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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo
Autoren: Gary Jennings
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cheval ont tenu
les autorités de Khanbalik informées de votre approche. Nul ne peut arriver
incognito dans la cité du khan.
    — Cependant, fît Donduk d’un ton plus respectueux
qu’à l’ordinaire, ce sont les autorités habituelles de la ville qui prennent en
général en charge les allées et venues des visiteurs. Vous autres Ferenghi (il
prononça ce terme avec une bienveillance inusitée) paraissez avoir vos entrées
au sein du palais, à en juger par la chaleur de l’accueil, plutôt exceptionnel,
qu’on vous a réservé. Il me semble que les sages qui nous accompagnent font
partie de la cour personnelle du khakhan lui-même.
    Je balayais l’avenue des yeux, avide de me faire une
idée de ce à quoi ressemblait cette ville, lorsque soudain toute vue se boucha,
et mon attention fut attirée ailleurs. Il se produisit un bruit de tonnerre, et
un éclair aveuglant zébra le ciel, à portée inquiétante de nos têtes. Je sursautai,
mon cheval se mit à ruer si violemment que j’en perdis les étriers. Je
maîtrisai l’animal en tirant violemment les rênes avant qu’il ne s’emballe et
le maintins, secoué par sa danse, tout le temps que le bruit se répéta, chaque
fois accompagné d’un nouvel éclat de lumière. Mon cheval n’était pas le seul à
avoir réagi ainsi : tous mes compagnons s’activaient à maîtriser leur
monture apeurée. Je m’attendais à voir tout le monde courir se mettre à
couvert. Or non seulement tous restaient tranquilles, mais ils avaient même
l’air d’apprécier ce tumulte et cette fulgurance qui illuminait la nuit
tombante. Mon père, mon oncle et les deux Mongols, qui partageaient cette
sérénité, souriaient de toutes leurs dents, tout en tirant fermement les rênes
de leurs chevaux qui ne cessaient de broncher. Il semblait que cette danse de
flammes et ce vacarme assourdissant n’ahurissaient en fait, à part moi, que
Narine, dont je pouvais voir les prunelles blanches s’exorbiter tandis qu’il
cherchait, éperdu, la source de l’inexplicable commotion.
    Elle provenait des toits en pagode qui bordaient les
deux côtés de l’avenue. Des gouttes de lumière brillante, semblables à de
gigantesques étincelles – ou, mieux encore, aux mystérieuses « perles du
Ciel » que nous avions vues dans le désert –, montaient depuis ces toits
et décrivaient un arc de cercle au-dessus de nos têtes. Parvenues à notre
verticale, elles explosaient en vol dans un bruit sourd, violent mais comme
amorti, soudain transformées en une constellation de raies de couleur
scintillant de mille éclats de lumière, lesquels retombaient doucement au vent,
s’affaiblissant peu à peu, pour aller mourir sur le pavé de la rue, ne laissant
subsister derrière eux que l’acre et piquante trace d’une fumée bleuâtre. Leur
envol et leur pétarade étaient si nourris que leur éclat continu abolissait le
crépuscule, tandis que le roulement crépitant des explosions noyait la
farandole de nos accompagnateurs. Les musiciens, imperturbables, avançaient au
milieu des nuages de fumée et semblaient désormais mimer le jeu de leurs
instruments. Bien qu’également inaudibles, les habitants de la ville, massés de
part et d’autre de notre ligne de marche, semblaient, à voir leurs sauts
frénétiques, leurs bras tendus et l’ouverture démesurée de leurs bouches,
acclamer avec la dernière énergie chaque nouvelle détonation.
    J’avais certainement les yeux écarquillés à la vue de
cet étrange et indescriptible feu volant car, dès que nous fumes un peu plus
loin dans l’avenue, derrière la tempête de fumée et de lumières artificielles,
Ussu, poussant de nouveau sa monture contre la mienne, me hurla, assez fort
pour dominer la musique du groupe qui avait repris de plus belle :
    — Jamais tu n’avais vu pareille exhibition de ta
vie, n’est-ce pas, Ferenghi. Ceci est un jouet que l’on doit à ces
grands enfants de Han. Ils l’appellent le huo-shu yin-hua, les
« fiers rameaux aux fleurs éclatantes ».
    Je secouai la tête et répondis :
    — Sacré jouet, en vérité !
    Mais je fis en sorte de sourire comme si cela m’avait
également diverti. Puis je reportai mon attention sur les environs afin de
découvrir à quoi pouvait ressembler la fabuleuse cité de Khanbalik.
    Je reviendrai sur ce sujet. Je dirai simplement que
cette ville, qui avait dû subir d’effroyables destructions au moment de sa
prise par les Mongols, quelque temps avant ma
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