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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200
Autoren: Jean (d) Aillon
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même.
    — Vous vous souvenez qu’à Bordeaux, dame
Aliénor a voulu me voir…
    — Oui.
    — Elle m’a interrogé et, sans penser à mal,
je lui ai appris que nous allions à Londres. J’ai vu à son regard surpris
qu’elle l’ignorait.
    — Je ne le lui avais pas révélé, confirma
Robert de Locksley. C’est elle qui m’avait dit de m’y rendre pour chercher mon
argent.
    — Elle m’a alors demandé si le sire d’Ussel
s’y rendait avec nous, et j’ai répondu oui, ajouta Ranulphe en baissant les
yeux. Puis, comme elle continuait à m’interroger, j’ai dit qu’un messager du
roi de France était venu à Lamaguère.
    Guilhem hocha la tête. Il comprenait mieux
maintenant comment Mauluc et Dinant les avaient retrouvés.
    — Elle m’a demandé aussi si vous protégiez
toujours les hérétiques, avoua Ranulphe en relevant les yeux vers Guilhem, et
j’ai reconnu qu’il y avait des cathares à Lamaguère… Mais je ne pensais pas
vous causer du tort, seigneur, supplia-t-il.
    Personne ne parlait, et Ranulphe se contraignit à
poursuivre sa confession.
    — Elle m’a alors promis, si je lui restais
fidèle, que je deviendrais son chevalier, quand elle serait de retour à
Fontevrault… Elle m’a promis de m’équiper et de me donner un fief, et je suis
devenu son homme lige… J’ai promis d’empêcher Guilhem d’Ussel de lui nuire ou
de nuire à son fils.
    N’en pouvant plus, il s’arrêta et un pénible
silence s’installa.
    Robert de Locksley méditait sur ce qu’il venait
d’entendre et, curieusement, ce fut Guilhem qui parla le premier.
    — Mais tu n’as pas respecté ce serment,
Ranulphe. Tu as eu plusieurs fois l’occasion de satisfaire Aliénor. Je t’ai
même donné le moyen de nous trahir, or, tu ne l’as jamais fait. Quelle plus
grande preuve de fidélité aurais-tu pu donner à ton seigneur ?
    — Tout homme peut prêter plusieurs hommages,
Ranulphe, fit alors Locksley. Mais aux moments décisifs, il doit choisir quel
maître il sert. Tu n’as jamais failli envers moi, tu as même accepté de passer
pour un félon, un rôle que j’aurais eu du mal à jouer.
    Ranulphe se remit à genoux.
    — Je savais où se trouvait ma fidélité,
seigneur, mais en vous restant fidèle j’ai quand même trahi la foi donnée à
dame Aliénor.
    — C’est elle qui t'a incité à trahir ta foi,
tu ne lui devais donc rien, répliqua sèchement Guilhem.
    Il ajouta, avec un sourire narquois :
    — Tu découvres ainsi qu’il n’y a point de
médaille qui n’ait son revers.
    Robert de Locksley prit les mains implorantes de
Ranulphe qui lui baisa les pouces en déclarant :
    — Je suis votre homme et je me donne à vous.
    Ce fut une brève cérémonie de renouvellement de
l’hommage, mais elle était si sincère que chacun se rendit compte que Ranulphe
serait éternellement fidèle à son seigneur. Locksley le fit se relever et lui
sourit affectueusement.
    — Seigneurs, intervint alors Hamelin, que
voulez-vous que je fasse de Cédric ? Je souhaite l’emmener et le faire
juger par le roi.
    Robert de Locksley parut embarrassé. Livrer Cédric
à la justice royale, c’était certainement le faire démembrer vivant ou écorcher
au Trahoir [69] ,
quand le roi apprendrait qu’il avait volé le précieux testament. Or, jamais il
n’avait livré ses hommes.
    — Prévôt Hamelin, intervint Guilhem, puis-je
vous demander une faveur ?
    — Elle est accordée.
    — Cédric a tué Perrine, une femme libre de
Paris. Il a reconnu son crime devant nous. Punissez-le seulement pour cela.
    Le Saxon lui lança un regard de reconnaissance. Il
savait qu’il allait mourir, mais au moins souffrirait-il moins s’il était
seulement pendu comme un larron.
    — Tu as de la chance, compère ! fit
sévèrement Robert Hamelin à Cédric. Peut-être même trouverai-je un moine pour
t’entendre et te pardonner avant de te faire donner la bénédiction des pieds et
des mains [70]  !
     

Chapitre 38
    C édric
fut pendu le lendemain soir sur la place du Grand-Châtelet devant une foule
nombreuse, car deux autres larrons furent suppliciés avec lui.
    Locksley, Guilhem, Anna Maria et son frère, ainsi
que Jehan se rendirent à l’exécution à la fin de laquelle Guilhem obtint que le
Saxon soit mis en fosse et ne reste pas au bout de la corde, comme les autres
condamnés, à nourrir les choucas qui nichaient dans les tours.
    Ce même soir, Amiel de Châteauneuf vint les
prévenir que le roi
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