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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon
Autoren: Lindsey Davis
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agir !
    — Arrête de me faire perdre mon temps. Explique-toi, ou on va en rester là.
    Epimandos et Gringalet ne perdaient pas une de nos paroles. Appuyé sur ses pots, le serveur s’était fourré les doigts dans le nez et nous dévisageait ouvertement. Le chat possédait plus de savoir-vivre : il faisait mine de s’intéresser à un morceau de pain tombé sous la table. Flora n’était pas l’endroit idéal pour mettre au point l’enlèvement d’une riche héritière ou marchander un flacon de poison qui scellerait le sort d’un associé. Cette caupona possédait le personnel le plus indiscret de tout Rome.
    — Quelques-uns d’entre nous, amis de Festus, m’informa Censorinus avec emphase, ont accepté de financer une de ses entreprises.
    Je dus faire un grand effort sur moi-même pour ne pas fermer les yeux en soupirant. Combien de fois avais-je entendu cette phrase dans le passé ?
    — Et ? me contentai-je de dire.
    — Quoi, « et » ? On veut notre part des bénéfices ou récupérer notre mise. Tout de suite. C’est aussi simple que ça.
    Je me forçai à ignorer la mise en demeure.
    — Bon, pour l’instant, je ne peux pas dire que tu as réussi à beaucoup m’impressionner. Si tu fais partie des gens qui connaissaient bien Festus, tu dois savoir qu’il n’a pas caché de jarres débordant de sesterces sous les lits dans lesquels il dormait. S’il y trouvait un pot, il s’en servait uniquement pour pisser dedans. J’étais son exécuteur testamentaire et il ne m’a rien laissé. Deuxièmement, même si cette opération commerciale était légitime, j’aimerais voir des reconnaissances de dette avant de prendre position. Mon frère était un joyeux drille, mais j’ai tous ses comptes et ils étaient bien tenus.
    Du moins ceux que j’avais trouvés chez notre mère, gribouillés sur des tablettes. Je m’étais toujours attendu à en découvrir d’autres beaucoup plus calamiteux.
    Censorinus me dévisagea froidement.
    — Je n’aime pas le ton que tu prends avec moi, Falco !
    — Et moi, je n’apprécie pas du tout ton attitude.
    — Tu ferais bien de te préparer à payer.
    — Toi, tu ferais mieux de te décider à m’expliquer de quoi il s’agit.
    Il y avait vraiment quelque chose de bizarre dans l’attitude du légionnaire. Il paraissait très peu enclin à révéler le fin mot de l’histoire, et il avait beaucoup de mal à tenir en place.
    — Il ne s’agit pas d’une plaisanterie, Falco. Il va falloir cracher !
    — Hadès ! m’exclamai-je, soudain furieux. Tu ne m’as pas encore appris la date, l’endroit, la nature de l’opération. Ni le montant des fonds en jeu ! Tu n’arrêtes pas de jacter pour ne rien dire.
    Epimandos vint faire semblant de nettoyer les tables pour approcher encore plus ses oreilles. Il se contenta d’envoyer valser des noyaux d’olives du bout de son chiffon sale.
    — Va te faire voir ailleurs, tu pues l’ail ! cria Censorinus après lui.
    Il parut s’intéresser au serveur pour la première fois. Epimandos bondit en arrière, buta contre un comptoir et fut saisi d’une de ses crises nerveuses. Tendant le cou derrière son dos, d’autres clients commencèrent à s’intéresser à nous. Censorinus vint s’installer sur un tabouret à côté de moi pour pouvoir me parler à voix basse.
    — Festus avait une cargaison sur un bateau, croassa-t-il.
    — Il se trouvait où à ce moment-là ?
    Encore une fois, je parvins à faire l’effort de dissimuler mon inquiétude. Et aussi ma surprise, en découvrant que mon frère avait affrété un navire. Je voulais tout apprendre à ce sujet avant l’apparition de nouveaux créanciers.
    — À Césarée.
    — Et il vous a fait participer à cette transaction ?
    — On a même formé un syndicat.
    Il avait lâché le grand mot qui paraissait l’impressionner plus que moi.
    — Une cargaison de quoi ?
    — Des statues.
    — Ça tient debout. (Le commerce d’objets d’art était une tradition familiale du côté de mon père.) La cargaison partait de Judée ?
    — Non, de Grèce.
    Tout à fait crédible également. L’appétit des Romains pour la statuaire grecque était insatiable.
    — Bon, alors ? Que s’est-il passé ? Et pourquoi avez-vous attendu trois ans pour réclamer une dette ?
    — Il y a eu une putain de guerre en Orient, Falco ! Tu n’en as pas entendu parler ?
    — J’en ai entendu parler, affirmai-je d’un ton sinistre, en pensant
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