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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent
Autoren: Sue Harrison
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murmura-t-elle.
    Mais Samig était là. Elle avait entendu sa voix et elle s'en souvenait — le Traqueur de Phoques qui était venu dans leur village, qui avait appelé de nombreuses baleines. Roc Dur l'avait-il oublié ? Avait-il oublié les baleines données par le jeune homme ? Leur village n'avait jamais été aussi prospère. La malédiction était arrivée lorsque Roc Dur avait obligé Samig à ne plus chasser, lui confiant une tâche de gamin au lieu de l'honorer comme un homme. Peut-être la malédiction venait-elle autant de Roc Dur que de Samig.
    Elle maintint l'ik bien à l'écart de la plage afin que les feux ne trahissent pas l'attente des femmes et des enfants.
    Le Corbeau se battrait, Roc Dur était d'accord. Puis, si Samig n'était pas mort, viendrait le tour de Roc Dur, puis d'un autre chasseur, et un autre, jusqu'à ce que Samig meure et que la malédiction ne pèse plus sur les Chasseurs de Baleines.
    Et s'il n'y avait pas de malédiction ? songea Kukutux.
    Il arriva revêtu de son long manteau de plumes, un couteau dans chaque main, les cheveux flottant sur ses épaules. Il était grand et mince. Un seul bras de Samig était épais comme deux du Corbeau, mais Samig ne pouvait quitter des yeux les mains de l'homme, intactes et puissantes, chacune armée d'un couteau à longue lame.
    Deux mains robustes. Deux mains puissantes contre sa faiblesse. Samig secoua la tête pour chasser le doute et dénoua l'attelle d'os de son index. Il plaça le couteau d'Amgigh dans sa main droite et serra les doigts autour du manche.
    — Toi, le Corbeau des Morses, tu as deux couteaux, s'écria Samig.
    Il attendit qu'on traduise ses paroles mais le Corbeau répondit vivement.
    — Va chercher un autre couteau, railla-t-il, hilare. J'attendrai. Le combat doit être équitable.
    Samig perçut la moquerie et, le cœur lourd, comprit que le Corbeau était au courant pour sa main. Il se tourna vers les hommes réunis près de lui sur la plage, ceux qui se tenaient dans la lumière orangée des feux, et tendit son bras gauche. Son père lui offrit le sien, également façonné par Amgigh. C'est alors que Petit Couteau surgit des ulas. Levant son couteau du fourreau suspendu à son cou, il dit :
    — Père, tu es homme de deux peuples. Que ta force vienne de deux tribus.
    Kayugh hocha la tête et recula. Samig accepta l'arme de son fils. C'était un couteau court. La lame, jaillissant de l'espace entre le pouce et l'index, n'était pas plus longue que le pouce de Samig et le manche tenait aisément dans la paume de la main. La lame d'andésite était de facture grossière, mais la pointe en était aiguë comme un harpon à baleine.
    Samig tournait les talons pour faire face au Corbeau quand Petit Couteau lui saisit le bras et l'obligea à pivoter de nouveau.
    — Attends. Ce sera mieux ainsi.
    Il plaça alors la lame pointe en bas par rapport au poignet de Samig.
    — Pour lancer, expliqua Petit Couteau en faisant de la main un geste vers le bas.
    — Oui, oui, dit Samig en se tournant une fois de plus vers son adversaire.
    Le Corbeau se débarrassa de sa longue cape, s'étira de tout son long et attendit. Samig ôta son parka. Le vent nocturne était glacé sur sa peau, mais il ne sentait que la fermeté des couteaux dans ses mains. Il avança la main droite, lame vers le haut, gardant le bras gauche le long du corps.
    — Tu as dit que ce combat devait être équitable, dit Samig au Corbeau.
    — Tu te plains de ta main ? Je ne t'oblige pas à te battre. Donne-moi Kiin et je m'en vais.
    — Ce combat n'est pas équitable parce que j'ai de la force gagnée par la prière et le jeûne.
    — Tu crois que je ne prie pas ?
    — L'homme qui cherche cet esprit plus grand que lui n'a pas besoin d'un couteau pour prouver son pouvoir.
    — Fou ! dit le Corbeau. Personne ne m'est supérieur !
    — Prétends-tu que ton pouvoir est égal au pouvoir des esprits ?
    — Oui. J'appelle les esprits. Ils font ce que je leur demande. Tu ne les vois pas, mais il y a des esprits dans les feux, des esprits qui planent dans l'obscurité. Écoute.
    Soudain, une voix surgit au-delà des flammes, un cri comparable aux chants de deuil des femmes.
    — Ton esprit Grand-mère pleure déjà ta mort, dit le Corbeau.
    Une deuxième voix parvint du feu derrière Samig.
    — Il n'y a pas d'espoir pour toi, Samig, dit la voix. Tu m'auras bientôt rejointe dans le monde spirituel.
    Samig faillit se retourner mais il resta calme, habité par
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