Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
d’une
prononciation très similaire, comme vous l’entendez.
    — Gèsu, murmurai-je.
    — Je résume, fit Lin-ngan. La femme sera livrée
au Caresseur, accompagnée de son mari trahi. En la présence du Caresseur, qui
l’assistera si nécessaire, l’époux trompé arrachera à sa femme, uniquement à
l’aide des dents et des ongles, la zone du sphincter pudendal, avec laquelle il
pourra alors l’étrangler. Ainsi a parlé le khan Kubilaï !
    Ni mon père ni mon oncle ne trouvant le moindre
commentaire adapté à ce verdict, je raillai, l’air entendu :
    — Vakh ! Pure esbroufe que tout ceci... Le khakhan a été
averti de notre présence. Il ne prononce ces jugements excentriques que dans le
but de nous impressionner et de nous déconcerter ! Comme lorsque l’ilkhan
Kaidu avait craché dans la bouche de son gardien.
    Mon père et le mathématicien Lin-ngan me jetèrent des
regards désapprobateurs, et mon oncle grogna :
    — Impertinent effronté ! Crois-tu vraiment
que le khan des khans s’abaisserait à essayer d’impressionner quelque être
vivant que ce soit ? À plus forte raison de pauvres diables sans importance,
venus d’un trou de la planète situé loin au-delà de ses domaines !
    Je n’émis aucun commentaire, mais ne pris pas pour
autant un air contrit, certain que mon opinion si dénigrée trouverait bientôt
sa confirmation. Ce qui ne fut jamais le cas. Car l’oncle Matteo avait raison,
bien sûr, et j’étais entièrement dans mon tort. J’aurais bientôt l’occasion de
voir à quel point j’avais mal apprécié le tempérament du khakhan.
    À cet instant, le Cheng se vidait. La masse blottie
des plaignants s’était levée et franchissait d’un pas traînant la porte par
laquelle nous étions entrés. Tous les officiels de justice présents à côté du
dais, à l’exception du khakhan, disparurent également par quelque porte
dérobée. Lorsqu’il n’y eut plus personne entre lui et nous que ses gardes,
Lin-ngan déclara :
    — Le khakhan nous fait signe. Approchons-nous.
    Suivant l’exemple du mathématicien, nous fléchîmes les
genoux pour entamer le ko-tou rituel destiné à montrer notre soumission
au khakhan. Mais avant que nos fronts eussent touché le sol, il s’écria d’une
voix chaleureuse et tonnante :
    — Relevez-vous ! Debout, mes vieux amis,
bienvenue à Kithai !
    Il parlait en mongol, et, ne l’ayant jamais observé
s’exprimer par la suite dans un autre langage, j’ignore s’il avait appris le
farsi commercial ou aucun des dialectes si variés qu’on employait dans son
vaste royaume. Je n’ai jamais entendu qui que ce soit s’adresser à lui dans un
autre idiome que son mongol maternel. Il n’embrassa pas mon père et mon oncle
comme on l’eût fait à Venise, mais fit claquer sur l’épaule de chacun un coup
retentissant de la lourde paume de sa main.
    — Que c’est bon de vous revoir, frères Polo.
Alors, comment s’est déroulé votre voyage, uu ? Voici donc le
premier de mes prêtres, uu ? Il me semble bien jeune, pour un sage
ecclésiastique !
    — Non, Sire, s’excusa mon père. Celui-ci est mon
fils Marco, devenu lui aussi un voyageur émérite. Comme nous, il est venu se
mettre au service du khakhan.
    — S’il en est ainsi, qu’il soit également le
bienvenu, répliqua Kubilaï en m’adressant un aimable signe de tête. Mais les
prêtres, ami Nicole, suivent-ils derrière, uu ?
    Sans prendre le ton de l’excuse, mon père et mon oncle
lui exposèrent notre impossibilité à lui ramener les cent prêtres missionnaires
réclamés, parce qu’ils avaient eu la malchance de rentrer durant un long
interrègne papal, avec toute la désorganisation que cela avait pu entraîner
dans la hiérarchie de l’Église. (Ils ne firent pas mention des deux frères
prêcheurs au cœur faible qui ne nous avaient pas suivis plus loin que les côtes
du Levant.) Tandis qu’ils s’expliquaient, je pris le temps d’examiner de près
le monarque le plus puissant du monde.
    Le khan de tous les khans venait tout juste d’avoir
soixante ans, âge qui, en Occident, l’aurait classé parmi les
« anciens », mais il était toujours un robuste spécimen de maturité
et de virilité. En guise de couronne, il portait un casque morion en or
semblable à un bol de soupe renversé, avec de petits rabats sur la nuque et sur
les côtés. Ses cheveux, d’après ce que je pouvais en distinguer sous le morion,
étaient gris mais encore
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher