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L’impératrice lève le masque

L’impératrice lève le masque

Titel: L’impératrice lève le masque
Autoren: Nicolas Remin
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quelques centimètres plus bas, Tron aurait juste éteint les mèches. Mais là, le contenu du verre flamba et embrasa le visage de l’assassin. Haslinger n’avait pas menti : ce rhum brûlait comme du pétrole. Ses cheveux prirent feu sur-le-champ, sa tête fut entourée d’une aura de petites langues rouges puis il se transforma en torche humaine. Il s’était levé d’un bond et avait laissé tombé le revolver, essayant d’éteindre les flammes des deux mains.
    Sans prendre le temps de réfléchir, Tron poussa de toutes ses forces sur le rebord de la table qui vint percuter les cuisses de son adversaire en crissant contre le terrazzo 1 . Tout ce qui était posé dessus tomba par terre, y compris le pistolet. Comme Haslinger se penchait, Tron poussa à nouveau la table qui le percuta cette fois au visage, lui brisant le nez et l’os de la joue gauche. Le meurtrier s’écroula, les vêtements en feu, dans une affreuse odeur de chair brûlée. Il fut secoué par un dernier tressaillement, puis ne bougea plus.
    À ce moment-là, Tron perçut du coin de l’œil un mouvement sur sa gauche et entendit une expiration bruyante chargée de colère. Il se redressa et se retourna avec une rapidité dont il ne se serait plus cru capable. Devant lui, le géant tenait dans la main droite la statue de Marie. Son buste oscillait comme un serpent à sonnettes sortant de son panier.
    Le commissaire se recula de justesse pour éviter le coup. Il porta le bras à son visage, mais sa réaction venait une fraction de seconde trop tard. La statue lui frôla les cheveux et lui ouvrit l’arcade sourcilière gauche. Du sang jaillit comme d’une fontaine et il fut aveuglé pendant un instant.
    Il tomba à la renverse, roula sur lui-même en gémissant pour échapper au deuxième coup, mais fut à nouveau trop lent. Une terrible douleur lui envahit le côté droit quand le corps de la Vierge lui brisa des côtes. Il essaya de se relever, mais se cogna contre la chaise et s’effondra. Le coup suivant lui fracassa l’omoplate droite. Il hurla et rampa à l’aveuglette. Le sang qui coulait au niveau de son sourcil l’obligeait à cligner des yeux pour distinguer quelque chose.
    Soudain, il aperçut le revolver sous la table, à portée de main. Il tendit le bras et l’attrapa par la crosse. Puis il se retourna avec l’énergie du désespoir, leva l’arme et tira sans viser. L’écho dans la pièce ornée de boiseries fut assourdissant. La déflagration fit vaciller la flamme des bougies comme si l’on avait ouvert une fenêtre. Une odeur de poudre qui prenait à la gorge se répandit dans l’air.
    La balle avait pénétré dans la poitrine du géant et l’avait stoppé en plein élan comme s’il avait buté contre un obstacle invisible. Il tituba, pencha vers l’avant tout en battant des bras en arrière comme quelqu’un qui ne sait pas nager et essaie de rester à la surface de l’eau, puis finit par tomber sur le dos. Le choc contre le sol fit trembler la pièce. Son regard, qui exprimait la surprise, se fixa au plafond et ne le quitta plus.
    Le commissaire se traîna jusqu’à la porte. Une fois sur le palier, il parvint à se remettre debout en plaquant son dos contre le mur et en prenant appui sur ses mains. Il respirait avec difficulté, tête baissée. Il se mit à vomir. Tout son corps se crispait par à-coups, et à chaque fois, une douleur intenable lui traversait la cage thoracique. Puis il se sentit mieux. Ses côtes cassées lui faisaient toujours aussi mal, mais il avait la tête plus claire. Il espérait avoir recraché une partie de l’alcool.
    Il s’avança en boitant vers l’escalier et commença tant bien que mal à gravir les marches. Au bout d’un moment, qui lui parut une éternité, il arriva en haut. Il se trouvait dans un couloir faiblement éclairé par une suspension, aux murs couverts de toutes sortes d’armes. Ce corridor ressemblait plutôt à une galerie de mine bouchée pendant des siècles. Le cri qu’il avait entendu à son arrivée semblait provenir d’une pièce sur la droite. Il s’approcha clopin-clopant de la première porte et appuya sur la poignée.
    1 - Mortier composé de débris de marbre et de pierre, poli après la pose. ( N.d.T. )

57
    Il entra dans une pièce aveugle aux murs couverts de miroirs. Les guirlandes de fleurs qui ornaient les cadres dépassaient un peu de sorte qu’on aurait dit que des plantes grimpantes envahissaient les glaces. Le seul meuble de
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