trait
et de le faire traverser. Je tirerai avec une pince, vous en avez une ?
    — Oui, mais… Le roi va beaucoup saigner, et
souffrir. Les chairs seront abîmées.
    — Je le ferai moi-même, puisque vous en êtes
incapable !
    Ce chirurgien venait de Paris où il avait étudié
la médecine avec Gilles de Corbeil, le médecin du roi de France. Il
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