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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III
Autoren: Alain Pecunia
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besoin, je vous ai connu honnête homme et vous voici proscrit
pour un meurtre stupide et des activités
« révolutionnaires » tout aussi stupides – mais y a-t-il
vraiment là, effectivement, raison à être contrariée ? conclut
Mathilde en se remettant à pleurer bien malgré elle et en venant se
blottir contre son mari.
    – Je vais faire monter un dîner dans la chambre, dit
Charles-Auguste avec tendresse et ensuite nous oublierons tout
cela.
    – Mais pourquoi ne resteriez-vous pas cacher ici jusqu’à la fin
de l’été ? demanda Mathilde d’un ton implorant. Ainsi, au
prétexte de venir rendre visite à Gustave et Amandine, nous
pourrions nous revoir.
    – C’est impossible, malheureusement. Je crains que cette demeure
ne soit surveillée – depuis un certain temps, d’ailleurs, ajouta
pensif Charles-Auguste, comme si l’on jouait au chat et à la souris
avec moi. L’étau se resserre et il me faut disparaître dès
demain.
    – Peut-être vous faites-vous des idées à force de vous
dissimuler ?
    – Non, hélas ! Hier, à travers les persiennes, Gustave a
aperçu le préfet Mafouin déambuler sur le trottoir et regarder la
façade de l’hôtel en souriant.
    – Mafouin ! s’exclama Mathilde. Oh ! le
misérable ! Ne nous a-t-il pas tendu un piège en m’envoyant
son épouse me révéler les liens de parenté entre mon grand-père et
Amandine et Gustave ?… Et moi qui me précipite ici comme une
sotte, vous mettant ainsi en danger ! Ô mon Dieu, qu’ai-je
fait.
    – Mais rien du tout, tenta de l’apaiser son mari. Il n’osera
rien tant que vous êtes ici. Il attendra votre départ, mais je
serai parti bien avant vous et ainsi je ne risque rien.
    – Croyez-vous ? demanda Mathilde à demi rassurée.
    – Oui, je le crois.
    – Mais pourquoi vous persécute-t-il autant alors qu’il y a plus
urgent que vous pour la sûreté de l’État avec tous ces camelots du
roi, ces anarchistes et ces communistes ?
    – Afin de protéger une gloire nationale, le général Adolphe
Raillard, qui ambitionne de prendre le commandement des troupes
françaises au Rif.
    – Mais que vient-il faire avec vous ? s’étonna
Mathilde.
    Mathilde vit le front de son mari se plisser et elle le sentait
hésiter.
    – J’hésite à tout vous révéler, lui dit-il d’un ton grave. Cela
peut vous mettre en danger si l’on vous savait détentrice de ce
secret – un secret, lui, d’État.
    – Ne croyez-vous pas, mon mari, alors que votre vie serait en
danger, que j’aie le droit de
tout
savoir ?
    – Je ne sais, hésita encore Charles-Auguste tout en sachant en
son for intérieur qu’il devait la vérité à son épouse après toutes
ces épreuves qu’elle avait subies de son fait bien que ce ne fût là
que le fruit d’un malheureux concours de circonstances que certains
baptisent « destin ».
    – J’ai le droit, insista doucement Mathilde.
    – Soit ! fit fataliste Charles-Auguste, mais, je vous en
conjure, oubliez aussitôt ce que je vais vous dire.
    – Je vous le promets, dit Mathilde en dissimulant son agacement
de cette façon qu’avaient les hommes de se montrer si peu confiants
envers leur femme.
    – Voilà. Je ne saurais vous dire comment, mais notre amie
commune est parvenue à avoir accès au dossier établi par la sûreté
militaire me concernant. Dans ce dossier figure le témoignage d’un
sergent de l’unité que je commandais provisoirement ce fatidique 11
novembre. Il a déposé sur l’honneur que le capitaine Henry Raillard
m’a volontairement tiré dessus car il m’a soupçonné de vouloir me
rendre à l’ennemi, et comme j’étais détenteur de secrets militaires
en tant qu’officier d’état-major…
    – Mais c’est horrible ! C’est un crime ! se récria
Mathilde horrifiée.
    – Je ne vous le fais pas dire, mais, étant donné qu’il est le
neveu du glorieux général Raillard, le capitaine de La Joyette ne
peut en aucun cas ressusciter et, pour que cela n’arrive point, il
vaudrait mieux qu’il fût définitivement mort.
    Mathilde se sentit défaillir devant une telle révélation et tant
de vilenie en songeant au commandant Raillard qui lui avait
sciemment rendu un corps qui n’était pas celui de son mari après
lui avoir évité le pénible devoir de la reconnaissance des restes
dont il avait prétendu s’être chargé. Tant de bassesse et de
trahison lui était inconcevable. Elle eut un haut-le-cœur en
songeant au général Raillard qui
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