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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200
Autoren: Jean (d) Aillon
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errants, les colporteurs, les réfugiés
et les frocards de tous ordres.
    Ancien chef de mercenaires et vassal du comte de
Toulouse, Guilhem avait la tête haute et le maintien hardi de ceux qui ont
affronté et vaincu les épreuves les plus redoutables. Bien que Poitiers soit
grouillant de chevaliers et d’hommes en armes, tout le monde se retournait sur
son passage tant il avait un je-ne-sais-quoi de différent des autres ; un
attirant mélange de rudesse et de générosité, d’habileté et de franchise.
L’épaisse barbe noire qui lui masquait une partie du
visage rendait son âge incertain quoiqu’il eût les traits d’un homme jeune. Son
nez busqué lui donnait un air d’oiseau de proie et l’assurance de son regard
révélait le capitaine capable de conduire de vastes entreprises. La fine
cicatrice qui disparaissait dans sa courte chevelure témoignait des combats
qu’il avait menés. La lourde épée qui pendait à sa taille par un double
baudrier, la hache, le casque à nasal et la rondache attachée à sa selle, les
éperons de fer à ses soliers laissaient entendre qu’il était chevalier,
même s’il n’avait ni camail ni haubert.
    Près de lui se tenait son écuyer, Bartolomeo
Ubaldi, jeune garçon craintif et parfois irrésolu, mais agile et redoutable
quand il était contraint de se battre, surtout avec un couteau ou une épée en
main. Bartolomeo était aussi fin jongleur et talentueux ventriloque.
    Les deux hommes revenaient du palais des ducs
d’Aquitaine où ils avaient laissé leur ami Robert de Locksley et son épouse, la
belle Anna Maria, la sœur de Bartolomeo.
    Guilhem songeait au voyage qu’ils allaient
entreprendre. Après ce qu’il venait d’apprendre au palais, c’était certainement
le plus mauvais moment pour se rendre à Toulouse. Traverser le Limousin, le
Quercy et le Périgord soumis à des guerres entre barons et ravagés par des
bandes de routiers serait une expédition périlleuse, surtout avec des femmes,
des enfants et des hommes refusant de se battre.
    L’immense territoire de sauvages vallons et
d’épaisses forêts qu’ils allaient franchir pour rejoindre Albi et Toulouse,
Guilhem le connaissait bien. Il l’avait ravagé pour Richard Cœur de Lion, quand
il n’était qu’un routier au service de Mercadier. Mais chaque fois qu’il
l’avait parcouru, il était avec une troupe de brutes ivres de pillage, jamais
avec des femmes et des enfantelets.
     
    Venant de l’abbaye de Fontevrault où Robert de
Locksley avait retrouvé ses écuyers et les archers saxons qui l’attendaient
depuis le mois d’avril, leur convoi était arrivé la veille à Poitiers [4] , trois jours après la
Fête-Dieu [5] .
    Ces hommes d’armes rassuraient Guilhem, car s’ils
avaient échappé aux bandes de pillards depuis leur départ de Paris, leur troupe
n’avait jusque-là compté que trois combattants : lui-même, Locksley et
Bartolomeo. Les autres n’étaient que des marchands et des tisserands. Non
seulement ils ne connaissaient rien à l’art de la guerre, mais ils refusaient
de se battre et même de se défendre.
    C’étaient des cathares.
    Les cathares, qui se nommaient aussi bons
hommes, tisserands ou ariens, et qu’on appelait parfois bogomiles, étaient
persuadés que le monde était partagé en deux principes : le Bien et le
Mal.
    Le Mal, créé par le Démon, était le monde
matériel, tandis que le Bien, création divine, était le monde immatériel, celui
de l’âme. Les hommes vivaient donc dans un univers démoniaque organisé par
l’Église de Rome, une puissance au service de Satan. Les cathares rejetaient donc
ce qui était matériel ; refusaient la chair des animaux, car les âmes
pouvaient se réincarner ; ne mentaient ni ne juraient, puisque les
Évangiles l’interdisaient ; réprouvaient la violence, forcément satanique,
et condamnaient le mariage, qui provoquait la naissance d’enfants qui vivraient
dans le monde du Démon.
    Mais les bons hommes admettaient qu’il était
difficile de respecter de si dures lois. Seuls les plus forts y parvenaient.
Ceux-là méritaient le baptême du Saint-Esprit qu’ils appelaient le consolamentum, l’union du corps et de l’esprit. Dans la troupe que conduisait Guilhem,
seul Enguerrand l’avait reçu. Il était un parfait et Guilhem aimait sa fille
Sanceline.
    Sanceline était facilement devenue sa maîtresse,
car le péché de chair n’était pas grave pour les cathares. Elle l’avait
cependant
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