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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III
Autoren: Alain Pecunia
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leur tête. Mais
elle n’était pas sotte et s’était parfaitement rendu compte que, du
fait de son absence les trois quarts de l’année, sa belle-sœur
Éléonore y bénéficiait du statut de maîtresse des lieux aux yeux de
la domesticité, quoique Éléonore ait eu la délicatesse de lui
laisser la préséance lors de ce bref séjour.
    Toutefois, Mathilde ne pouvait se satisfaire de cette situation
dont son état de santé avait été la cause lors de son dernier
séjour estival puisqu’elle s’était entièrement reposée sur sa
belle-sœur dont elle ne pouvait qu’être reconnaissante de toutes
ses attentions. Mais, à présent qu’elle se sentait pleinement
remise et que cette pénible période deviendrait vite un lointain
souvenir, il lui fallait reprendre les choses en main. Ce qu’elle
avait d’ailleurs commencé de faire au déjeuner de ce samedi 11
novembre, qui était également, malgré les circonstances, le
septième anniversaire d’Augustine et d’Augusta, en annonçant à ses
filles, qui n’étaient pas habituées à recevoir de présents ce
jour-là, qu’elle leur offrirait un poney pour les grandes
vacances.
    Elle n’avait pas eu l’intention de le leur révéler puisqu’elle
souhaitait que ce fût une surprise, mais le comportement de son
beau-frère et celui de sa femme l’y poussèrent tant ils l’avaient
l’excédée.
    À peine Mathilde fut-elle de retour au manoir qu’Éléonore fondit
sur elle pour lui reprocher l’état d’excitation dans lequel se
trouvaient ses filles et Pierre alors que son fils
Charles-Alexandre avait besoin du plus grand calme. Reproches qui
étonnèrent Mathilde car celui-ci ouvraient de grands yeux
émerveillés tandis que ses cousins couraient autour de sa chaise
basse. Mais Mathilde n’eut pas le temps de lui en faire la remarque
que d’un regard elle sembla la rendre responsable du comportement
agité de son mari. Ce qui était un comble car il était évident que
cette cérémonie funèbre avait dû réveiller en lui de pénibles
souvenirs. Mais qui n’en avaient pas et n’était-elle pas bien
placée pour en juger ?
    Bref, tous deux, ainsi que les enfants, finirent par se calmer
et, les choses étant rentrées dans l’ordre, l’on put passer à
table. Mais, dans la mesure où Gustave Bouteux ne lui avait pas
présenté la moindre excuse eu égard à la façon dont il l’avait
apostrophée à l’entrée du domaine, sans parler de son attitude
insultante, Mathilde ne pouvait que lui battre froid et elle adopta
une attitude distante. Ce qui n’influença que la conversation et
nullement le bon déroulement du repas car, comme l’on était passé
tardivement à table et que chacun était affamé après une aussi
longue matinée éprouvante, personne n’y prêta attention.
D’ailleurs, rarement repas fut si rapidement expédié. Jusqu’à la
pause précédant le dessert où Augustine et Augusta évoquèrent,
après avoir demandé l’autorisation à leur mère de parler, la
« sorcière » et sa biquette. Ce qui détendit grandement
l’atmosphère et lança la conversation des adultes, Éléonore
demandant comment s’était déroulée la cérémonie alors qu’elle
n’avait pas posé la moindre question à ce sujet depuis leur
retour.
    – Ma tante a fait un long discours, s’empressa de répondre
Pierre.
    De toute évidence, il en tirait une grande fierté et Mathilde
fut flattée de ce jeune hommage. Mais Éléonore vint gâcher ce
moment de légitime satisfaction.
    – À quel titre ? s’enquit-elle sèchement en dévisageant sa
belle-sœur.
    Pour Mathilde c’en était trop. D’abord désarçonnée, ne sachant
quelle mouche venait de piquer Éléonore, elle retrouva vite son
assiette.
    – Mais en tant que maîtresse des lieux, de ce domaine qui les
fait vivre, ma chère, répliqua-t-elle avec un large sourire.
    – Oui, bien sûr, fit Éléonore lèvres pincées de dépit mais
battant manifestement en retraite.
    – Il va de soi que l’on ne pouvait que demander au représentant
de notre famille de prendre la parole en une telle circonstance,
poursuivit Mathilde. Et, si j’avais été absente et vous-même
présente, sûrement vous aurait-on donné la parole, du moins je me
plais à le croire, ajouta-t-elle tout sourire pour enfoncer le
clou.
    Piquée au vif, Éléonore Bouteux, née de La Joyette, ne pouvait
que relever l’offense. Ce dont Mathilde était parfaitement
consciente, aussi changea-t-elle de terrain
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