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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III
Autoren: Alain Pecunia
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aussitôt en annonçant
qu’elle avait demandé à « ce cher Gustave » de se
procurer trois ou quatre juments pour son agrément et celui de ses
éventuels invités.
    – Ainsi que le vôtre et celui de Gustave, bien entendu,
s’empressa-t-elle d’ajouter.
    – Vous savez bien que je ne puis monter, se récria Éléonore
après être restée un court instant interdite, et que mon frère ne
voulait pas de chevaux sur le domaine depuis le triste accident de
père !
    Son timbre était monté dans les aigus, preuve qu’Éléonore était
réellement affectée de cette annonce.
    – Nul ne vous y oblige, ma chère, dit conciliante Mathilde, et
je conçois fort bien les raisons de votre horreur des chevaux.
Toutefois, ma décision est prise et il est plus de notre rang de
nous promener à cheval qu’à pied. Et il est grand temps de tourner
la page du passé. D’autres l’ont d’ailleurs fait avant moi ici
même, ajouta-t-elle perfidement en souriant à sa belle-sœur, qui,
toujours sous le coup de l’émotion, ne put s’empêcher de
rougir.
    Mme de La Joyette en avait été fort satisfaite et, voulant
avancer son avantage, elle en avait profité pour annoncer l’autre
« grande nouvelle ».
    – Mes chères filles, dit-elle en se tournant vers ces dernières,
j’ai une grande surprise pour votre anniversaire afin de fêter
dignement vos sept ans.
    Augustine et Augusta regardèrent avec étonnement leur mère qui,
du fait que le 11 novembre était également la date anniversaire de
la mort de leur père, ne leur offrait d’ordinaire qu’une pièce d’or
pour leur tirelire. À laquelle, d’ailleurs, elle n’aurait pas le
droit de toucher avant leur treizième anniversaire, ainsi qu’en
avait décidé Mme de La Joyette au grand désappointement des
jumelles.
    Éléonore, qui avait voué une grande affection à ses nièces dès
leur naissance et qui leur avait servi, en quelque sorte, de mère
de substitution avant que sa belle-sœur ne décide de s’établir à
Paris, en fut fort émue car elle savait que les fillettes avaient
toujours souffert de ne pas avoir d’anniversaire digne de ce
nom.
    – Mais il vous faudra attendre un peu, ajouta Mme de La
Joyette.
    La déception des fillettes était si manifeste qu’Éléonore aurait
protesté à leur place si son mari ne lui avait lancé un discret
regard pour lui signifier de ne point s’en mêler.
    – Pourquoi ? demanda résignée Augustine qui n’avait osé
dire : « C’est quoi ? »
    – Parce qu’il faut d’abord trouver le plus beau et que nous ne
pouvons l’emmener à Paris, répondit leur mère avec grand
mystère.
    Les fillettes s’interrogèrent du regard. De toute évidence, le
« plus beau » des cadeaux, quel qu’il soit, ne
représentait guère d’intérêt à leurs yeux si elles ne pouvaient en
profiter à Paris où elles passaient la majeure partie de leur
temps.
    – C’est quoi ? se décida Augusta, dubitative.
    – Un poney, mes chéries, un beau poney, le plus beau, dit
Mathilde profondément émue comme si elle était elle-même la petite
fille qui avait souhaité un tel présent et voyait son vœu enfin
exaucé.
    Les fillettes la regardèrent tout ébaubies.
    – Un poney ? répétèrent-elles à l’unisson, hésitant encore
à y croire.
    – Oui, mes chères filles, un poney.
    Tout à leur joie, elles ne parvenaient à y croire tant elles
étaient transportées de bonheur.
    Enfin un véritable anniversaire !
    Spontanément, elles se levèrent de table et se précipitèrent sur
leur mère pour la remercier et l’embrasser fougueusement, et, pour
une fois, Mathilde ne réprimanda pas ce transport d’affection
qu’elle jugeait d’ordinaire des plus contraires à une saine
éducation.
    Discrètement, Éléonore, effaça du bout de son index une larme
qui lui avait échappé en contemplant ce tendre spectacle.
    Même leur jeune cousin, le petit Charles-Alexandre, participa à
leur joie en battant des mains et en prononçant des
« ta » et des « tine ».
    Augustine et Augusta, qui voyaient en lui un gros poupon en
chair et en os, eurent aussitôt une idée.
    – On attachera au poney la carriole de l’âne et on promènera
Charles-Alexandre, décréta Augustine approuvée par sa sœur.
    – Il n’en est pas question ! cria Éléonore en se levant
pour prendre dans ses bras le jeune Charles-Alexandre. Je ne veux
pas que mon fils se rompe le cou !
    La scène était si ridicule que Mme de La Joyette
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