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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance
Autoren: James Fenimore Cooper
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celui qui les portait. Sur ses épaules était une balle médiocrement remplie, et c’était ce qui avait donné le change sur sa profession. Après s’être réciproquement salués, les deux jeunes officiers lui témoignèrent leur surprise de voir un homme de son âge se hasarder à traverser le fleuve si près de la cataracte, et il leur demanda avec un léger tremblement dans la voix des nouvelles des armées.
    – Nous avons battu l’autre jour les habits rouges au milieu des grandes herbes des plaines de Chippewa, et nous les avons fait courir jusqu’ici en les fouettant comme une toupie, répondit le jeune officier qui se nommait Mason ; depuis ce temps, mon vieux, nous jouons à cache-cache avec eux. Mais à présent nous retournons d’où nous sommes partis, secouant la tête et fiers comme le diable.
    – Vous avez peut-être un fils parmi nos soldats, dit son compagnon d’un air plus rassis, et avec un ton de bonté. Si vous voulez me dire quel est son nom et à quel régiment il appartient, je pourrai peut-être vous conduire vers lui.
    Le vieillard secoua la tête, et passant la main sur ses cheveux blancs, il leva un moment les yeux vers le ciel avec un air de résignation, et répondit avec douceur :
    – Non, je suis seul dans le monde.
    – Capitaine Dunwoodie, s’écria Mason avec une gaieté insouciante, vous auriez dû ajouter : si vous pouvez le trouver ; car plus de la moitié de notre armée est en marche, et est peut-être déjà sous les murs du fort George, autant qu’on peut le croire.
    Le vieillard s’arrêta tout à coup, et regarda alternativement et avec attention les deux jeunes officiers. Ceux-ci s’en étant aperçus, s’arrêtèrent également.
    – Ai-je bien entendu ? dit enfin le vieillard en levant la main pour mettre ses yeux à l’abri des rayons du soleil couchant. Comment vous a-t-il nommé ?
    – Je me nomme Wharton Dunwoodie, répondit le jeune officier en souriant.
    Le vieillard fit un geste comme pour le prier d’ôter son chapeau ; le jeune homme y consentit, et ses cheveux blonds et fins comme la soie, flottant au gré du vent, exposèrent toute sa physionomie aux regards curieux et attentifs de l’étranger.
    – C’est comme notre pays natal ! s’écria le vieillard avec une vivacité qui surprit les deux amis ; tout y marche en s’améliorant avec le temps. Dieu les a bénis tous deux.
    – Pourquoi ouvrez-vous ainsi de grands yeux, lieutenant Mason ? demanda le capitaine Dunwoodie en riant et en rougissant un peu. Vous avez l’air plus étonné que vous ne l’avez été en apercevant la cataracte.
    – Oh ! la cataracte, c’est un spectacle qu’aimeraient à voir au clair de lune votre tante Sara et ce joyeux vieux garçon le colonel Singleton. Mais il faut autre chose pour causer de la surprise à un gaillard comme moi, et ce vieillard vous regarde d’un air si extraordinaire.
    L’émotion de l’étranger s’était dissipée aussi promptement qu’elle s’était montrée, mais il semblait écouter cette conversation avec beaucoup d’intérêt. Dunwoodie interrompit son ami, et lui dit d’un ton un peu grave :
    – Allons, allons, Tom, point de plaisanterie sur ma bonne tante, je vous prie. Elle est pleine de bontés et d’attentions pour moi, et il court un bruit que sa jeunesse n’a pas été très-heureuse.
    – Si nous en sommes sur les bruits, dit Mason, il en court un dans Accomac. On prétend que le colonel Singleton lui demande sa main régulièrement tous les ans le jour de la Saint-Valentin, et il y a des gens qui ajoutent que votre vieille grand’mère favorise ses prétentions.
    – Ma tante Jeannette Peyton ! dit Dunwoodie en riant ; je crois qu’elle ne pense plus guère au mariage, sous aucune forme, depuis la mort du docteur Sitgreaves. On prétendait autrefois qu’il lui faisait la cour, mais tout s’est borné à des civilités réciproques. Je présume que toute cette histoire a pris sa source dans l’intimité du colonel Singleton avec mon père. Vous savez qu’ils ont servi dans le même régiment de dragons ainsi que votre père.
    – Sans doute, je sais tout cela ; mais vous ne me ferez pas croire que le vieux garçon aille si souvent chez le général Dunwoodie uniquement pour s’entretenir avec lui de leurs anciens faits d’armes. La dernière fois que j’étais chez vous, cette femme de charge de votre mère, cette vieille à nez jaune et pointu, me fit entrer dans
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