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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite
Autoren: Louise Chevrier
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vieux prie-Dieu, il implorait la pitié du Seigneur. Ces dernières années, il avait lutté avec l’acharnement du désespoir pour obtenir la reconstruction de l’église «{ la bonne place». Maintenant quelle se tenait droite et fière, face au bassin de Chambly, «dans le plus bel endroit du
    Canada»,
    comme
    il
    l’avait
    si
    bien
    écrit
    {
    Monseigneur, il entreprendrait la décoration de Sa Maison, avec l’aide des plus grands artisans du Bas-Canada, les sculpteurs Louis-Amable Quévillon, Joseph Pépin et René Beauvais Saint-James, de grands artistes pour les ornements les plus somptueux faits de belles colonnades à la toscan, de riches autels sculptés avec des murs ornés de peintures de la Sainte Famille, des saints du paradis accompagnés d’angelots peints en des couleurs harmonieuses, et surmontés d’un ciel doré. Désormais, l’église de la paroisse Saint-Joseph-de-Chambly compterait parmi les plus belles du pays.
    Mais comme il aurait aimé goûter { un moment d’accalmie, quitter sa paroisse quelque temps, méditer et prier à son aise avant de reprendre le difficile service du Seigneur.
    Il était épuisé.
    Ces derniers mois, il avait pleuré et enterré plus de quarante de ses paroissiens au cours de la terrible épidémie qui avait duré jusqu’au printemps et dévasté les paroisses de la rivière Chambly. Il remercia le Seigneur d’avoir survécu, comme par miracle, { ce fléau, et d’avoir été épargné de ces miasmes mortels. Mais la paroisse se remettait à peine de ses deuils que l’arrestation de son frère aîné, Pierre-Stanislas, ordonnée à Québec par le gouverneur Craig, l’avait { nouveau plongé dans la douleur. Son pauvre frère avait vu son journal fermé, ses presses confisquées, comme s’il avait été le dernier des malappris. S’il n’avait pas été emprisonné avec un homme aussi inestimable que le docteur François Blanchet, le curé n’aurait plus jamais été capable de marcher la tête haute.
    «Je vous bénis, Seigneur, car ces pénibles incidents sont survenus bien après l’incendie maudit. Merci de nous avoir accordé notre église avant le grand malheur arrivé à mon frère, sinon, que serait-il advenu de mes paroissiens ? Nous l’avons tous échappé belle ! »
    Jean-Baptiste Bédard se rappela les durs mots de l’évêque, dans une lettre pastorale qu’il avait envoyée { ses prêtres ;i la suite des événements qui avaient fait fermer Le Canadien cl dans laquelle il soulignait les désirs du gouverneur Craig : Il attend de vous que dans vos instructions publiques, ainsi que dans vos conversations particulières, vous ne laissiez échapper aucune occasion de faire prudemment entendre au peuple que son bonheur { venir repose sur l’affection, le respect et la confiance qu’il montrera au gouverneur.
    Cette fidélité à prêcher en faveur du gouverneur Craig sous-entendait désavouer les propos du Canadien. Aussi bien dire renier son propre frère !
    «De grâce, Seigneur, épargnez-moi!» supplia le curé dans ses prières. «Ce n’est pas pour moi, car je ne vous demande rien. Mais mes forces s’amenuisent et je souhaite de tout cœur demeurer longtemps votre serviteur le plus fidèle. Il ne manquerait plus qu’une guerre pour que je m’effondre sous la charge. »
    Malheureusement pour Jean-Baptiste Bédard, les turpitudes du ciel menaçaient encore sa tranquillité. D’autres drames allaient s’abattre sur Chambly. Le Seigneur, dans sa grande sagesse, éprouverait à nouveau le curé de Saint-Joseph. Il y aurait de grands bouleversements contre lesquels le bon curé devrait s’avouer impuissant. Et bientôt, très bientôt, le village de Chambly ne serait plus jamais le même.

    Glossaire

    ARPENT : ancienne mesure agraire qui a différente valeur selon les régions ou pays. Au Canada, 192 pieds ou 58,50 mètres.
    AULNE : ou aune, mesure de longueur utilisée surtout pour mesurer le tissu, d’environ un mètre vingt.
    BERLINE : voiture fermée.
    BOMBAZETTE : sorte de tissu de lainage fin qui sert à faire des robes.
    BOSTONNAIS: Américains rebelles { l’époque de la Révolution américaine (1774-1783). On se rappelle que Boston est le point de départ de la guerre d’indépendance. Après avoir tenté de séduire les Canadiens en les invitant à se rebeller avec eux contre les Britanniques, les Bostonnais occupent le pays en 1775 etl776.
    Ils sont { Chambly d’octobre 1775 { juin 1776.
    CABOCHON : forme d’une
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