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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras
Autoren: Max Gallo
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chrétienté contre les musulmans, la Juste Foi contre les mécréants. Moi, cadet des Thorenc, je devais être capable de me dresser contre le monarque qui trahissait sa foi en ayant partie liée avec les infidèles et les hérétiques. Je devais me séparer des miens qui le suivaient.
    Il faudra, Seigneur, que je fasse une confession détaillée de ce que mon père, mon frère et jusqu’à ma sœur Isabelle appelaient ma félonie, et que le père Verdini nommait fidélité à Dieu et à la sainte Église.
    Plus tard, à Alger, où je fus captif des infidèles durant plusieurs années, j’appris à être d’abord chrétien avant d’être sujet du roi de France.
    Je découvris que, pour les infidèles, quelles que fussent nos origines, vénitiennes ou espagnoles, françaises ou génoises, nous étions des misérables dont la vie ne valait pas plus qu’un grain de sable. J’ai vu des hérétiques empalés, d’autres, adeptes de la secte luthérienne, ont eu devant moi les oreilles et le nez tranchés comme s’ils avaient été de bons chrétiens, non des « mal-sentants de la foi ».
    Les musulmans ne préservaient la vie que de ceux dont ils espéraient tirer bonne rançon.
    Peut-être, Seigneur, est-ce le souvenir de ce que j’ai vécu et appris au long de ces années passées dans les prisons et les chiourmes musulmanes qui a fait qu’avec le temps, à la fin de ma vie, j’ai rejoint le parti de la paix entre chrétiens et retrouvé ainsi le service de mon roi ?
    Mais, ce 15 septembre 1571, à Messine, j’avais honte que le capitaine Ruggero Veniero ne pût montrer, parmi la flotte de la Sainte Ligue, une seule galère du roi Très Chrétien. Parmi les cent mille hommes qui allaient prendre la mer au nom du Christ, nous n’étions que quelques-uns à être venus du royaume de France.
    L’un d’eux, Enguerrand de Mons, se trouvait à bord de la Marchesa.
    Lorsque je m’étais présenté à Ruggero Veniero, il se trouvait à la droite de notre capitaine. Il portait la cape blanche à croix rouge des chevaliers de Malte et dominait Veniero de la tête et des épaules. Il avait fait mine de ne pas me reconnaître alors que nos routes s’étaient déjà croisées à maintes reprises.
    Nous nous étions battus sur les berges de notre rivière, la Siagne. Plus aguerri et plus agile que moi, il me rossait, me traitant de mécréant, de félon, d’hérétique, de renégat. Il me laissait pantelant, couché au milieu des branches cassées, puis il regagnait la rive droite de la Siagne. Là s’étendait, jusqu’à Draguignan, Lorgues et Montauroux, la seigneurie des Mons, alors que nos propres terres couvraient la rive gauche de la rivière, d’Andon à Saint-Vallier, de Cabris à Grasse.
    La demeure des Mons, qu’on appelait la Grande Forteresse, surplombait la rivière et faisait face à notre Castellaras de la Tour.
    Nos familles étaient rivales, ennemies, même, et j’avais d’abord relevé le gant, voulant moi aussi terrasser celui des Mons que la volonté de Dieu avait placé en face de moi.
    C’était Enguerrand de Mons. Et mon père comme mon frère me félicitaient de mon intrépidité.
    Mon père me racontait comment les Mons avaient toujours trahi le roi de France, cherchant protection auprès du duc de Savoie dont les États s’étendaient jusqu’au Var et qui régnait sur Nice.
    Les Thorenc, au contraire, avaient défendu les droits du roi Très Chrétien en harcelant les Mons et le duc de Savoie.
    — Le duc et les Mons sont les hommes liges de Charles Quint et de Philippe II ! s’emportait mon père.
    Il me racontait comment il avait accompagné le roi François à Madrid, là où Charles Quint le retenait prisonnier. Il avait fallu rassembler une rançon d’un million deux cent mille écus d’or pour que l’empereur libérât le roi de France, exigeant pour garantie du paiement que lui fussent livrés les fils de ce dernier.
    Cette humiliation infligée au roi de France jamais ne pourrait être oubliée, répétait mon père. Le roi des Espagnes, comme ceux qui le servaient et qui avaient déjà été les hommes liges de Charles Quint, seraient toujours nos ennemis. Pour les combattre, on pouvait s’allier avec le diable. Et j’avais entendu mon père déclarer : « Tout ce que l’on pourra susciter et entretenir de grabuge dans les États d’Espagne et parmi les alliés de Philippe sera à l’avantage du roi de France et devra être accompli. »
    Seigneur, je le
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