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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199
Autoren: Jean (d) Aillon
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une
tour de bois de trois toises jusqu’à la porte du donjon. Avec le bélier
installé à son sommet, la porte fut rapidement enfoncée.
    Les combats à l’intérieur furent d’une rare
férocité, mais les derniers défenseurs finirent par se rendre, submergés par le
nombre. Parmi eux, il y avait le chevalier Pierre Basile.
    Mercadier les aurait volontiers torturés, mais
c’était à Richard Cœur de Lion de décider de leur supplice.
    Bien que l’infection ait gagné tout, son bras
devenu entièrement noir, la douleur avait baissé d’intensité grâce à
l’absorption fréquente de graines de pavot. Pourtant, malgré la drogue, le roi
d’Angleterre gardait toute sa conscience. Sachant que sa fin était proche, il
recevait chaque jour des clercs auxquels il dictait ses dernières volontés en
attendant l’arrivée de sa mère. Le reste du temps, il s’entretenait avec des
prêtres à qui il faisait part de ses craintes sur l’au-delà. Comment serait-il
jugé pour les crimes et les violences qu’il avait commis ? Le roi ne
l’avouait pas, mais il avait peur. Toute sa vie, il s’était vanté de venir du
diable, et d’y retourner à la fin. Maintenant, cette fanfaronnade le
terrorisait.
    Richard était justement avec un de ses chapelains
quand on lui amena les prisonniers aux pieds desquels le forgeron avait mis des
fers. Il les regarda longuement. C’étaient des hommes harassés, blessés ou
tuméfiés, qui espéraient seulement que leur mort ne serait pas trop
douloureuse.
    — Lequel d’entre vous m’a tiré dessus ?
demanda enfin le roi.
    Si Basile était terrifié, il n’était pas un lâche.
Il fit un pas en avant et déclara :
    — C’est moi, sire roi.
    — Que t’ai-je fait, misérable, pour que tu
aies voulu me tuer ?
    — Ce que vous m’avez fait ? répondit
Basile avec surprise. Vos gens ont tué mon père, ma mère et mes deux frères qui
étaient dans le village. Tous étaient vos serviteurs et de braves gens
innocents.
    Se sachant perdu, il lança alors avec
bravade :
    — Mon bonheur est complet puisque je les ai
vengés. Fais-moi mourir, roi, je brave ta colère.
    Mercadier s’avança pour frapper l’insolent, mais
le roi l’arrêta d’un regard vitreux. Curieusement, ce fier discours l’avait
touché et il ne savait que décider.
    C’est alors qu’un des prêtres présents
intervint :
    — Noble sire, dans sa grande clémence, Dieu
pardonne toujours à ceux qui sont miséricordieux.
    Richard le considéra un moment, puis il comprit
que c’était une épreuve que le Seigneur lui envoyait.
    — Mon ami, dit-il à Basile, je te pardonne.
Sois libre. De mon cœur généreux, tu seras un exemple. Mercadier, tu lui feras
ôter ses fers et donner de l’argent. Quant aux autres, ils se sont bien battus…
Qu’on les laisse partir sans plus les faire souffrir.
     
    C’est peu avant Noël, et sous la neige, que Robert
de Locksley avait quitté son château de Huntington, aux marches du pays de
Galles, pour se rendre à Hereford plaider sa cause auprès du bailli et de
l’évêque. Personne à Hereford, ville saxonne qui avait obtenu sa charte de
Richard dix ans plus tôt, n’aimait le prince Jean, aussi tant le bailli que
l’évêque avaient reconnu le bien-fondé des revendications de Locksley. Mais ils
ne pouvaient s’opposer au Grand trésorier d’Angleterre.
    L’injustice que soulevait le comte de Huntington
portait sur son scutum [4] qui venait d’augmenter à un niveau déraisonnable. Le scutum était une taxe
imposée aux chevaliers qui ne se battaient pas en France et qui servait à payer
les mercenaires. Jusqu’à présent, cet impôt était élevé, mais le domaine de
Huntington avait pu s’en acquitter. Or la somme exigée cette année couvrait
presque la totalité des revenus encaissés. Pour Locksley, c’était encore un des
fourbes procédés qu’utilisait le prince Jean – John Lackland [5] comme on
l’appelait – qui, en l’absence de son frère, avait la charge du royaume
d’Angleterre. Peut-être était-ce pour se venger des avanies que Locksley lui
avait fait subir, mais ce n’était certainement pas l’unique raison, car le
comte de Huntington n’était pas le seul à être ainsi pressuré. Tous les barons,
surtout ceux d’origine saxonne, avaient reçu de telles exigences du Grand
trésorier d’Angleterre et ils se doutaient bien que l’argent n’irait pas à
Richard, mais resterait dans les mains de Jean qui le
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