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L’impératrice lève le masque

L’impératrice lève le masque

Titel: L’impératrice lève le masque
Autoren: Nicolas Remin
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repris son souffle, la panique qui lui martelait jusque-là les tempes avait disparu. Pour le moment, au moins, il avait à nouveau les idées claires.
    À vrai dire, il savait aussi que l’effet ne serait pas de longue durée. Il avait bien trop peu dormi et n’avait presque rien mangé dans les douze dernières heures. Il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’il soit ivre mort. Combien de temps lui restait-il ? Un quart d’heure ? Une demi-heure ? Cela dépendait évidemment de la quantité d’alcool qu’il serait contraint d’ingérer. Dès le deuxième verre, le rhum le mettrait K.O. comme un coup de punching-ball et Haslinger n’aurait même plus besoin de l’abattre.
    Devait-il essayer de se pencher à toute vitesse et lui envoyer le chandelier à la tête ? Ou le frapper avec la bouteille, reprendre son revolver et ensuite menacer le géant… ? C’était absurde. Cela ne marcherait jamais. Haslinger se reculerait en riant. C’était exactement ce qu’il lui fallait pour s’amuser avant d’appuyer sur la détente.
    — Que voulez-vous préciser ?
    — Qu’à partir d’un certain moment, je n’avais plus le choix.
    — À partir de quand ?
    — De la mort de la jeune femme.
    L’assassin se tut en fixant la nappe, puis reprit sur un ton brusque :
    — Je ne voulais pas la tuer, commissaire. Ce fut plus ou moins un… accident. Mais après, il fallait bien que je m’en défasse. Dans le couloir, j’ai aperçu une porte ouverte. Tout d’abord, j’ai cru que c’était une cabine inutilisée, mais ensuite, j’ai découvert un corps sur le lit. Avec deux trous dans la tempe. C’était si irréel que je ne me suis même pas demandé qui avait tiré. Au moins cette cabine constituait-elle le lieu idéal pour me débarrasser du cadavre.
    — Saviez-vous que le conseiller avait dans sa cabine des papiers que Pergen voulait à tout prix se procurer ?
    — Non, répondit-il en ricanant. Mais Pergen fut assez sot pour me le dire ! Il m’a expliqué en détail de quoi il retournait et qu’il était fichu si jamais ces documents tombaient en de mauvaises mains.
    — Mais vous saviez qu’il était corrompu, quand même ?
    — Bien entendu. Mais je ne connaissais pas les détails et je n’avais pas de preuves.
    — Le colonel voulait que vous lui donniez les papiers ? Exact ?
    — C’est cela. Il m’a proposé un marché. Il me couvrait, et en échange, je lui donnais les documents.
    Il hésita un instant, puis reprit :
    — C’était du chantage.
    — Donc, vous avez été obligé de faire comme si vous les aviez ?
    — Oui. Sauf qu’il se doutait que je mentais. Sinon il n’aurait pas lancé de recherches.
    — Vous deviez donc vous attendre à ce qu’il trouve les documents quelque part ?
    L’ingénieur fit un signe de la tête.
    — En effet. Le cas échéant, le danger était pour moi que Pergen…
    — … vous crée des difficultés, lui coupa-t-il la parole.
    — Des difficultés considérables ! Je ne pouvais en aucun cas courir ce risque. Quand il a arrêté la femme de ménage, jeudi, j’ai tout de suite su que je devais agir.
    — Quelle femme de ménage ?
    — Vous n’êtes pas au courant ?
    Tron secoua la tête. L’assassin rit.
    — C’est la femme de ménage qui avait emporté les documents ! Elle a essayé de le faire chanter. Dès lors, Pergen savait que je n’avais pas les papiers.
    — Et par conséquent, il devait disparaître.
    Haslinger haussa les épaules d’un air désolé.
    — Je ne pouvais pas exclure qu’il me fasse trancher la tête. D’ailleurs, cela vaut également pour vous, ajouta-t-il. Je suppose que vous savez pourquoi j’ai été contraint de le tuer chez vous ?
    — Pour orienter les soupçons sur moi. Pour que ce soit moi qu’on arrête. Parce qu’on se méfie de mes convictions politiques.
    — Exact ! Mais votre arrestation ne suffisait pas. On vous aurait intenté un procès et vous auriez parlé. Vous voyez, votre arrestation n’était – disons – qu’une étape intermédiaire.
    Il souriait avec complaisance.
    — Avez-vous vraiment cru que c’était un hasard que la lucarne de votre prison soit ouverte ?
    Tron sentit la chaleur lui monter au visage.
    — Vous voulez dire que c’est vous qui… ?
    Haslinger hocha la tête.
    — Le lieutenant Bruck me devait depuis longtemps un petit service. Il vous a donc fait conduire dans une cellule d’où vous pouviez sortir. Je me doutais que vous courriez aussitôt au palais de la princesse.
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