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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite
Autoren: Louise Chevrier
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honteux !
    — Je t’en prie, ma sœur, passe-moi encore les sels, avait répondu Madeleine.
    L’héritier Rouville se présenta au presbytère en affichant sa morgue habituelle. Le curé le toisa sans un mot, puis l’invita { passer dans son petit cabinet, celui dans lequel Monsieur Boileau et lui-même avaient supplié le docteur Talham d’épouser Marguerite Lareau, enceinte { la suite d’un viol, des années auparavant. Le curé avait appris le nom du coupable, lors de la confession de Marguerite. Pour lui, c’était le premier des crimes imputables à Ovide de Rouville, sur une liste qui devait être beaucoup plus longue que ce qu’il en savait.
    Le curé avait également appris qu’Ovide avait une part de responsabilité dans l’incendie criminel de l’église. Mais, comme le notaire Boileau lui avait fait remarquer, il n’y avaii que des preuves circonstancielles, rien qui tiendrait devant un tribunal. Par contre, deux autres personnes étaient au courant: le capitaine Ferrière et Monsieur Boileau.
    — Que puis-je faire pour le service de PEglise ? demanda hypocritement Rouville au curé.
    — Vous confesser, monsieur de Rouville.
    — Mais je me confesse régulièrement, répliqua Ovide.
    — Ce n’est pas suffisant. Vous êtes un criminel, monsieur de Rouville, qui n’a jamais confessé ses crimes.

    L’auriez-vous fait ailleurs ? Si tel est le cas, vous devez avoir un billet de confession qui le prouve, comme c’est l’usage.
    Montrez-le-moi.
    — Mais vous êtes fou ! C’est pour cela que vous m’avez mandé, pour m’accuser faussement ?
    — Je ne vous accuse de rien, monsieur. Mais je reconnais en vous le pécheur. Je vous ai parlé de confession.
    — Que voulez-vous dire ? cria son paroissien.
    Le curé le gratifia d’un regard sévère. Le criminel ne lui faisait pas peur. Cet homme avait incendié son église, il allait en être puni.
    — J’ai eu la visite des demoiselles de Niverville, hier, poursuivit le curé.
    — Ces deux hystériques ? soupira Ovide, soulagé. Vous les connaissez suffisamment pour ne pas prêter foi à ce qu’elles racontent.
    — Au contraire, monsieur de Rouville. Ce qu’elles m’ont dit est l’exacte répétition de d’autres récits qui courent sur votre compte.
    — Des fables mesquines, persifla Rouville qui recommençait à avoir chaud.
    — Une fable qui ressemble en tout point à ce que vous avez fait subir à madame Talham, il y a de cela sept ans?
    L’allusion Pébranla. Que savait Bédard?
    — Cette femme est réputée pour la légèreté de ses mœurs. Vous ne pouvez pas la croire.
    — Madame Talham est une honnête femme et je vous interdis dorénavant de prononcer une seule parole malveillante { son égard. Je l’ai crue lorsqu’elle s’est confessée
    { moi, la veille de son mariage. La pauvrette refusait d’avouer le nom de son agresseur qui l’avait menacée de mort.

    Mais elle a fini par tout me révéler. Je sais ce qui s’est passé dans l’écurie de votre père, il y a sept ans, monsieur de Rouville.
    — Vous ne pouvez rien prouver, avança Rouville, d’une voix blanche.
    C’était déj{ un aveu. Le curé, qui était assis derrière sa table de travail, se leva brusquement. Les méfaits de cet homme qui n’avait pas trente ans étaient sans nombre.
    Ovide de Rouville réprima un tremblement.
    — Certes, je n’ai pas de preuves, admit le curé. Si je vous offre de vous confesser, c’est que j’ai confiance en la misé-
    ricorde du Seigneur. Le repentir peut soulager les âmes les plus noires et la vôtre est fort sombre, monsieur de Rouville.
    Le curé fit une pause afin que ses paroles trouvent un chemin escarpé pour pénétrer dans ce cœur chargé de crimes.

    — Autre chose. Le notaire Boileau a mené une enquête,
    { la suite de l’incendie de notre église. Je connais les résultats de cette enquête.
    Le curé avait adopté un ton glacial qui fit frémir Ovide.
    — Je n’étais même pas { Chambly, ce jour-là, protesta t-il.
    — Ovide de Rouville, vous avez allumé le feu dans le clocher aussi sûrement que si vous aviez dressé vous-même un bûcher dans notre église paroissiale! lança froidement le curé. Vous étiez derrière la main criminelle de ce triste sire qu’on a retrouvé mort, et identifié par monsieur Bunker comme étant l’homme rencontré par vous dans son établissement au printemps de 1806. Avant de trépasser, ce Shank a tout avoué. Le capitaine Ferrière, le notaire
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