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Marin de Gascogne

Marin de Gascogne

Titel: Marin de Gascogne
Autoren: Robert Escarpit
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dès le début du combat.  
    Bernard et Pouriquète, qui devaient figurer le sloop américain Resolute au moment décisif, étaient assis sur l’herbe à quelque distance.  
    — Quand tu seras grand, tu iras faire la guerre, toi aussi, Hazembat ? demanda Pouriquète.  
    — Il faudrait encore qu’il y ait une guerre. Ce que j’aimerais, c’est être marin sur un navire des Antilles.  
    Elle effeuillait pensivement une marguerite.  
    — C’est loin, les Antilles ?  
    — Oui, assez loin. Il y a même des bateaux qui mettent plus d’un an pour y aller et en revenir.  
    Le dernier pétale s’envola au vent.  
    — Tu sais, Hazembat, même si tu mettais des années à faire le voyage, je t’attendrais toujours.  
    La main de Pouriquète était toute menue et fragile dans sa grosse patte, déjà caleuse.  
    — Je ne suis pas encore parti. Il faut d’abord que j’apprenne le métier sur la rivière.  
    D’un bond, elle se leva et courut à la rescousse de l’ Argonaute.  
    —  Alors dépêche-toi d’apprendre ! Viens, c’est notre tour !  
    Cette nuit-là, il faisait encore sombre quand un fort tumulte dans la rue tira Bernard d’un rêve où la tête de proue de son trois-mâts ressemblait à Pouriquète. Il enfila sa chemise et sortit dans le couloir. Son père était à la fenêtre et prêtait l’oreille.  
    —  Shhh ! Qu’es lo tocsin de Sent-Macari ! Bernard prêta l’oreille à son tour. Faiblement, mais distinctement, le vent d’est portait sur les eaux noires du fleuve l’appel des cloches lancées à toute volée.  
    Quelques instants plus tard, tout le monde était réuni dans la grande salle du premier étage.  
    — Les femmes, dit Perrot, quand nous serons sortis, vous mettrez la grosse barre à la porte d’en bas.  
    Il avait passé à sa ceinture un vieux pistolet qui datait du temps où il était lieutenant dans la marchande.  
    — Allons-y, Hazembat !  
    —  Pair, ne podem pas venir, Bernard e jo ? demanda Jantet.  
    Les deux hommes se consultèrent du regard.  
    — Bah ! dit Perrot, il n’y a pas grand danger. Et puis, ce sont des choses qu’il faut qu’ils aient vues. Anem, drôles !  
    Le jour se levait quand ils débouchèrent sur les Allées Marines. Un groupe d’habitants de Saint-Pey venait d’arriver. Ils confirmaient la nouvelle : on se battait sur les quais de Saint-Macaire autour des quelques embarcations à flot.  
    — Le courant est bon encore pour deux heures. Ils vont venir par ici, c’est sûr !  
    Des dames blanches flottaient sur la Garonne, portées par une brise frisquette, et les brumes d’amont cachaient encore le soleil.  
    Reconnaissant dans la foule la tignasse rousse de François Montaudon, un des hommes d’équipage de l’Aurore, Perrot le héla.  
    — Caprouil ! Va prendre un couralin et tends une aussière de tire en travers du Grand Port. Ça les empêchera de débarquer par là !  
    — J’envoie Capdemule pour l’aider ! cria François Labat qui venait d’arriver. Qu’est-ce qui se passe ?  
    — Il se passe que les Macariens ont la folie !  
    Une bousculade annonça l’arrivée d’Etienne Roudié, flanqué de ses deux gendarmes.  
    — Retirez-vous ! criait-il d’une voix blanche. Faites place aux forces du Roi !  
    —  Qu’es tu la força ? Lo Rei qu’es plan defendut, hilhdeputa ! cria quelqu’un.  
    Les quolibets se mirent à fuser de toutes parts. Il y avait des rires, mais on sentait que l’énervement était à fleur de peau. Une pierre s’abattit aux pieds de Roudié, puis une autre fit tomber le bicorne d’un gendarme qui pointa aussitôt son arme vers la foule.  
    C’est alors que François Labat, montant sur un tonneau, leva les bras et s’écria :  
    — Citoyens de Langon ! Vous savez qu’Etienne Roudié et moi ne sommes pas toujours d’accord, mais c’est lui notre maire. Comme élu du Tiers Etat, je vous adjure de le laisser accomplir le devoir que lui impose sa charge publique ! Au nom de la Nation, je vous adjure de rester calmes et vigilants !  
    Une risée balaya opportunément les brumes et nimba d’or le beau visage de Hardit. Une clameur s’éleva :  
    — Les voilà qui arrivent !  
    Deux couralins, simples canots servant au trafic portuaire, et trois filadières de pêche apparurent au coude de la rivière. Ils étaient surchargés de paysans armés de faux et de fourches. Le courant les drossait vers la rive
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