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Marie

Marie

Titel: Marie
Autoren: Halter,Marek
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Joachim se débarrassa de sa lance, ramassa
le chandelier et s’agenouilla près d’Houlda. Avec soulagement, il se rendit
compte qu’elle était seulement évanouie. Il glissa un bras sous les épaules de
la vieille femme, posa le chandelier sur son ventre et referma les doigts
déformés sur le bronze.
    Alors
seulement il eut conscience du silence.
    Plus un
cri, plus un braillement ou une insulte. Tout au plus les gémissements du gros
charognard blessé.
    Il leva
les yeux. Une dizaine de pointes de lance, autant de lames d’épée, étaient
pointées sur lui. L’indifférence avait quitté le visage des mercenaires. On y
lisait une vieille haine arrogante.
    Là-bas, à
dix pas sur la route, tous ceux de Nazareth, ainsi que Miryem, sa fille, sous
la menace des lances, n’osaient plus bouger.
    Le silence
et la stupeur se prolongèrent le temps d’un souffle, puis se brisèrent. Alors
vint la confusion.
    Joachim
fut agrippé, jeté au sol et frappé. Miryem et les habitants du village
s’agitèrent. Les mercenaires les repoussèrent, tranchant sans hésiter dans les
bras, les cuisses ou les épaules des plus courageux. L’officier qui commandait
la garde brailla des ordres de repli.
    Des
mercenaires portèrent le percepteur blessé jusqu’à sa monture, tandis qu’on
passait des liens de cuir aux poignets et aux chevilles de Joachim. Il fut jeté
sans ménagement sur les planches d’une charrette qui manœuvrait déjà pour
s’éloigner du village. À côté de lui, on chargea le corps du soldat qu’il avait
tué. Sous les claquements des fouets et les beuglements, les autres charrettes
suivirent avec précipitation.
    Alors que
les chevaux et les soldats disparaissaient dans l’ombre de la forêt, le silence
se déposa sur Nazareth.
    Un froid
glacial s’empara de Miryem. La pensée de son père lié et livré aux soldats du
Temple lui noua la gorge. Malgré la présence de tout le village qui se pressait
autour d’elle, elle sentit une immense peur la saisir. Elle songea aux paroles
qu’elle allait devoir dire à sa mère.
    *
    * *
    — J’aurais
dû aller avec lui, murmurait Lysanias sans cesser de se balancer sur son
tabouret. Je suis resté dans l’atelier comme une poule peureuse. Ce n’était pas
à Joachim de défendre Houlda. C’était à moi.
    Les
voisins et voisines qui se tenaient dans la pièce, et jusque sur le seuil,
écoutaient en silence les gémissements du vieux Samaritain. Vingt fois, les uns
et les autres lui avaient répété qu’il n’y était pour rien et qu’il n’aurait
rien pu faire. Lysanias était incapable de se sortir cette pensée de la
cervelle. Comme Miryem, il redoutait l’absence de Joachim à son côté,
maintenant, ce soir, demain.
    Hannah,
elle, se taisait, assise, toute raide, les doigts chiffonnant nerveusement les
pans de sa tunique.
    Miryem,
les yeux secs, le cœur battant lourdement, l’observait à la dérobée. La
tristesse muette et solitaire de sa mère l’intimidait. Elle n’osait faire un
geste de tendresse vers elle. Les voisines non plus n’avaient pas pris Hannah
dans leurs bras. L’épouse de Joachim n’était pas femme à se laisser approcher
facilement.
    A présent,
le temps des mots violents et vengeurs était passé. Ne restaient plus que la
douleur et la conscience de l’impuissance.
    Fermant
les paupières, Miryem revoyait le drame. Le corps de son père recroquevillé,
lié et jeté tel un sac dans la charrette.
    Elle se
demandait sans relâche : « Et maintenant, que lui arrive-t-il ?
Que lui font-ils ? »
    Lysanias
n’était en rien responsable du drame. Joachim l’avait défendue, elle. C’était à
cause d’elle qu’il était désormais livré à la cruauté des percepteurs du
Temple.
    — On
ne le reverra plus. C’est comme s’il était mort. Retentissant dans le silence,
la voix claire d’Hannah les fit sursauter. Personne ne protesta. Tous pensaient
la même chose.
    Joachim
avait tué un soldat, blessé un percepteur. On connaissait par avance son
châtiment. Si les mercenaires ne l’avaient pas tué ou crucifié sur place,
c’était uniquement parce qu’ils étaient pressés de soigner le charognard du
sanhédrin.
    Sans doute
allaient-ils le supplicier pour l’exemple. Une sentence que chacun connaissait
par avance : la croix jusqu’à ce que la faim, la soif, le froid et le
soleil tuent. Une agonie qui durerait des jours.
    Miryem se
mordit les lèvres pour retenir le sanglot qui l’étouffait.
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