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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III
Autoren: Alain Pecunia
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à bijoux qu’elles
avaient tout simplement oublié d’emporter. Ce que, pour rien au
monde, elles auraient avoué, préférant feindre de le chercher dans
les endroits les plus improbables.
    Mais ce pitoyable stratagème domestique fut cause d’une
incroyable perte de temps car la duchesse douairière se mit en tête
qu’on le lui avait dérobé durant la nuit. Aussi fit-elle convoquer
sur-le-champ le directeur de l’hôtel en le sommant de découvrir le
voleur dans les plus brefs délais sous peine d’être tenu pour
responsable de ce vol survenu en son « coupe-gorge » – ce
furent les termes mêmes qu’employa la duchesse douairière pour
désigner le plus somptueux des palaces romains.
    Il fallut toute la patiente diplomatie de son cousin le cardinal
pour que la duchesse douairière finisse par se laisser convaincre
que la police ne tarderait pas à retrouver le coupable ainsi que le
précieux coffret. Il eut toutefois beaucoup plus de mal à la
persuader que le saint père, représentant du Christ ici-bas, serait
plus sensible à la sobriété de sa toilette noire qui se suffisait à
elle-même.
    – Mais je vais paraître pauvre ! protesta-t-elle.
    – Notre Seigneur l’était, ma chère cousine.
    – Peut-être, mais, moi, je ne le suis pas ! Je me dois de
tenir mon rang qui est aussi celui de ma famille et donc le
vôtre.
    Quoique son cadet de deux ans et ayant toujours filé doux devant
sa cousine, le cardinal de la Rable de la Chatterie ne tarda pas à
trancher entre les caprices de la duchesse douairière et son crédit
vatican que cette vieille toquée risquait d’entamer si elle
persistait dans son entêtement.
    Fort de son avantage – à Rome, il était sur
ses
terres,
elle non –, il la menaça d’annuler tout simplement son audience
papale.
    – Fi ! lâcha-t-elle comme un pet délicat.
    Mais le cardinal connaissait les femmes de son monde du bout des
doigts.
    – Je ne sais ce que l’on en dira dans le Faubourg, dit-il de la
façon la plus anodine, donnant le sentiment de se désintéresser de
l’affaire, mais je suppute que votre amie Benoîte de Montevaux de
la Passette saura donner le la…
    – Cette catin ! rugit la duchesse douairière en songeant à
d’anciennes rivalités alors que leur tempérament leur permettait
encore de se déchirer autour de la future dépouille d’un amant
conjointement convoité, proie autrement plus palpitante qu’un
pape.
    – Oh ! fit tout ébaubi le petit-fils qui avait assisté
muettement à la scène jusque-là.
    Louis-Marie de la Rable du Puy s’étonna du regard que lui jeta
sa grand-mère tant il était à la fois dédaigneux et hautain.
Pourtant, n’était-ce pas par amour pour elle qu’il s’apprêtait à
embrasser la prêtrise, pour lui complaire puisqu’elle en avait
ainsi décidé ?
    – Soit ! fit-elle en se dirigeant vers lui et en lui
faisant signe d’ôter sa rustique croix de bois qui pendait du col
de sa soutane du grand séminaire. Puisqu’il faut faire pauvre,
faisons pauvre…
    Ainsi parée, la duchesse douairière – au grand soulagement du
cousin, mais pouvait-il deviner ce qu’il allait leur advenir sous
peu ? – consentit à descendre jusqu’à la voiture armoriée aux
armes du Vatican qui l’attendait depuis une bonne heure avec son
chauffeur, un humble prêtre.
    Son petit-fils prit place auprès de celui-ci et la duchesse
douairière s’assit à l’arrière aux côtés de son cousin.
    Il pleuvait toujours d’abondance, ils étaient en retard et le
cardinal demanda au chauffeur de prendre un chemin détourné afin
d’éviter les grandes artères car il craignait que les événements
auxquels tous les Romains s’attendaient pour ce jour-là ne les
ralentissent.
    Le chauffeur du Vatican n’étant pas habitué à ces chemins de
traverse-ci, c’était une mauvaise idée. D’ailleurs, il commit la
maladresse de s’engager dans une ruelle au débouché de laquelle se
tenait un groupe d’hommes leur tournant le dos et qui, de fait,
barraient le passage du véhicule.
    Le chauffeur actionna la poire de son avertisseur pour attirer
leur attention, mais les hommes ne manifestèrent pas la moindre
envie de leur libérer la voie pour autant. Tout au contraire, ces
hommes accoutrés d’uniformes disparates resserrèrent leurs rangs et
se mirent à pousser des cris pour saluer un cortège dont les
passagers de la voiture aperçurent les drapeaux.
    – Qu’est-ce donc ? interrogea la duchesse
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