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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon
Autoren: Lindsey Davis
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1
    Rome ; Capoue ; Rome
    Mars-avril, en 72 après Jésus-Christ
     
    Une nuit sombre et orageuse sur la Via Aurelia : nous n’étions pas encore dans Rome, et les présages ne s’annonçaient pas fameux pour notre retour à la maison.
    À ce moment-là, partis de Germanie, nous avions déjà couvert un bon millier de milles pour regagner Rome. Qui plus est, nous avions voyagé en février et mars. Les cinq ou six heures que venait de durer le trajet depuis Veei avaient été les pires. Longtemps après que les autres voyageurs se furent mis au lit dans les auberges bordant çà et là les routes, nous avions continué d’avancer. Choisir de presser le mouvement pour gagner la capitale le soir même avait été une décision ridicule. Tous les membres de mon petit groupe en étaient conscients, et chacun d’eux connaissait le nom du responsable : moi, Marcus Didius Falco 1 . Ils exprimaient leur mécontentement avec plus ou moins de liberté, mais hors de portée de mes oreilles. Ils se trouvaient dans la carriole, humide et inconfortable certes, mais en mesure de constater qu’il existait des alternatives plus froides et plus mouillées : j’étais à cheval et rien ne me protégeait de la pluie battante ni du vent.
    Paraissant surgir brusquement du néant, apparurent les premières habitations qui allaient border notre chemin lors de notre traversée du sordide quartier de Transteberina : des immeubles délabrés, sans balcons ni pergolas, se pressant les uns contre les autres comme pour se soutenir mutuellement afin de rester debout. Leurs rangs serrés ne s’écartaient légèrement que pour laisser passage à de sombres allées étroites où des bandits guettaient habituellement les voyageurs faisant une entrée tardive dans Rome. Peut-être que ce soir, ils avaient préféré rester douillettement au lit. Mais c’était peu probable ; ils devaient espérer, au contraire, que le mauvais temps pousserait les retardataires à relâcher leur vigilance. Je savais que la dernière demi-heure d’une longue étape pouvait s’avérer la plus dangereuse. Dans les rues apparemment désertes, les sabots des chevaux et les roues bringuebalantes claironnaient notre arrivée de loin. Percevant les dangers qui nous entouraient, je posai la main sur le pommeau de mon sabre après avoir vérifié que le poignard dissimulé dans ma botte était resté en place. La pluie ayant dilaté les lanières de cuir qui le maintenaient contre ma cheville enflée, il ne serait pas facile de l’extraire en cas de besoin.
    Je ramenai les pans de ma cape détrempée autour de moi, le regrettant aussitôt car les plis pesants du tissu alourdi d’eau entravaient mes mouvements. Une gouttière céda au-dessus de ma tête, et une douche glacée m’inonda, effraya mon cheval et mit mon chapeau de travers. Laissant échapper un chapelet de jurons bien sentis, je parvins à contrôler l’animal. Et pour tout arranger, je constatai que j’avais manqué la route menant au pont Probus, notre chemin le plus rapide pour rentrer chez nous. Mon chapeau s’envola et je ne fis rien pour le retenir.
    Je savais que le mince rayon de lumière, aperçu dans la ruelle qui débouchait à ma droite, indiquait un poste de garde des vigiles. C’était le seul signe de vie.
    Nous empruntâmes le pont Aurelia pour traverser le Tibre. Dans l’obscurité, nous entendîmes gronder le fleuve. Ses eaux bouillonnantes paraissaient avoir acquis une énergie fort déplaisante. En amont, il avait très certainement quitté son lit et inondé tout ce qui se trouvait au pied du Capitole, transformant une fois de plus le Campus Martius – marécageux quel que soit le temps – en un lac malsain. De nouveau, une vase clapotante et nauséabonde allait s’infiltrer dans les sous-sols des riches habitations bordant le fleuve, rabattant pour un temps le caquet de leurs propriétaires bourgeois qui ne cessaient de se vanter de la vue superbe dont ils jouissaient.
    Mon propre père en faisait partie. Et rien qu’en imaginant le rez-de-chaussée de sa demeure envahi par ces eaux putrides, mon moral remonta d’un cran.
    À l’instant où nous nous apprêtions à obliquer vers le marché au bétail du Forum, une violente bourrasque de vent stoppa net mon cheval. Au-dessus de nous, la Citadelle et le Palatin étaient invisibles. Les palais illuminés des Césars restaient également noyés dans l’obscurité, mais j’avais enfin atteint des quartiers où je
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