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No Angel

Titel: No Angel
Autoren: Jay Dobyns
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tabouret. Les deux mains autour de sa bière, il fixa la télé, qui diffusait une interview de Colin Powell entrecoupée d’images de talibans d’Afghanistan. Rêveur, Abraham dit :
    — Mon vieux, sacré putain de marché.
    On garda le silence, Varvil et moi. On ne comprenait pas ce qu’il voulait dire. Il ajouta :
    — Mon vieux, si je pouvais, je construirais un putain de pont entre l’Afghanistan et la porte de ma boutique…
    Varvil fut scandalisé.
    — Qu’est-ce que tu racontes, Bob ?
    — Je vendrais des armes à ces Arabes, voilà ce que je raconte !
    Il braqua le goulot luisant de sa bière sur un groupe de talibans barbus.
    Varvil faillit s’étrangler.
    — Pour qu’ils puissent tuer des Américains avec ?   !
    — Merde, ouais ! J’en ai rien à foutre. L’argent c’est l’argent, et si un fils de pute a besoin d’un flingue, je suis son homme.
    Je lâchai :
    — Mec, tu déconnes complètement.
    Varvil, ancien marine, regarda Abraham comme s’il avait la lèpre et se remit à boire.
    Abraham changea de sujet.
    — Hé, Bird, tu fais quelque chose demain ?
    — Pas vraiment.
    — Je vais tirer dans le désert. Tu veux venir ?
    — En quel honneur ?
    Il but une longue gorgée de bière.
    — C’est le lundi du Nègre. Je sais que ces fainéants de fédéraux prennent toujours cette journée pour boire de la bière et se retrouver, donc je suis sûr de pas me faire piquer, en plein bush, avec mes jouets les plus marrants.
    Il se tapota la tempe du bout de l’index, montrant son cerveau, que j’aurais pris plaisir à écrabouiller si cela avait été possible.
    Je répondis que je ne pourrais probablement pas, je finis ma bière et m’en allai.
    Je ne pris pas de congé pour Martin Luther King’s Day. Je rédigeai des rapports, concentrant mon attention sur Abraham, et j’allai chercher une livraison de silencieux dans l’atelier de Holt. Du matin au soir je pensai : Abraham, putain de gros connard, il y a au moins un agent fédéral qui travaille pendant ce week-end prolongé, et, un jour, tu passeras un peu plus de temps en prison parce que j’ai décidé de bosser le « lundi du Nègre » 2002.

4
 
SAUTERIE AU HARRAH’S
    Janvier-avril 2002
     
    Fin janvier, j’allai au Florence Prison Run.
    Florence, Arizona, est une petite ville en plein désert, qui se distingue principalement par la présence du centre de détention le plus vaste de l’État, et du pays. Des milliers de motards s’y rassemblent et défilent jusqu’au complexe pénitentiaire en une masse énorme de chrome, d’acier, de cuir et de toile de jean, afin de rendre hommage à ceux qui ont la malchance de purger une peine d’emprisonnement. Tandis que la colonne dépenaillée passe lentement devant la cour, les détenus en combinaison orange, enfermés derrière des centaines de mètres de fil de fer barbelé se tiennent au repos alors que les motards saluent, crient et hurlent. En vue de maintenir un semblant d’ordre, il y a un vrai déploiement des forces de police. Hélicoptères, blindés, voitures de patrouille, motos, quatre-quatre, fourgons cellulaires... toute l’armada.
    Varvil n’y vint pas, mais il avait raison : c’était vraiment un spectacle inoubliable.
    Je m’y rendis en compagnie d’un informateur lié à une affaire de Los Angeles. Il s’appelait Mike « Mesa Mike » Kramer. C’était un des rares Angels que nous ayons retournés mais, à l’époque, son agent traitant, John Ciccone, de l’ATF, ne savait pas au juste pourquoi il avait changé de camp. Pendant le run, Mesa Mike me présenta à quelques-uns de ses proches amis : Cal Schaefer, Kevin Augustiniak et Paul Eischeid, des Angels de Mesa. Il m’en montra quelques autres : Bad Bob, président de Mesa, et Whale, son vice-président, Smitty, de Bullhead, que je reconnus facilement, et un nommé Chico, de Phoenix. Mike me conseilla vivement de ne pas me frotter à Chico, qui était capable de tuer n’importe qui – flic, femme, enfant, chien, lapin, même un frère des Hells Angels s’il le méritait – sans que ça l’empêche de dormir.
    Ensuite, je retournai à la planque de Bullhead. C’était une maison située dans une impasse, Verano Circle. La décoration évoquait un abri antiaérien pour accro à la meth. J’avais cloué des plaques de contreplaqué sur les fenêtres. Toutes les portes, hormis celle de l’entrée, étaient barricadées avec une planche. Le séjour était un
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