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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III
Autoren: Alain Pecunia
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le coup de feu sous la Commune au grand dam de sa
famille.
    Mathilde s’horrifia de cette pensée.
    Charles-Auguste sourit de la réaction de sa femme.
    – Attendez-vous au pire ! fit-il amusé.
    Effectivement, le pire était à venir puisque Charles-Auguste,
s’emparant du fusil que tenait mollement une sentinelle, n’hésita
pas à abattre de sang-froid le commandant allemand du camp
d’internement qui sollicitait l’aide des officiers français
prisonniers – « Ne sommes-nous pas camarades ? »
disait-il – pour former un corps franc chargé de mater le
« soviet ».
    Désavoué par ses camarades français, Charles-Auguste se trouva
ainsi entraîné par la révolution et il assista de ses conseils les
marins révoltés qui, victorieux à Kiel, voulaient à présent marcher
sur Strasbourg.
    Il était à présent le « camarade Karl », mais, lorsque
les troupes françaises pénétrèrent le 21 novembre 1918 à Strasbourg
et désarmèrent les soviets locaux, il dut fuir et il endossa alors
l’identité du capitaine Marchal qui s’était longuement confié à
lui, dissimulant son visage de « grand blessé de la
face » sous un masque de cuir et ne doutant pas que le sûreté
militaire le rechercherait pour le « meurtre » du
commandant du camp et son activité
« révolutionnaire ».
    – Mais pourquoi n’avez-vous donc pas songé à me demander de
l’aide ? lui reprocha Mathilde avec tristesse. N’étais-je pas
votre épouse ou vous faisiez-vous une si piètre opinion de moi au
point de ne pas le faire ?
    – Ne croyez pas cela, s’écria Charles-Auguste en prenant le
visage de sa femme dans ses mains. C’eût été trop dangereux tant
pour vous que pour moi. Mais, d’une certaine façon, j’étais plus
proche de vous que vous ne le pensez, car je suis venu me réfugier
les premiers mois ici, chez votre grand-mère qui s’est montrée des
plus compréhensives et trouvait tout ceci follement
« romanesque ». Et, depuis, chaque fois que le
« capitaine Marchal » doit disparaître, je reviens
ici.
    – Ici ! s’indigna Mathilde qui comprenait brusquement
pourquoi sa grand-mère refusait toute visite, même celle de sa
propre petite-fille, comme elle saisissait brusquement le sens des
propos mystérieux que lui avait tenus le préfet Mafouin,
soupçonnant un lien entre sa visite et la dernière disparition du
« capitaine Marchal ».
    Enfin elle commençait de comprendre et elle en était fort
satisfaite.
    – Ne seriez-vous pas ici depuis, disons, la fin février ?
lui demanda-t-elle en le regardant avec hauteur.
    – Oui, c’est exact, dit amusé Charles-Auguste.
    – Et n’auriez-vous pas un espion, ou plutôt une espionne chez
moi ?
    – À cela je ne puis vous répondre, répondit son mari fort
sérieusement, entrant dans son jeu.
    – Une certaine Miss Sarah ou Sarah Dufort, une Américaine,
Noire, je précise pour vous aider à retrouver la mémoire ?
    Charles-Auguste se contenta de sourire en dodelinant du chef.
Mais, avec ces longues années, il avait oublié certains traits de
caractère de son épouse.
    – Souvenez-vous, mon ami, dit-elle en se levant du sofa, que je
déteste être prise pour une idiote et que votre
« espionne » ne perd rien pour attendre !
    – Elle est merveilleuse et elle m’a été d’un précieux
réconfort.
    – En seriez-vous amoureux ? demanda Mathilde la voix
froide, bras croisés sur la poitrine et tapotant du pied
gauche.
    – Mais pas le moins du monde, protesta Charles-Auguste en se
levant à son tour. Son aide m’a été précieuse et nous avons en
commun certaines idées.
    – De mieux en mieux ! lâcha Mathilde d’un ton persifleur
qui dissimulait son bouillonnement intérieur car elle songeait à
l’instant que le pourcentage que prélevait Miss Sarah sur les
bénéfices des opérations financières qu’elle lui faisait réaliser
devaient, entre autres, servir à financer son mari.
    – Vous semblez contrariée, dit son mari en tentant de se
rapprocher d’elle.
    – Restez à votre place, je vous prie ! fit-elle en le
repoussant d’une main. Quant à être contrariée, on le serait à
moins, ne croyez-vous pas ? Je vous croyez mort et vous voici
ressuscité pour une nuit car demain vous serez à nouveau
« mort », vos filles ne font que vous entr’apercevoir et
ce qu’elles perçoivent de vous est plus proche d’un affreux
épouvantail à moineaux que d’un père aimant dont elles auraient
tant
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