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Métronome

Métronome

Titel: Métronome
Autoren: Lorànt Deutsch
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lieutenant-colonel fusillé en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.
    Les coups de boutoir du baron Haussmann transforment la ville en un immense chantier. Il en sort une capitale aux larges avenues. Un décret repousse les limites de la cité jusqu’aux fortifications : Auteuil, Passy, Montmartre, Belleville s’intègrent et portent à vingt le nombre des arrondissements. La place du Château-d’Eau, pas encore baptisée place de la République, est agrandie en 1862. La quasi-totalité des salles du boulevard du Crime disparaît dans l’opération…

Les théâtres les plus importants, refusant de mourir, s’en vont ailleurs. Le théâtre Historique devient le théâtre du Châtelet, le Cirque olympique se transforme en théâtre de la Ville, également place du Châtelet. La Gaîté déménage rue Papin pour se muer en Gaîté-Lyrique. Les Folies-Dramatiques se transportent rue René-Boulanger, puis abritent un cinéma dans les années trente. L’Ambigu est épargné, mais détruit en 1966 pour être remplacé par une banque… Le permis de démolir est signé par André Malraux !
Si l’on se promenait boulevard du Crime ?
    D’abord, il nous reste le film de Marcel Camé réalisé en 1945, Les Enfants du paradis , chef-d’œuvre absolu qui recrée avec réalisme et poésie le boulevard du Crime, ses comédiens, son public ; ses marlous…
    Mais on trouve aussi des traces plus directes. Situé au 41, boulevard du Temple, le théâtre Déjazet, construit en 1851, a échappé aux travaux de démolition du baron Haussmann. Appelée successivement Folies-Majer, Folies-Concertantes, Folies-Nouvelles, la salle fut achetée en 1859 par Virginie Déjazet, célèbre actrice de l’époque. Fermé en 1939, transformé en cinéma, ce théâtre aurait pu devenir un supermarché, en 1976, si le monde des arts et du spectacle ne s’était pas mobilisé.
    Vers l’Est, le Cirque d’hiver, rue Amelot, est un autre rescapé. Édifié en 1852, il se situait à l’extrémité du boulevard du Crime. Également transformé en cinéma au tout début du développement du Septième Art, il redevint un cirque en 1923 et vit défiler les grands noms de la piste : Bouglione, Fratellini, Zavatta…
    À l’ouest, le théâtre de la Porte Saint-Martin est aussi un des rares descendants du boulevard du Crime. D’abord opéra voulu par Marie-Antoinette, puis théâtre dans lequel on se battit pendant la Commune ! Enfin, le théâtre actuel fut reconstruit en 1873.
    Durant dix-huit ans, le second Empire fait de la capitale une fête bourgeoise. Les guerres se déroulent au loin, en Crimée ou au Mexique, la spéculation heureuse et la Bourse en pleine santé rassurent l’investisseur intrépide, des fortunes se fabriquent, des industries se développent, alors on danse faubourg Saint-Germain, devenu l’artère centrale de la ville luxueuse.
    Le grand moment de cette France du progrès est l’Exposition universelle de 1867. Pour cette occasion exceptionnelle, un gigantesque palais circulaire tout de fer, de verre et de brique couvre le Champ-de-Mars. Cet éphémère ensemble aux formes audacieuses et modernistes est le cœur d’un Paris nouveau. Le 1 er avril, la grand-messe commerciale est inaugurée par l’empereur, le temps est éclatant, les rayons du soleil jouent avec la verrière et, dès les premières heures de la matinée, une foule immense s’est agglutinée près des entrées. On a réuni ici les arts et les techniques de toutes les civilisations, on y voit les derniers modèles de locomotives, des tipis indiens, de surprenantes applications de l’électricité et des maisons japonaises en papier. Quarante-deux mille exposants sont venus présenter leurs inventions ou leurs créations. Chaque État a voulu marquer sa puissance : le stand anglais prend la forme d’une haute pyramide dorée matérialisant le volume d’or extrait des gisements d’Australie et, plus inquiétant, la Prusse exhibe l’énorme canon Krupp ; personne ne veut comprendre le défi et la menace, le ton est à la fête.
    Les impasses sordides, les culs-de-sac obscurs ont cédé sous la pioche des démolisseurs. La ville est maintenant percée d’avenues larges et aérées, voies glorieuses bordées d’immeubles aux façades de pierre couronnées de coupoles d’ardoise. La nuit, l’éclairage au gaz illumine Paris et le métamorphose en un divertissement perpétuel. Le nouveau lieu nocturne à la mode est le grand
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