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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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blessure de ta main. Tu peux pagayer, n'est-ce pas ? Mais je vais de ce pas annoncer à Petit Couteau qu'il n'a plus de père. Peut-être décidera-t-il d'emmener Takha avec lui chez les Chasseurs de Baleines. Tu n'auras alors plus aucun souci à te faire pour tes fils. Il est bon que Kiin et Shuku soient repartis avec le Corbeau. Du moins n'as-tu pas à t'inquiéter pour eux. Ou peut-être, ajouta Kayugh en se relevant, es-tu tellement tracassé à ton sujet qu'il n'y a plus de place pour les autres.
    Samig bondit sur ses pieds et fit face à son père.
    — Tu ne t'es jamais soucié de moi. Tu ne pensais qu'à Amgigh. Je donnerais ma vie pour le ramerisr. Mais cela ne se peut pas. Je me suis promis d'élever le fils de Kiin, de le former comme Amgigh l'aurait fait. C'est tout ce que je peux faire pour Amgigh ; mais comment vais-je y parvenir, maintenant ?
    — Jamais tu ne dois croire qu'Amgigh était plus proche de mon cœur que toi. Peut-être n'es-tu pas fils de ma chair, mais tu es fils de mon esprit.
    Sur quoi Kayugh marcha en direction des petits monticules de terre et d'herbe qui étaient les ulas des Premiers Hommes. Samig le regarda s'éloigner. S'il était grand-père, Kayugh avait toujours la démarche et le oort assurés et puissants d'un chasseur. Comme s'il savait que Samig l'observait, Kayugh se retourna et dit d une voix forte :
    — Il y a dans la chasse bien plus que la seule habileté manuelle. N'oublie pas l'esprit. N'oublie pas le cœur.
    Il abandonna alors Samig à sa solitude.
    7
    Chagak quitta son ouvrage des yeux au moment où Kayugh descendit le rondin à encoche qui donnait accès à l'ulaq.
    — Tu l'as trouvé ? s'enquit-elle.
    — Il est sur la plage.
    Kayugh se rendit dans sa cache d'armes. Fouillant dans un panier plein de têtes de harpon, il choisit une lame fine d'obsidienne, noire, presque translucide, une des plus belles d'Amgigh. Kayugh la tint un moment contre sa joue.
    Chagak avait porté la douleur de la mort d'Amgigh comme une pierre dans sa poitrine tout au long de cette longue lune, et maintenant, à la vue du visage attristé de Kayugh sa gorge se serra et des larmes lui brûlèrent les yeux.
    Depuis le coin aux armes, Kayugh parla d'une voix presque aussi ténue que celle d'un garçon.
    — As-tu l'impression, femme, qu'en élevant nos enfants j'ai favorisé Amgigh par rapport à Samig ?
    Ces paroles douloureuses atteignirent Chagak en plein cœur. Elle dut attendre un moment avant de pouvoir répondre. Elle passa la paume de ses mains sur ses joues et ferma les yeux pour refouler ses larmes, puis elle s'avança vers son époux, s'appuya contre son dos et posa les mains sur ses épaules.
    — Il n'existe pas de meilleur père que toi. Demande à Baie Rouge, à Mésange. Mésange n'est encore qu'une enfant, mais elle sait. Tu as été juste avec tes deux fils, mais ils étaient différents ; tout le monde l'est. Tu n'as pas favorisé un fils ou l'autre du simple fait que tu les as traités différemment.
    — Samig pense que...
    — Quoi que dise Samig, n'oublie pas qu'il a perdu plus que chacun d'entre nous. Pas seulement un frère, mais Kiin et Shuku, le fils de Kiin, sans oublier l'usage de sa main. Tu sais que le chagrin ne se contente pas de vriller le cœur, il obscurcit la vision. Seuls les grands sages distinguent le bien sur la terre quand ils sont en deuil.
    Kayugh acquiesça d'un signe et reposa la tête de harpon dans le panier. Il se releva et attira Chagak qu'il serra contre lui.
    — Crois-tu qu'il rechassera un jour ? demanda Chagak d'une petite voix.
    — Samig ? demanda Kayugh dont la bouche effleurait l'oreille de Chagak.
    Elle hocha la tête.
    — Oui, répondit Kayugh. Je ne sais pas comment, mais il y parviendra.
    Kayugh recula d'un pas pour poser les yeux sur sa femme.
    — Ne doute pas de ton fils. Il te ressemble. Il n'abandonnera pas tant qu'il n'aura pas trouvé un moyen.
    — Samig?
    Samig respira profondément. C'était Trois Poissons. Pourquoi fallait-il qu'elle le traite comme un gamin qu'on doit encore surveiller.
    — Je suis là, dit-il en se levant.
    Trois Poissons sourit.
    — Je t'ai apporté à manger, dit-elle en tendant un panier de poissons séchés.
    Samig se rassit en tailleur comme s'il était encore chez les Chasseurs de Baleines.
    — Je n'ai pas faim, Trois Poissons.
    — Comment pourras-tu chasser si tu as le ventre vide ? objecta la jeune femme en s'accroupissant à côté de son mari. Mange,

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