Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
l’antisémitisme promu : en octobre 1940, un premier décret organise l’exclusion méthodique des Juifs français de la communauté nationale.
Repères
– 1939 (3 septembre) : déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre à l’Allemagne
– 1940 (22 juin) : signature de l’armistice ; 10 juillet : pleins pouvoirs à Pétain
– 1941 (22 juin) : attaque allemande contre l’URSS ; décembre : attaque japonaise à Pearl Harbour
– 1942 (8 novembre) : débarquement anglo-américain en Algérie
– 1944 (25 août) : libération de Paris
– 1945 (8-9 mai) : capitulation allemande
Durant ce même mois d’octobre 1940, à la suite de sa rencontre avec Hitler dans le petit village de Montoire, dans le Loir-et-Cher, le maréchal, oubliant la prétendue neutralité à laquelle la moitié de la France qu’il contrôle était censée s’astreindre, déclare « entrer dans la voie de la collaboration avec l’Allemagne ». La chasse au résistant, les fusillades d’otages, les persécutions raciales se feront avec l’active participation des autorités françaises ; 140 000 personnes seront déportées, dont 75 000 Juifs, envoyés vers les camps d’extermination. On comptera 2 500 Juifs sur les 40 000 survivants.
« L’État français » fut-il « la France » ? D’autres Français décidèrent que non. À Londres, avant même que ne soit signé l’armistice, le général de Gaulle appelle à ne pas cesser le combat, la poignée de « Français libres » qui le rejoignent finiront par créer une armée qui s’illustrera aux côtés des Alliés sur les différents théâtres d’opérations, en Afrique du Nord, en Italie. En France, dès ce même été 1940, par une proclamation, un tract, une manifestation spontanée, des centaines d’individus montrent qu’eux aussi refusent l’asservissement. Ils sont l’embryon de ce grand mouvement clandestin et complexe qui ne cessera de grossir : la Résistance. Les Français libres de l’extérieur et, à l’intérieur, les maquis ou les réseaux participent activement à la libération du territoire durant l’été 1944. Puis les deux forces, rassemblées en une armée de plus d’un demi-million d’hommes, participent à la campagne d’Allemagne et à la défaite finale du nazisme. Cela permet à de Gaulle, chef du gouvernement provisoire de la République, d’imposer, contre toute attente, un Français à la table des vainqueurs, à côté des alliés américain, anglais et russe.
La Seconde Guerre mondiale. Il n’est pas question ici d’entrer plus avant dans le détail d’un tel épisode de l’histoire du xx e siècle. Comment traiterait-on en quelques pages d’un sujet qui continue à susciter chaque année tant de livres, de films, de passions, de débats ? Précisément. Notre ouvrage entend depuis le début traiter non seulement de l’histoire de notre pays, mais aussi de la façon dont elle existe dans nos mémoires. La période 1939-1945, parce qu’elle reste l’objet d’une véritable fièvre obsessionnelle, parce qu’elle représente toujours « un passé qui ne passe pas », selon le titre d’un excellent ouvrage publié au début des années 1990 1 , nous donne l’occasion d’un exercice assez paradoxal dans un livre traitant d’histoire : mettre en garde contre les excès de son usage.
Une mémoire qui évolue
Le sujet est sensible, essayons d’être clair et précis dans nos propos.
D’innombrables historiens et bien des citoyens ont travaillé, travailleront encore pour nous aider à comprendre cette période, c’est tant mieux. Grâce à eux, des évolutions importantes ont eu lieu. Songeons par exemple à la lente prise en compte de la centralité, dans le projet nazi, de l’extermination des Juifs. Non que la persécution raciale ait jamais été occultée, mais elle était pour ainsi dire noyée dans l’océan du malheur produit par la guerre. Il a fallu le travail opiniâtre de quelques-uns – depuis l’historien américain Raul Hilberg dans les années 1950 jusqu’au cinéaste Claude Lanzmann et son documentaire Shoah , sorti en 1985 – pour qu’on comprenne que ce génocide, par sa nature – la volonté méthodique d’éliminer une communauté humaine entière de la surface de la terre –, devait avoir une place particulière dans l’histoire de la barbarie. Ce travail continue et s’étend. Ainsi, peu à peu, en apprend-on plus sur
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