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Mélancolie française

Mélancolie française

Titel: Mélancolie française
Autoren: Eric Zemmour
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frontières, État, ferait le lit idéologique d’un libre-échangisme mondialisé et d’une finance internationalisée et surpuissante – dont les centres vitaux étaient à Londres et à New York. Celui-ci prendrait alors un avantage décisif sur un capitalisme industriel, qui avait pourtant réussi le « miracle », après les destructions inouïes de la guerre, de remettre la vieille Lotharingie continentale au cœur de l’économie-monde. La mer (par où passait l’essentiel du commerce international) submergeait une fois encore la terre (que les usines abandonnaient). L’internationalisme d’extrême gauche avait servi d’idiot utile au capitalisme financier anglo-saxon. Comme si Carthage avait utilisé la révolte de Spartacus pour vaincre Rome.
    L’assimilation à la française blessait et meurtrissait les amours-propres identitaires, mais favorisait un rapprochement réel des conditions économiques et sociales, dans le cadre d’une homogénéisation culturelle. La modernité multiculturelle, fondée sur la « diversité », soigne les amours-propres identitaires, mais fait accepter un formidable accroissement des inégalités économiques. Pauvre mais fier ! Le message « multiculturaliste » et inégalitaire a vaincu aussi facilement parce que les enfants de nos anciennes colonies arabo-africaines ont vu dans le mot « assimilation » une flétrissure passée, une échelle dans la civilisation dont ils n’atteindraient jamais l’ultime barreau. Ils la rejetèrent avec d’autant plus de véhémence que leurs pères avaient eux rêvé d’atteindre cet empyrée de la culture et de la puissance au moment même où les élites françaises, conscientes de l’inéluctable déclin français, retournaient l’universalisme catholique et français contre la France. Leurs pères avaient cru au vers de Corneille : « Si vous n’êtes romain, soyez digne de l’être » ; les enfants chantèrent la gloire d’être « barbares ».
    Nous avons déjà pu constater, grâce au dernier livre de Marc Fumaroli, que ce renoncement à notre héritage classique fait le lit, pour la culture élitiste comme pour son homologue populaire, de la puissante machine américaine de l' entertainment.
    Parmi les jeunes générations, le retour vers l’Afrique passe en effet par l’Amérique ; ou plus précisément par la culture noire américaine : tags, rap, hip hop, verlan, les caractéristiques de l’expression banlieusarde issue de l’immigration, à la fois sous-culture et contre-culture, reprennent les traits habituels de la révolte juvénile en France au XX e siècle, depuis sa sortie de la matrice à la fois savante et sensuelle du jazz. Fascination de la puissance impériale américaine et mépris haineux pour une France déclassée. Appauvrissement mélodique et simplisme linguistique. Violence éruptive qui mime la révolte des classes populaires du XIX e siècle et qui s’avère en fait l’apprentissage d’un capitalisme de séduction, consumériste et hédoniste, qui détruit les structures traditionnelles, famille, patrie, Églises, État, pour mieux faciliter la domination sans partage du marché. Contrairement à ses ancêtres rock et pop, le rap n’a pas celé longtemps sa réalité crue derrière des ritournelles progressistes ou pacifistes, en avouant très vite son culte pour l’argent facile et les signes ostentatoires de la richesse. Les « rebelles » qui crachent « nique ta mère » et « je baise la France » s’identifient aux ghettos noirs new-yorkais et à leurs figures de grands bandits, sont parfaitement insérés dans une mondialisation sous domination américaine qui désherbe les séculaires et subtiles cultures nationales comme du chiendent, et facilite, par la liberté des capitaux, une économie mafieuse qui pénètre les circuits économiques plus traditionnels. On retrouve aussi chez eux la volonté de s’approprier un passé esclavagiste qui n’est pas le leur, usurpation historique qui scandalise les Antillais les plus « conscientisés ». Le monde du rap, par ailleurs fort divers et secoué de conflits de personnes permanents, est enfin travaillé par une islamisation fièrement proclamée qui touche les fils d’Africains christianisés, jusqu’aux rares Blancs vivant dans ce milieu, comme si l’islam avait gagné ses galons de culture unificatrice et identificatrice d’une génération et d’une géographie banlieusardes.
    Par le chant, la danse, la peinture,
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