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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199
Autoren: Jean (d) Aillon
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Chapitre 1
    23 mars 1199
     
    L a
troupe d’une centaine de chevaliers, écuyers, valets d’armes et sergents
s’étalait sur plus de cent toises. Sales et hirsutes, c’étaient des hommes
rudes et sanguinaires. La moitié d’entre eux étaient à cheval et le reste à
pied. Entre les chevaliers et la piétaille avançait une dizaine de chariots,
aux lourdes roues de bois, tirés par des bœufs, et un convoi de mules bâtées
qui haletaient sous l’effort.
    En tête marchaient des porteurs de bannières brodées
du triple léopard d’or d’Angleterre sur gueule écarlate, puis plusieurs
chevaliers en haubert et camail, avec des casques coniques à nasal. Leurs
écuyers, gardiens de leur écu et de leur lance, les escortaient à quelques pas.
    Derrière eux chevauchaient deux nobles seigneurs.
Le plus corpulent portait un haubert de mailles de fer recouvert d’une ample
robe vert foncé descendant jusqu’à ses heuses de cuir. Marquée de la croix
blanche des croisés, cette cotte était barrée d’un double baudrier de cuir où
pendaient une épée de taille à double tranchant et un coutelas. Comme il
faisait encore froid, en ce milieu d’après-midi, il avait sur les épaules un
manteau rouge doublé d’hermine blanche, fermé par une agrafe d’or.
    Ce chevalier était plus ventripotent que
musculeux. Si sa large nuque protégée par un camail témoignait de sa force et
de sa vigueur, à quarante ans passés, sa massive corpulence révélait surtout
les excès de nourriture et de boisson. On ne pouvait distinguer ses traits sous
son heaume conique entièrement doré, surmonté d’une couronne d’or.
    Celui qui chevauchait à côté de lui était plus
petit, mais à l’évidence plus vigoureux, bien qu’il eût certainement le même
âge que son compagnon. Vêtu plus simplement d’un haubert de mailles couvert
d’une cotte courte, la mine sombre, le regard féroce, très brun avec un long
nez au milieu d’une barbe enchevêtrée qui rejoignait ses sourcils, il était
particulièrement effrayant à cause de son casque conique dont le cimier, peint
en rouge et noir, représentait un terrifiant dragon aux ailes déployées.
    Tous deux montaient de puissants palefrois
caparaçonnés. À leur selle pendaient une hache et une épée à deux mains.
Derrière suivaient leurs écuyers avec leurs lances et leurs écus, l’un rouge
aux trois léopards, l’autre blanc palé de rouge, au dragon semblable à celui du
casque. Deux palefrois de rechange, complètement harnachés, les suivaient.
    Au-delà, c’était une longue file de chevaliers et
d’écuyers, puis les gros chariots, le convoi de mules et enfin la piétaille
d’arbalétriers et d’hommes d’armes porteurs de haches, de masses et de
fauchards.
    Le chemin de six pieds de large montait lentement
au milieu de collines de châtaigniers et de chênes, avec un sous-bois
d’aubépines et de houx.
    Personne ne parlait, car le seigneur au cimier en
forme de dragon avait prévenu qu’il tuerait lui-même quiconque ferait le
moindre bruit. Une telle menace de sa part n’était jamais vaine. Même les
oiseaux s’arrêtaient de chanter au passage de la horde. Pourtant ce lourd
silence fut rompu par des bêlements plaintifs quand, d’un chemin de traverse,
quelques moutons apparurent ainsi qu’un molosse qui se mit à aboyer rageusement
en apercevant la troupe.
    — Edward ! cria le chevalier au dragon.
Empêche le berger de donner l’alerte !
    Immédiatement, un des chevaliers saisit la lance
que lui tendait son écuyer et s’élança au galop. Au même moment apparut,
derrière le chien, un jeune pâtre qui ne devait pas avoir douze ans. Lui aussi
découvrit la troupe. Son visage trahit immédiatement sa terreur et il prit ses
jambes à son cou.
    Mais il ne pouvait échapper au cavalier qui le
rattrapa rapidement. En aboyant, le chien tentait de mordre les jambes du
palefroi, aussi le chevalier lui donna-t-il un coup de lance pour l’écarter.
Immédiatement après, il transperça l’enfant puis, ayant retiré sa lance
sanglante, il éventra le chien blessé qui s’en prenait toujours à lui. Les
moutons s’égaillèrent tandis que le meurtrier attendait ses compagnons,
ignorant les deux corps auxquels il venait de prendre la vie.
    La troupe arriva enfin au sommet de l’éminence.
Maintenant le chevalier au cimier de dragon était en tête. Il avait fait
replier les bannières et dissimuler les écus. Devant eux, le chemin
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