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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200
Autoren: Jean (d) Aillon
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d’Aliénor, et
maintenant que le Cœur de Lion était mort, Aliénor exigeait qu’ils renouvellent
ce serment pour conserver les fiefs concédés par son fils [6] .
    À tour de rôle, le grand chambellan avait appelé
les vassaux qui s’avançaient et s’agenouillaient devant la duchesse, plaçant
leurs mains jointes dans celles, ridées, de la vieille femme en déclarant d’une
voix forte :
    — Dame Aliénor, je suis votre homme et je
m’engage en ma foi à vous être fidèle.
    La cérémonie s’interrompait par moments, quand la
duchesse voulait recevoir en privé les plus puissants de ses hommes liges.
C’est lors d’une de ces interruptions que Guilhem d’Ussel et Robert de Locksley
avaient interrogé le grand vicaire de l’évêché sur les périls qui les
attendraient sur la route de Limoges.
    Le grand vicaire avait un nez camus et de laides
mains calleuses, plus habituées à tenir l’épée ou le fléau d’armes que le
bréviaire. Ayant appris que Locksley avait été proche du roi Richard, il avait
répondu franchement à leurs questions, tout en restant sur une prudente
réserve.
    Guilhem avait cependant deviné qu’il regrettait
qu’Arthur n’ait pas été choisi comme roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine. Même
si Jean et sa mère avaient repris plusieurs villes rebelles et étaient
désormais maîtres de la Normandie, de l’Angoumois, du Poitou et de l’Aquitaine,
la situation était des plus confuses, avait-il expliqué en grimaçant.
    Nombre de vassaux de Richard, tel Adhémar de
Limoges, penchaient depuis longtemps pour le roi de France, surtout pour gagner
leur indépendance, et ne laissaient plus entrer les troupes anglaises dans la
vicomté. En vérité, du Poitou à l’Aquitaine, le pays était partagé en deux
partis avec deux chefs : Guillaume des Roches rassemblait les barons
favorables à Arthur de Bretagne, tandis que Robert de Turnham, fidèle à
Aliénor, soutenait le roi Jean.
    Mais, en prenant le pouvoir, Jean avait aussi
écarté nombre de fidèles de Richard pour les remplacer par ses serviteurs et,
désormais, une sourde querelle l’opposait à sa mère qui l’empêchait d’agir à sa
guise en Aquitaine, duché lui appartenant en propre.
    Seulement Aliénor n’avait pas suffisamment
d’hommes liges pour conduire la politique qu’elle aurait désirée, voilà
pourquoi elle avait exigé que ses vassaux lui renouvellent l’hommage.
    — Nous aurons un sauf-conduit de dame Aliénor
pour traverser le Limousin et le Périgord, avait assuré Guilhem au grand
vicaire. Nous avons aussi un laissez-passer du roi de France pour nous rendre à
Toulouse.
    — Croyez-vous qu’un passeport vous protégera
de la sauvagerie de Brandin ? avait rétorqué le vicaire, avec une pointe
de raillerie.
    — Mais Brandin est en Normandie ! avait
objecté Guilhem.
    Comme Mercadier, Brandin était un capitaine de
routiers, mais à la différence du chef brabançon qui avait donné sa foi à
Richard avant de passer au service d’Aliénor, Brandin était un fidèle du roi
Jean.
    — Jean s’appuie désormais sur ses propres
féaux, avait expliqué le vicaire, et comme il se méfie de Mercadier, il l’a
envoyé en Aquitaine s’occuper de ceux qui affirment leur allégeance envers le
roi de France. Mais là-bas, Mercadier s’est allié à Morève de Malemort, le frère
de l’archevêque de Bordeaux. Morève est le chef d’une armée de trente mille
hommes jusque-là au service de Jean. Ensemble, ils ont mis le duché en coupe
réglée, pillant monastères et églises pour s’enrichir.
    — Dame Aliénor laisse faire ? s’était
étonné Locksley.
    — Dame Aliénor n’a pas d’armée, seigneur,
avait répondu le vicaire, désabusé. Quant à Brandin, il avait été nommé
gouverneur du Mans après que la ville eut été prise et pillée pour s’être
ralliée à Arthur. Depuis, riche de ses exactions, il est en route pour le
Périgord avec ses bandes. On dit qu’il veut en devenir sénéchal, au détriment
de Mercadier qui y possède ses fiefs. Sur son chemin, ses hommes mettent le
pays à sac, ravageant les cultures, pillant et incendiant maisons fortes et
villages. Aucune femme ou fille n’échappe à leur souillure. Ils pendent
vieillards et enfants, ne gardant vivants que ceux qui acceptent de servir dans
leur piétaille ou qui peuvent payer rançon.
    Le vicaire s’était signé après avoir prononcé ces
sinistres révélations.
    Robert de Locksley et
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