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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska
Autoren: Anne Muratori-Philip
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Malgré les efforts des médecins pour la guérir d’une congestion pulmonaire, elle meurt le 20 juin. Belle, intelligente, spirituelle, elle avait dix-huit ans. Bouleversé, Stanislas la fait inhumer à l’abbaye de Grafenthal [9] où il sait que les moines guillemites veilleront sur elle.
    Le 15 août 1717, comme il le fait régulièrement depuis deux mois, Stanislas prend la direction de Grafenthal pour se recueillir sur la tombe d’Anna
. Sur la route, il est victime d’une tentative d’enlèvement, manigancée par un ministre d’Auguste II. Heureusement, l’affaire avait été éventée et le piège se referme sur les comploteurs. Quelques mois plus tôt, une première expédition avait déjà fait long feu. La situation devient angoissante pour le roi déchu comme pour sa famille. À cela s’ajoutent d’énormes soucis d’argent. Mais le pire survient le 11 décembre 1718 : Charles XII, en guerre contre ses voisins Norvégiens, reçoit une balle en pleine tête. Le courrier de la cour de Suède annonçant la nouvelle parvient à Deux-Ponts en janvier 1719. Il précise que le duché échoit au comte palatin Samuel-Léopold
. Exit Stanislas et sa famille. Fin du beau rêve de Tschifflik  !
    À quarante et un ans, Stanislas se trouve dans une impasse : il a perdu son unique protecteur ; ses ennemis le guettent et ses créanciers l’assaillent. Condamné à l’errance, il se tourne vers le duc Léopold I er de Lorraine qui lui prête trente mille livres. Et il dépêche l’un de ses derniers partisans à Paris, dans l’espoir d’apitoyer le Régent sur son infortune. Heureusement, son ami des belles heures de Tschifflik , le prince-cardinal Armand Gaston de Rohan-Soubise
, évêque de Strasbourg, a pris les devants. D’ailleurs, les malheurs de Stanislas ont touché le duc d’Orléans
qui l’autorise à résider incognito en Alsace, où il sera sous la protection du roi de France. Ce n’est pas du goût d’Auguste le Fort qui fait part de son mécontentement au Régent par l’entremise de son ambassadeur. Celui-ci lui répond : « Monsieur, mandez au roi votre maître que la France a toujours été l’asile des rois malheureux [10] . »
    En mars 1719, Stanislas et les siens prennent la route d’un nouvel exil, escortés par un détachement de soldats français. Direction : Wissembourg, bourgade commerçante du nord de l’Alsace, rattachée au royaume de France depuis sa conquête, en 1705. Faute de château, la famille Leszczyński
et sa suite s’installent à la Deutschhaus, une grande maison patricienne communément appelée « maison Weber ». Parmi le dernier carré de fidèles, on trouve l’abbé Labiszewski, confesseur de Marie qui la suivra bientôt à Versailles.
    Pour assurer leur subsistance, Stanislas a gagé les derniers bijoux des Leszczyński chez un banquier juif de Francfort. Un nouvel appel à la Suède et l’aide du Régent lui permettent d’obtenir un ultime pécule de cent mille écus.
    Dix-sept ans, charmante et instruite
    À Wissembourg, les exilés mènent une vie très simple. Stanislas et Marie s’en accommodent, mais Catherine Opalinska ne supporte pas sa condition d’exilée. Plutôt que d’adoucir sa peine, la présence de Marie la rend irascible, comme si elle lui reprochait d’avoir survécu à sa soeur aînée. Pourtant, la mère et la fille partagent la même générosité lorsqu’il s’agit de secourir les pauvres ou de passer de longues heures à broder pour les églises. Stanislas souffre de cette mésentente et redouble d’affection pour la princesse, d’autant qu’elle a été bien malade au printemps 1720. Pour l’égayer, il l’entraîne dans de longues promenades à travers la campagne alsacienne, prétexte à des conversations animées. Il lui communique si bien sa passion de la musique qu’elle chante, danse, joue parfaitement du clavecin et pratique la guitare et la vièle.
    Marie a dix-sept ans. Ni grande, ni petite, elle n’a pas la séduction et la beauté de sa soeur disparue, mais elle est charmante avec sa taille bien prise et son visage plein de fraîcheur, illuminé de beaux yeux bruns… malgré le nez un peu fort, caractéristique des Leszczyński. Une fossette au menton et une bouche bien ourlée rehaussent l’éclat de son sourire.
    Une certaine retenue souligne la modestie de cette princesse solitaire dont l’instruction surpasse pourtant celle des princesses héritières de son âge. Elle a des
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