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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite
Autoren: Louise Chevrier
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Boucherville et de Rouville qui se dessinaient dans le lointain, avant de reprendre son cours impétueux et de s’engouffrer bruyamment dans le rapide long d’une lieue. Et { son coucher, l’astre brillant couvrait d’or les murs de pierre du vieux fort français qui se dressait fièrement
    { l’entrée des rapides, ancêtre centenaire qui veillait aux destinées de Chambly depuis les jours glorieux de la Nouvelle-France.
    François Lareau arrêta sa charrette devant une modeste maison de bois grisonnant dont l’un des volets vermillon pendait lamentablement. Le propriétaire ne semblait pas se soucier de chauler les murs, ce qui leur aurait donné meilleure allure.
    Nous voilà chez Potts, annonça le père à ses enfants.
    — Bouh ! fit son fils en grimaçant.
    — Faut-il vraiment s’arrêter ici ? demanda Marguerite avec une petite moue dédaigneuse. Je n’aime pas ce monsieur Potts. Il nous regarde comme si nous étions des miséreux, alors que lui. .
    La jeune fille suspendit sa phrase, consciente de manquer à la charité chrétienne.
    — On ne peut pas y échapper, répondit son père. C’est lui le fondé de pouvoir du seigneur Christie. Nous devons lui rendre compte et laisser notre paiement. Presque tout le contenu de notre charrette lui est destiné.
    Simple commis de Napier Burton Christie, Samuel Potts croyait toutefois qu’il était dans ses attributions de person-nifier le seigneur en prenant de grands airs, ce qui n’impressionnait guère les habitants qui se moquaient volontiers du petit homme prétentieux. Les curés de Chambly avaient toujours eu peine { contenir l’exubérance de leurs paroissiens et même les anciens seigneurs français n’avaient jamais tenté de faire plier Péchine aux habitants. Comment ce pauvre petit Potts pouvait-il prétendre en imposer à un censitaire qui l’enverrait vertement au diable ? Les habitants se savaient les vrais maîtres du pays! Leurs ancêtres avaient défriché ces terres avec leurs bras, soutenus par la seule force de leur courage, pour les rendre riches et cultivables. Ils avaient bâti les maisons en pierre et les granges qu’on apercevait près des vieux chemins. C’étaient encore eux qui avaient érigé les belles églises de Saint-Joseph et de Pointe-Olivier, et construit tous les moulins de la seigneurie qui se dressaient toujours le long de la rivière des Hurons et de la Petite Rivière, qui se jetaient dans le bassin de Chambly.
    Potts louait une maison au village, voisine de l’auberge du tavernier Bunker chez qui il passait la plus grande partie de son temps. L’homme était ratoureux, fourbe parfois, et cherchait son profit aux dépens de celui des autres, ne manquant jamais une occasion d’abuser de l’ignorance de ces damned habitants. Pour lui, ils n’étaient que des paresseux, toujours à prétexter une mauvaise récolte ou évoquer les honoraires du médecin pour ne pas acquitter leur dû le jour dit. Really, my God! Il devait sans cesse mander le vieux notaire Leguay pour dresser des actes de prêts et d’obligations. Samuel Potts haïssait ces pensants. Et les fiers habitants, peu impressionnés par l’outrecuidant personnage, se moquaient de lui en riant et en se tapant sur les cuisses.
    Lorsqu’il les voyait faire, le bonhomme devenait rouge, frustré de n’y comprendre goutte, les injuriant { son tour dans sa langue.
    En arrêtant sa charrette devant la maison du commis, François reconnut celle de son voisin, Benjamin Tétrault.
    Au-del{ des fenêtres closes, il l’entendait tempêter et ne put retenir un sourire, imaginant facilement la scène qui se déroulait dans l’officine du commis. Les Tétrault aimaient la chicane, c’était connu dans toute la seigneurie.
    — Ceux-là, ils aiment à rouspéter, ça leur fait du bien, disait souvent Victoire, railleuse.
    Ce matin, Potts faisait les frais de ce mauvais caractère et ripostait de son mieux.
    — Tétrault, you ’re three bushels and one fat capon short !
    vociférait le commis de sa voix aigrelette.
    La porte s’ouvrit brusquement sur Tétrault qui fulminait.
    — Nom de Dieu ! L’imbécile ! Je ne sais pas écrire, mais je sais compter !
    L’habitant aperçut alors son voisin.
    Méfie-toi, Lareau ! l’apostropha-t-il.
    — Qu’est-ce qui se passe ? demanda ce dernier en atta-chant sa jument.
    — Cet âne courtaud voulait ajouter un minot d’orge et deux minots de blé { mes rentes, en plus d’un autre chapon gras. Maudit hypocrite
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