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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska
Autoren: Anne Muratori-Philip
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salons du duc. Alerté par le prince de Beauvau, Léopold fait racheter les bijoux qui sont rendus, dans le plus grand secret, au fameux comte de Cronstein avec, en prime, la somme empruntée. Quand Stanislas
quitte Lunéville, encore sous l’émotion de ce geste princier, il ignore que vingt-deux ans plus tard il prendra la place du duc.
    Le 4 juillet 1714, Stanislas
découvre son nouveau royaume. Les Bipontins accueillent chaleureusement cet homme jovial à l’embonpoint naissant, qui porte la perruque blonde avec élégance. Mais tout le monde s’interroge sur l’absence de sa famille dont l’arrivée, plusieurs fois annoncée, est sans cesse différée. En réalité, Stanislas
n’a pas un sou vaillant et finit par recourir à un emprunt auprès de sympathisants pour réunir les quinze mille thalers nécessaires au voyage de ses proches.
    En octobre 1714, la famille Leszczyński
enfin réunie emménage dans le vieux château local. Stanislas
exulte de joie en retrouvant ses filles. Anna
est une ravissante jeune fille de quinze ans ; Marie est moins jolie que son aînée, mais son regard un brin rieur illumine son visage de fillette de onze ans.
    Le roi de Pologne adore les vallons verdoyants et les forêts giboyeuses de ce modeste duché. Les princesses en apprécient la vie paisible depuis qu’elles ont repris leurs études, sous la férule du docteur Karl Friedrich Luther, lointain descendant du réformateur de Wittenberg. Et quand il n’assiste pas aux leçons de ses filles, Stanislas
se livre au plaisir de la chasse qui l’entraîne souvent au-delà de sa petite principauté. Parfois, il couche en route, reçu par quelque seigneur voisin. Partout où il passe, il tisse des liens d’amitiés.
    Le cerisier de Tschifflik
    En marge de sa passion pour la chasse, le séjour à Deux-Ponts permet aussi à Stanislas de cultiver ses goûts pour la musique, la peinture, le théâtre et la religion. Il lit beaucoup et commande autant de livres que de gazettes. Il lui arrive aussi de passer des soirées à griffonner les plans d’un château idéal... hélas inaccessible car le revenu annuel du duché est fort modeste, estimé à vingt mille thalers pour une population de près de cinq mille habitants. Et le gouverneur jongle en permanence pour maintenir son budget en équilibre, d’autant que Stanislas et sa cour, sans cesse augmentée de partisans, aiment le luxe et la bonne chère…
    À défaut de s’offrir un palais, le roi déchu va quand même réaliser la résidence de ses rêves : un petit château, tout en terrasses, composé de plusieurs pavillons reliés entre eux par des galeries couvertes ou des tonnelles. Il trouve le site idéal, à l’écart de la ville, sur un terrain en gradins qui se prête aisément aux chimères baroques ; et, en 1715, il confie à l’architecte suédois Jonas Erikson Sundahl la réalisation de ce château qu’il baptise Tschifflik , « maison de plaisance » en turc.
    Bâti en matériaux légers et peu coûteux, cet ensemble s’inspire à la fois des maisons orientales de Bender, des châteaux de son enfance et des palais baroques des Habsbourg. C’est le règne de l’eau : elle jaillit au milieu des bassins, court le long des parterres et dévale des escaliers en bouillonnant pour se jeter en cascades dans un étang. Ici, un pont de pierre enjambe un ruisseau ; là, des dauphins crachent le trop-plein d’un bassin, tandis qu’un cheval marin lance de l’eau au pied de la statue du dieu Pan sur un rocher. Au fond, une succession d’escaliers monumentaux permet d’atteindre la « Montagne des trompettes », couronnée d’un arc de triomphe. C’est là que Stanislas installe son orchestre qui joue des opéras italiens ou des spectacles français créés pour le roi et sa cour. Et c’est là que Marie prend goût à la musique.
    Aujourd’hui, il ne reste que des ruines romantiques cachées par une végétation luxuriante ; mais on devine encore quelques pans de murs du pavillon des princesses. On les imagine attentives aux leçons de Jules Favier, leur maître à danser ; on voit Marie agenouillée au beau milieu du parc, occupée à planter un cerisier. Son cerisier ! La légende prétend même que, devenue reine de France, elle continua longtemps de recevoir chaque année un panier de cerises de son arbre.
    Fin d’un court bonheur
    Au printemps 1717, le ciel s’obscurcit. La délicieuse princesse Anna
tombe gravement malade.
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