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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo
Autoren: Gary Jennings
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dits ni l’un
ni l’autre, j’imagine. Je refis un tour ou deux en ruminant.
    — Tu as raison, admis-je finalement, et je
soupirai. Nous sommes vieux. La passion est derrière nous. Derrière nous les
beautés du danger et les dangers de la beauté. Quoi que nous ayons fait,
quelles qu’aient été nos fautes, rien n’importe plus désormais.
    Elle soupira elle aussi et se pencha à nouveau sur son
ouvrage. Je restai un moment pensif en la regardant. Elle était assise dans la
lumière d’un après-midi de septembre, à l’endroit où elle pouvait travailler le
mieux. Le soleil n’égayait guère sa sobre tenue, et son visage était baissé,
pourtant ses pâles rayons jouaient sur sa chevelure. Ils auraient fait luire
ses tresses, naguère, d’un or aussi brillant que le blé en été. Mais sa tête
courbée avait pris l’éclat mélancolique de la gerbe coupée ; une couleur
pâle, ensommeillée, ce brun grisâtre qui s’accorde si bien aux premiers frimas
de l’automne.
    — Septembre, dis-je comme en songe, sans me
rendre compte que je parlais à voix haute.
    — Pardon ?
    — Non, rien, ma chère.
    Je traversai la pièce, me penchai vers elle et, non
pas amoureusement mais avec toute la tendresse d’un père, embrassai le sommet
de sa tête chérie.
    — À quoi travailles-tu ?
    — Parechio. De
petites choses pour la parure de mariage, pour la luna di miele. Il n’y
a pas de mal à s’y préparer longtemps à l’avance.
    — Fantina a vraiment de la chance d’avoir une
mère aussi prévoyante.
    Donata leva les yeux et m’adressa un pâle sourire.
    — Tu sais, Marco... Je réfléchissais. Cette
promesse que tu m’as faite... elle a été tenue, mais elle est proche de
l’expiration, à présent. Je veux dire... Fantina presque mariée et partie,
Bellela fiancée, Morata pas loin d’être adulte elle aussi. Si tu te languis
toujours de repartir...
    — Tu as raison, là encore. Je n’ai pas compté,
mais me voilà bientôt au seuil de la liberté, pas vrai ?
    — Je te la rends toute entière, si tu la veux.
Mais tu me manqueras. Quoique j’aie pu te dire tout à l’heure, tu me manqueras
terriblement. Il n’empêche, je tiens mes promesses, moi aussi.
    — C’est vrai. Et maintenant que tu en parles, je
devrais peut-être y songer. Après le mariage de Fantina, je pourrais partir
pour... oh, juste un petit voyage, le temps d’être rentré pour les noces de
Bellela. Peut-être pourrais-je faire un saut à Constantinople, voir ce vieux
cousin Nico. Oui, je devrais faire ça. Dès que mon dos ira mieux, en tout cas.
    — Ton dos te fait encore souffrir ? Oh, mon
pauvre chéri.
    — Niente, niente. Un
petit élancement de temps à autre, rien de plus. Pas de quoi se tracasser. Tu
sais, ma chère fille, une fois en Perse et une autre au Kurdistan, j’ai dû
monter à cheval – non, la première fois c’était un chameau – et chevaucher
après avoir eu la tête à moitié fracassée par les gourdins de brigands. J’ai dû
te parler de ces épisodes, et le...
    — Oui.
    — Oui. Bien. Je te remercie de ta suggestion,
Donata. Voyager de nouveau. Je vais y réfléchir, je te le promets.
    Je passai dans la pièce voisine, qui était mon bureau
lorsque j’emportais du travail à la maison, et elle dut m’entendre fouiller un
peu car elle me lança à travers la porte :
    — Si tu cherches tes cartes, Marco, je crois que
tu les as toutes gardées au fondaco, le dépôt de la Compagnie.
    — Non, non. Je cherche du papier et une plume. Je
pense que je devrais finir cette dernière lettre à Rustichello.
    — Pourquoi ne descends-tu pas t’installer au
jardin ? L’après-midi est doux. Tu pourrais en profiter un peu dehors. Il
n’y aura plus tellement de belles journées avant l’hiver.
    Comme je commençais à descendre, elle ajouta :
    — Les jeunes gens viennent dîner, ce soir. Zanino
et Marco. C’est pour cela que Nata était si occupée à la cuisine et qu’elle t’a
sans doute parlé un peu rudement. Puisque nous avons des invités, peut-on
sceller un pacte, tous les deux ? De ne pas revenir sur notre petite
querelle ce soir à table ?
    — Non, plus de querelle, Donata, ni ce soir ni
jamais. Je suis sincèrement désolé d’en avoir soulevé une, quelle qu’en soit la
cause. Comme tu le dis, profitons tranquillement des jours qui nous restent.
Tout ce qui s’est passé avant... rien n’a plus d’importance.
    J’ai donc descendu mon
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