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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent
Autoren: Sue Harrison
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bienvenus ainsi que tout chasseur qui vient en ami. Nous avons de la nourriture, de l'huile et une bonne plage. Ensemble nous pouvons constituer un village plein de force. Ensemble nous pouvons chasser et enseigner l'art de la chasse à nos fils. Qui peut dire pourquoi une montagne se met en colère et détruit un village ? Peut-être est-ce quelque chose que les hommes ne peuvent comprendre. Mais nous devons continuer, nous devons chasser, manger et vivre.
    — C'est toi l'imbécile, Samig, répondit Oiseau Crochu.
    Puis le Corbeau appela :
    — Samig, peu m'importe ce que font ces Chasseurs de Baleines. Je me moque qu'ils se battent ou non. Je suis venu pour Kiin. Tu ne peux modifier ma décision avec des paroles.
    — J'ai dit que je te combattrai. Au matin, sur cette plage.
    — Sur la plage, maintenant.
    — On ne voit rien.
    — Allume des feux. J'attendrai.
    — Viens quand tu es prêt.
    Sur ces paroles, Samig retourna dans son ulaq, à ses femmes et ses enfants, à ses armes. Pendant ce temps, Kayugh et Longues Dents rassemblèrent des os de phoque, de l'huile, du bois et de l'herbe. Ils démarrèrent deux feux, un à chaque extrémité de l'endroit où les hommes lutteraient.
    — Oreilles d'Herbe et ses épouses, Poils au Menton et ses enfants, Lanceuse d'Ardoise et son mari, deux femmes Chasseurs de Baleines, dit Femme du Ciel.
    — Il y en a beaucoup d'autres, remarqua sa sœur.
    Mais Femme du Ciel ne répondit pas. Penchée sous
    le poids, chacune avançait, les bras chargés de nattes mortuaires.
    — Les enfants ? s'enquit Femme du Ciel.
    — Certains ont été tués, et tous les hommes, et la moitié des femmes.
    Femme du Ciel regarda la demeure de Chasseur de Glace.
    — L'épouse de mon fils ? demanda-t-elle dans un murmure.
    — Elle est vivante. Elle est avec les enfants. Mais la femme d'Oiseau Chante est morte.
    — Qui prend soin de son bébé ?
    — Sa sœur. Sois heureuse que ton fils et tes petits-fils soient saufs.
    — Ils sont avec le Corbeau, répondit Femme du Ciel. Ils ne sont pas en sécurité.
    — Ils nous reviendront.
    Sa sœur se raidit sous le poids des nattes mortuaires.
    — C'était à cause des bébés — les fils de Kiin.
    — Ils sont vivants tous les deux, déclara Femme du Ciel. Je lui ai dit d'en donner un aux esprits, mais elle a refusé. Elle a prétendu que Takha était mort, mais c'était faux. Quand les bébés étaient petits, nous aurions pu en prendre un. Cela n'aurait posé aucune difficulté.
    — C'est toujours difficile de prendre une vie.
    — Pour en sauver autant ?
    — Je n'ai, quant à moi, jamais été convaincue que c'était à nous de faire ce choix. Alors ne te reproche rien. Moi aussi je savais que Takha était vivant.
    — Comment le savais-tu ? s'étonna Femme du Soleil. Tu n'as pas de rêves.
    — Non, c'est exact. Mais je te connais. Je sais ce que je vois dans tes yeux et je savais que les fils de Kiin étaient vivants.
    — Celui qui était malfaisant. Il aurait dû mourir.
    — Non, sœur, protesta Femme du Ciel. Il n'était pas mauvais. En cela, tes rêves se sont trompés. Le mal se sert de ce qu'il a pour provoquer de la douleur. Le mal est dans le Corbeau. Si quelqu'un doit mourir, c'est lui. Si les bébés de Kiin étaient morts, le mal nous serait parvenu par un autre moyen. Sinon, pourquoi tout cela ? ajouta-t-elle en levant les bras et en désignant du menton les nattes mortuaires.
    Kukutux était assise dans l'ik, avec les autres femmes. De là, le village n'était qu'une masse obscure sur la rive, mais tandis que les feux prenaient, elle distingua les monticules formés par les ulas, distingua les gens rassemblés sur les toits. Kukutux courba le dos, ce qui soulagea la crampe qui tenaillait ses muscles.
    J'aurais dû rester au village Morse avec Elle Pleure et Nombreux Bébés, se dit-elle. J'ai besoin de passer des jours sur la plage ; j'ai besoin de coudre et de tisser, de chercher des clams et des oursins.
    Mais Waxtal avait voulu qu'elle voie le village où il serait bientôt chef, et il refusait d'aller la rechercher au village Morse une fois la bataille emportée.
    Kukutux secoua la tête. Ce n'était pas un village — quatre, cinq ulas, quelques claies de séchage et une poignée de chasseurs. Mais ce n'était guère pis que chez eux, au fond. Et les logis étaient en bon état, les habitants, à ce qu'elle en voyait, semblaient robustes et en bonne santé.
    — Il n'y a ici aucune malédiction,
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