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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III
Autoren: Alain Pecunia
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elle
ressentait de nouveau le souffle de son haleine –, il lui avait
juré qu’il ne lui arriverait rien et qu’il lui reviendrait sain et
sauf. De plus, il avait de fortes chances d’être affecté à un
état-major et il fut effectivement attaché, après la
contre-offensive victorieuse de la Marne, à celui du général de
brigade Raillard, qu’il suivit lorsqu’il fut nommé général de
division. Et Mathilde, peu à peu, finit par se convaincre de
l’invulnérabilité de son mari, se répétant, lorsque l’angoisse la
saisissait : « Charles-Auguste me reviendra puisqu’il me
l’a promis », tant était grande la foi qu’elle portait aux
paroles de son mari. Mais il l’avait trahie puisqu’il s’était fait
tuer.
    Cette pensée, qu’elle n’avait jamais osé se formuler parce que
trop odieuse à concevoir, elle osait enfin la formuler
distinctement. Comprenant aussitôt avec saisissement qu’en refusant
jusqu’alors de le faire, son esprit avait suscité ces maudits
cauchemars, permettant à un fantôme de la visiter avec sa
fallacieuse promesse de retour auquel il se rattachait.
    « Mon mari, se dit-elle
in petto,
vous m’avait
trahie ! »
    Tout aussitôt, elle en éprouva un vif soulagement.
    C’est à ce moment même que le maire l’avait interpellée pour lui
donner la parole et, tout compte fait, elle était à présent
satisfaite de son « petit discours ».
     
     
    Mathilde marchait d’un bon pas au côté de son beau-frère, suivie
de ses filles et de son neveu.
    Au dernier moment, elle avait décidé de renvoyer la calèche avec
laquelle ils étaient venus, pour le plus grand bonheur de ses
domestiques auxquels elle en laissa l’usage à la condition que le
repas soit prêt à être servi dès son retour.
    – Nous avons bien fait de rentrer à pied. Cette petite marche me
fait le plus grand bien, dit-elle avec un sourire énigmatique.
    Et, sans façon, elle prit le bras de son beau-frère à la grande
surprise de celui-ci.
    – Un domaine sans chevaux n’est pas un vrai domaine digne de ce
nom, lui dit-elle à brûle-pourpoint après avoir parcouru le tiers
du chemin en silence.
    – Vous savez bien que…, commença-t-il après avoir marqué son
étonnement d’un haussement de sourcils.
    – Je sais, je sais. Depuis le décès du père d’Éléonore et de feu
mon mari à la suite d’une mauvaise chute de cheval qui lui brisa
les reins, les chevaux de selle sont bannis du domaine. Mais ce
triste événement remonte à vingt ans et, si votre femme n’a jamais
eu goût à monter en raison de ce malheureux accident,
Charles-Auguste ne s’en privait pas lorsqu’il se trouvait chez des
amis, même s’il m’en interdisait la pratique pour la même raison.
Mais je souhaite avoir ma jument ainsi que deux ou trois autres
pour vous-même et mes invités. Quant aux enfants, je crois qu’un
poney leur ferait plaisir et j’aimerais leur en faire la surprise
pour les prochaines vacances. Alors voyez ça, mon cher Gustave,
dit-elle en prenant un ton plus distant qui lui fit comprendre
qu’elle s’adressait à présent à son régisseur et non plus à son
beau-frère. Vraiment, ajouta-t-elle en sautant du cop à l’âne après
avoir soupiré, je pensais que tout ceci me serait bien plus
pénible…
    Le brave Gustave Bouteux, qui se gardait en toute circonstance
de porter quelque jugement que ce fût sur les actes et opinions de
sa belle-sœur et néanmoins employeuse, ne put s’empêcher de
réagir.
    – C’était une cérémonie très émouvante et empreinte d’une grande
gravité…, commença-t-il d’un ton non exempt d’une pointe de
reproche.
    – Ah ! la cérémonie ! s’exclama Mme de La Joyette.
Excusez- moi, j’étais dans mes pensées et il ne s’agissait
nullement de cette commémoration qui fut effectivement parfaite si
l’on excepte le discours du maire.
    – Je vous l’accorde, dit Gustave Bouteux en souriant, il semble
en avance sur les prochaines élections législatives. Mais vous
souhaitiez évoquer autre chose, me semble-t-il ?
    – Ah ! Oui, peut-être, fit Mme de La Joyette en feignant
d’avoir oublié car, si elle témoignait quelque affection à son
beau-frère, elle ne pouvait se laissée aller à le prendre pour
autant comme confident. Ce ne devait pas être important, alors,
dit-elle avec un léger haussement d’épaules. Peut-être m’en
souviendrai-je plus tard, ajouta-t-elle en esquissant une mimique
d’excuse.
    Pourtant
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